La ministre Bénédicte Linard propose la gratuité des crèches pour les familles modestes

Ce vendredi, la ministre en charge de la petite enfance,Bénédicte Linard (Ecolo) dépose sur la table du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, une note d’orientation pour rendre les milieux d’accueil publics subventionnés plus accessibles et moins chers pour les parents qui ont des revenus moyens ou plus faibles. Pour certains, cela pourrait même devenir gratuit.

La ministre Ecolo de la Fédération Wallonie-Bruxelles propose la gratuité de la crèche ou à une accueillante subventionnée pour les ménages dont le revenu imposable est inférieur à 20 000 euros par an (plus ou moins 1 300 euros par mois). Elle veut aussi diminuer les coûts de garde d’enfant pour les familles aux revenus moyens et modestes.

Dans un souci de justice sociale, le nouveau système se base désormais sur le revenu imposable qui se trouve sur l’avertissement-extrait de rôle, englobant tous les revenus, et plus sur le salaire net mensuel. Il y aurait une réduction visible du prix d’une place d’accueil par rapport à ce qui est aujourd’hui demandé pour les parents qui ont des revenus nets jusqu’à 4300 euros par mois.

5 000 places d’ici 4 ans

La Fédération Wallonie-Bruxelles ne devra pas mettre la main au portefeuille, c’est un système de rééquilibrage dont Bénédicte Linard explique les objectifs : “Il faut que plus d’enfants aient accès à des places d’accueil de qualité. Il y a des kilomètres, listes d’attente, c’est parfois trop cher… L’objectif est de créer plus de 5000 places d’ici à 4 ans et de jouer sur la participation financière des parents avec le prix que payent les familles. L’objectif de diminuer le prix pour la majorité des familles jusqu’à atteindre la gratuité pour les plus bas revenus“.

Actuellement, la participation des parents dans le prix de la crèche (publique) correspond à maximum 11 % du salaire net peu importe le revenu :On rééquilibre le prix pour les familles qui sera beaucoup plus progressif.

La politique d’accueil des petits est un levier important pour la participation des femmes au marché du travail, en particulier les mamans seules. À Bruxelles, 11,6 % des familles (soit environ 65 000 ménages) sont composées d’un seul parent. Dans 80 % des cas, il s’agit d’une maman seule avec des enfants. Statbel a récemment recensé que plus de 41 % des familles monoparentales sont exposées à des fins de mois difficiles, contre 8 % des ménages composés de deux adultes et deux enfants.

Il reste que la majorité des parents se retrouvent plutôt dans le niveau de revenu moyen de la population active, autour de 2 500 euros net par mois par ménage. Pour un mois, le coût passerait de 280 euros à 150 euros.

Ligue des Familles : “D’abord améliorer l’accessibilité”

Damien Hachez, chargé d’étude à la Ligue des familles, applaudit la proposition, mais regrette que le coût pèse sur d’autres familles. “Il s’agit d’une mesure qui vise à garantir une plus grande équité dans l’accès aux milieux d’accueil. On sait que globalement, les crèches sont plus utilisées par les ménages qui ont des revenus plus importants. Il était important de favoriser l’accès aux ménages les moins aisés financièrement. Toutefois, cela ne doit pas se faire en pénalisant les autres ménages qui ont d’autres situations, d’autres charges, crédits, frais d’éducations, … et qui ont des revenus supérieurs à 4300 €, ce qui ne reste pas très élevé. C’est regrettable que ça se fasse en pesant sur le budget d’autres familles.

Selon la Ligue des familles, la solution est de financer l’accès à l’aide de moyens publics : “C’est un droit de l’enfant, malgré la création de places annoncées, cela reste difficile pur de nombreux parents de trouver de la place en crèche. C’est ce premier pilier qu’il faut améliorer et aussi l’accessibilité pour l’ensemble des familles en centrant l’attention sur les ménages aux conditions de vie difficiles. ”

La Ligue des familles tient cependant à préciser ne connaît pas précisément la proposition avancée par la ministre, l’organisme l’étudiera afin de pouvoir réagir plus en détail.

La note d’orientation sera, elle, d’abord débattue entre partenaires du gouvernement dans le but de la décliner et la tester. Le ministre-président de la FWB Pierre-Yves Jeholet s’est pour sa part étonné d’apprendre cette réforme dans la presse, dit-il à l’agence Belga : “Nous désirons tous augmenter l’offre de places dans les crèches et trouver le prix le plus juste, mais la gratuité n’existe pas, cela n’a jamais existé, il y a toujours une personne qui la paie. Il ne faudrait pas que, demain, la classe moyenne, des travailleurs qui sont déjà fortement impactés par la crise énergétique, se voit amputée encore un peu plus de son pouvoir d’achat par cette fausse gratuité.”

Anaïs Corbin