Poubelles : réforme sensible, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce jeudi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la réforme des collectes de sacs-poubelles, dont le plan propreté présenté par le ministre compétent, Alain Maron (Ecolo).
Une collecte par semaine, et un sac orange désormais obligatoire. En annonçant une réforme du ramassage des déchets, le ministre de la propreté Alain Maron s’attaque à un gros morceau. Le genre de décision qui peut politiquement être explosive.
Les changements sont donc annoncés pour le 1er mai de cette année. À partir de ce moment-là, le sac orange deviendra une obligation pour tout le monde. Les déchets alimentaires ne pourront donc plus aller dans le sac blanc. Pour une majorité de Bruxellois, c’est une évolution majeure. Nos déchets alimentaires représentent encore 40 % du contenu des sacs blancs. Ce sont des milliers de tonnes qui vont ainsi passer d’un sac à l’autre dans le but de pouvoir être recyclés.
Mine de rien, l’enjeu est colossal. En 2020, 56 % des déchets collectés par Bruxelles-Propreté partaient à l’incinérateur. Plus de la moitié donc. Sur les 122 000 tonnes collectées, il y en avait qu’un peu plus de 20 000 qui se trouvaient dans les sacs verts ou oranges, des déchets qu’on pouvait réellement recycler pour en faire du compost par exemple. On peut faire mieux c’est sûr. Et pour Bruxelles-Propreté, la première étape se trouve chez le citoyen, dès le moment où nous sortons nos poubelles sur le trottoir.
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À côté du sac blanc, du sac bleu, du sac jaune et éventuellement du sac vert, nous aurons donc désormais l’obligation d’avoir un sac orange. L’idée générale est que le sac blanc est amené à sérieusement diminuer. La plupart des déchets plastiques doivent rejoindre le sac bleu, vos restes de pizza ou de cuisses de poulet seront pour le sac orange. Sac lancé en 2017, mais qui n’a pas encore le succès que ses promoteurs espéraient.
L’autre grande nouveauté, c’est le nouveau calendrier de ramassage. Avec un seul passage par semaine. Là aussi un vrai changement d’habitude. On commencera par une dizaine de communes, celles qui sont les moins densément peuplées, cette année. On se donnera le temps d’une évaluation avant d’aller plus loin. Comprenez que pour les quartiers densément peuplés, comme le centre de Bruxelles, Saint-Josse, Molenbeek, Schaerbeek, Ixelles, il n’y aura aucun changement avant les élections de 2024. Et petite précision importante : on ne change rien à ce stade en ce qui concerne les habitats collectifs, les immeubles à appartement qui dispose de conteneurs collectifs.
Cette réforme, elle va donc se faire en deux temps et avec une certaine prudence. On comprend très bien pourquoi. Changer nos habitudes en matière de déchets prend du temps et va probablement se heurter à de vives protestations. Garder son sac une semaine entière, c’est s’exposer à des mauvaises odeurs si on n’est pas un minimum équipé ou organisé. En 2015, Fadila Laanan, qui avait aussi envisagé de passer à une collecte par semaine en 2015, en avait fait l’amère expérience lorsqu’elle avait indiqué, c’était sur BX1, que les Bruxellois apprendraient à choisir le bon jour pour manger du poisson. Le tollé avait été général et la réforme avait été retirée.
Avec cette réforme, Alain Maron joue gros. Il va devoir convaincre les consommateurs, mais aussi les bourgmestres du bien-fondé de sa réforme. Il va aussi devoir s’assurer de la collaboration du personnel de Bruxelles-Propreté, qui n’est pas le service public le plus simple à gérer. C’est donc un dossier extrêmement sensible. Mais c’est aussi, après la crise du Covid et la crise de l’énergie, une occasion unique pour le ministre de l’Environnement de reprendre la main sur une thématique qui est chère aux écologistes, et où pour une fois, c’est le politique et pas des évènements extérieurs qui décident du tempo.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley