Décès d’Adil : une nouvelle pièce au dossier évoque l’attitude raciste d’un des policiers
Nouveau rebondissement dans l’affaire Adil Charrot, ce jeune bruxellois décédé après une course-poursuite avec la police, il y a 3 ans. La Chambre du conseil ne tranchera pas avant septembre prochain. Les parties ont en effet réclamé des devoirs d’enquête complémentaire. Une nouvelle pièce a en effet été versée au dossier, faisant état de propos racistes tenus par l’un des policiers impliqués.
C’est le témoignage d’une fonctionnaire de la zone de police Bruxelles-Midi qui fait maintenant partie du dossier relatif au décès d’Adil. Celle-ci a évoqué des propos répréhensibles tenus par l’un de ses collègues inspecteurs, l’un des trois policiers inculpés dans cette affaire. “L’inspecteur principal a tenu des propos racistes par rapport au jeune Adil. Il m’est également revenu de ses hommes que ce dernier se vantait d’en avoir sorti un de la rue par rapport à la mort du jeune Adil. Il se serait également vanté d’avoir déjà tué“, a déclaré la fonctionnaire, tel que rapporté par la RTBF et Le Soir.
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De plus, un rapport administratif, rédigé par cette fonctionnaire et d’autres de ses collègues, a été adressé au directeur opérationnel de la zone de police Bruxelles-Midi. Il fait état de comportements xénophobes, racistes et sexistes de la part de ce policier à l’encontre des membres de son équipe. Jurgen De Landsheer, le chef de corps de la zone de police Bruxelles-Midi, a déclaré à la RTBF et au Soir que l’intéressé “a été déplacé en février 2023 dans un autre service et n’a plus posé de problème depuis“.
La porte-parole de la zone, Sarah Frederickx, a précisé mercredi que ce policier “a entamé le 1er février 2023 un stage d’intégration au sein d’un autre service de la zone, où il occupe une fonction d’encadrement des ‘shifts’, à la satisfaction tant de son supérieur que de ses collaborateurs directs” dont un grand nombre sont d’origine étrangère, selon la porte-parole. “L’information selon laquelle l’intéressé se laissait aller à des déclarations à caractère potentiellement raciste ou sexiste avait été transmise à la direction du service interventions afin de s’enquérir de la situation“, a détaillé la porte-parole.
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“Un entretien avait ensuite eu lieu entre l’intéressé et la direction du service en question le 30 novembre 2022. De cet entretien, il était ressorti que le langage de monsieur n’était plus adapté aux oreilles contemporaines. Aucune intention raciste ou sexiste ne se dégageait de son comportement. L’intéressé avait alors été enjoint de modérer son langage, de faire preuve d’empathie et de prendre conscience que ce qui était moralement ou socialement acceptable par le passé ne l’était plus aujourd’hui. Il avait entendu, avait intégré ce message et avait adapté son comportement.”
La porte-parole de la zone de police Bruxelles-Midi a ajouté qu’elle “déplore que deux affaires différentes – une enquête en interne et l’accident dans lequel Adil a perdu la vie – soient mélangées“. Les deux affaires “n’ont rien à voir l’une avec l’autre et cet amalgame crée de réels risques pour la sécurité de nos collègues“, a-t-elle dit.
Me Sven Mary, l’avocat du policier, a demandé à la chambre du conseil que de nouveaux devoirs d’enquête soient réalisés afin de vérifier la crédibilité de ce nouveau témoignage versé au dossier.
Le 10 avril 2020, Adil, un jeune homme de 19 ans, avait fui, sur son scooter, une patrouille de police qui voulait le contrôler, place Docteur De Meersman à Anderlecht. Il avait percuté de plein fouet une voiture de police qui arrivait en renfort, sur le Quai de l’Industrie, et est décédé des suites de ses blessures. Trois policiers ont ensuite été inculpés pour homicide involontaire, discrimination, non-assistance à personne en danger et coalition de fonctionnaires. En novembre 2020, le parquet de Bruxelles avait annoncé qu’il demanderait le non-lieu en chambre du conseil à l’encontre de ces policiers.
Avec Belga
■ Reportage de Thomas Dufrane, Loïc Bourlard et Pierre Delmée