Les dominos de Good Move, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito l’effet domino de Good Move suite à la suspension du plan dans plusieurs communes bruxelloises.
Deux mois, c’est le temps qu’aura duré le test Good Move dans la commune de Jette. Le collège échevinal a décidé aujourd’hui de mettre un terme à l’expérience. Les filtres de circulation sont donc levés. La suite du dispositif, avec des sens interdits, est gelée jusqu’à nouvel ordre.
À Jette, plus précisément dans le quartier Lecharlier, l’installation du plan Good Move n’aura donc pas été plus facile qu’à Anderlecht. Contestation, protestation, riverains qui tentent de déplacer les barrages mis en place. Cela n’a pas été aussi virulent et aussi violent qu’à Anderlecht, mais on a quand même senti clairement qu’une partie de la population n’adhérait pas au projet. Le collège communal a donc préféré en rester là plutôt d’attendre que les choses s’enveniment.
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Si on entre dans le détail de ce qui crispe les Jettois, il semble que cela soit principalement deux filtres, l’un sur la chaussée de Jette au niveau du square Amnesty International et l’autre au carrefour des rues Lecharlier et de Moranville. Ces filtres avaient pour objectif de décourager le trafic de transit. Visiblement, la chaussée de Jette, qui est un axe pénétrant, ne sert pas que pour le trafic de transit, il sert aussi pour les Jettois. C’est donc cette réalité-là que le collège échevinal a voulu prendre en compte en écourtant l’expérience.
Quand on dit le collège échevinal, ce n’est pas tout à fait exact. Les deux élus écologistes de ce collège étaient contre cette décision. Ils l’ont d’ailleurs publiquement déploré qu’on démantèle le plan de mobilité avant même d’en avoir fait l’évaluation. Faute d’accord dans la majorité communale, les échevins jettois sont donc passés au vote. La liste du bourgmestre, d’inspiration engagée, et le MR, souhaitaient qu’on arrête, Écolo a été isolé : 7 voix contre deux, le plan est donc temporairement retiré, même s’il faisait, c’est vrai, partie de l’accord de majorité. Il y a donc des craquements dans la majorité, mais si pour l’instant personne ne menace de s’en aller.
Évidemment, on ne peut pas regarder ce qui se passe à Jette sans avoir en mémoire ce qui s’est passé à Anderlecht. À Jette, il y a deux pétitions qui circulent et devraient arriver au conseil communal sous forme d’interpellation citoyenne : l’une favorable au plan Good Move, et l’autre qui demande son retrait. La seconde, à ce stade, réunit beaucoup plus de signatures que la première. Même s’il y a une majorité silencieuse qui ne s’exprime pas, c’est assez logique que dans une commune les échevins ne passent pas en force lorsqu’ils sentent qu’une majorité de citoyens se dresse contre un projet.
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Si on prend un peu de hauteur, les partisans de Good Move ont tout intérêt à le faire, il est donc clair qu’il y a un problème de sensibilisation et d’adhésion dans un certain nombre de mailles Good Move. Les sites internet, les courriers, cela ne suffit pas. Les réunions de quartier où l’on est qu’une dizaine non plus. Il va falloir faire du porte-à-porte et avoir des réunions réellement représentatives si on veut démontrer que le plan dispose d’une base démocratique solide. En attendant, la plupart des bourgmestres de la capitale seront tentés d’appuyer sur pause. C’est l’effet domino de la révolte de Cureghem que les 18 autres communes n’ont évidemment pas envie de reproduire.
Enfin, dernier élément de réflexion : il va falloir réfléchir à la notion de trafic de transit. Théoriquement, l’expression vise les navetteurs. Un Bruxellois qui rentre chez lui ou part travailler n’est pas un navetteur. Si on emploie le terme de filtre, il faut qu’il y ait un passage possible, notamment pour les riverains. Jusqu’à présent, les filtres étaient plutôt des barrages qui ne laissaient rien passer. Si on veut sauver le projet Good Move, il va falloir y remédier.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley