Piqûres sauvages : des plaintes mais pas de preuves toxicologiques à l’heure actuelle
En mai et juin, les plaintes et témoignages se sont accumulés aux quatre coins de la capitale en raison de piqûres sauvages lors de soirées et manifestations diverses. Mais selon une première enquête de l’observatoire bruxellois de la prévention et de la sécurité (OBPS), aucune preuve toxicologique n’a encore pu confirmer l’administration de drogue via ces piqûres.
Si le phénomène était jusqu’ici surtout signalé au Royaume-Uni, la Belgique a connu une vague de piqûres sauvages, le “needle spiking”, particulièrement en mai et en juin. Des agresseurs réaliseraient en effet des piqûres en toute discrétion pour injecter des produits grâce à une aiguille hypodermique. Plusieurs personnes ont ainsi indiqué avoir été victime de ce “needle spiking”, notamment lors d’un festival à Hasselt ou un match de football à Malines, mais le phénomène a également touché récemment la Région bruxelloise.
Comme l’indique La Capitale ce mardi, l’observatoire bruxellois de la prévention et de la sécurité (OBPS) a fait un premier état des lieux du phénomène en Région bruxelloise, dans un papier publié le 6 juillet 2022. Trois cas de piqûres sauvages ont ainsi été rapportés par les asbl Belgian Pride et RainbouwHouse Brussels lors de la Belgian Pride, qui a eu lieu le 21 mai dernier. Aucune des trois victimes n’a rapporté d’agression ou de violence sexuelle lors ou après cette piqûre et l’une des victimes dit avoir ressenti des effets secondaires comme des maux de tête et de la fatigue.
Huit plaintes à la police
Au niveau de la police, justement, trois plaintes ont été enregistrées à la zone Marlow (Uccle/Watermael-Boitsfort/Auderghem) : les trois faits ont été commis dans un cadre de consommation d’alcool et sans certitude sur le fait qu’il s’agissait de piqûre, faute de trace et d’analyse toxicologique probante. Trois autres plaintes ont été signalées à la zone de Bruxelles Nord (Schaerbeek/Evere/Saint-Josse-ten-Noode) : deux lors de la Belgian Pride et une lors d’un fait de vol avec violence. Cette dernière victime a été attaquée dans le métro par quatre jeunes. Celle-ci dit avoir ressenti une piqûre dans son bras après l’attaque dans un wagon vide du métro et s’être réveillée, plus tard dans la nuit, sur le banc d’une station de métro, sans son sac, son téléphone et son portefeuille.
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Dans les zones de police de Bruxelles Ouest (Molenbeek-Saint-Jean/Berchem-Sainte-Agathe/Ganshoren/Jette/Koekelberg) et de Bruxelles Capitale-Ixelles, un seul fait a été signalé dans chacune d’entre elles. Aucune plainte n’a été enregistrée dans la zone Montgomery (Etterbeek/Woluwe-Saint-Lambert/Woluwe-Saint-Pierre) et dans la zone Midi (Forest/Anderlecht/Saint-Gilles).
L’enquête indique que le phénomène récent fait que les informations sont limitées. “Au Royaume-Uni, plus d’un millier de cas ont déjà été rapportés, mais aucune preuve toxicologique ou médicale n’a jamais été trouvée. (…) En Belgique non plus, aucune preuve toxicologique n’a encore été trouvée”, explique l’observatoire. “Étant donné qu’aucune drogue n’a jusqu’à présent été retrouvée dans le corps des victimes, les substances qui seraient administrées sont elles aussi inconnues et il n’y a pas de recherche scientifique internationale à leur sujet”, précise-t-il.
“Les craintes ne doivent pas être ignorées ou minimisées”
L’observatoire pointe toutefois qu’il ne faut pas minimiser ce phénomène, vu les nombreuses publications qui circulent sur les réseaux sociaux et les nombreux articles qui ont fait état du “needle spiking” en Belgique. “La problématique reste réelle : utiliser un objet pointu pour susciter la peur, par exemple, est un fait très grave. Un signal clair doit donc être donné que de tels actes ne resteront pas sans conséquence. Il est également important que les craintes réelles des jeunes ne soient pas ignorées ou minimisées“.
L’OBPS donne également quelques recommandations pour mieux faire face à ce phénomène. Notamment le fait de “ne pas faire porter la responsabilité des faits à la victime et de ne pas la surcharger avec des mesures de sécurité supplémentaires à prendre. Il est également important de ne pas susciter la panique et la peur chez les victimes potentielles”, via des campagnes de sensibilisation notamment. L’OBPS propose par ailleurs que les personnels de bars et de sécurité soient mieux formés pour aider les victimes potentielles, en les prenant au sérieux : “Il s’agit de ne pas exagérer le phénomène, sans pour autant donner l’impression que les victimes ne sont pas prises au sérieux. Il faut donc aussi prêter attention à leurs récits, auxquels les jeunes attachent de l’importance. Et étant donné que les jeunes n’ont pas toujours confiance dans les médias classiques, dont les articles sont, de surcroît, souvent payants, il convient de s’efforcer de les atteindre via les réseaux sociaux ou d’autres canaux qu’ils utilisent“.
► Découvrez l’état des lieux complet dressé par l’OBPS en cliquant ici
Gr.I. – Photo : illustration PikWizard/Authentic Images