Une dose de biodiversité dans la ville, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito le rapport de la Commission biodiversité.
Quelle doit être la place de la biodiversité en Région bruxelloise ? C’est la question à laquelle s’attaquait une commission délibérative mise en place par le Parlement bruxellois. Les conclusions de cette commission seront rendues ce soir.
Parler de biodiversité dans une grande agglomération comme Bruxelles, ça peut à priori sembler contre intuitif. La ville par définition, c’est l’opposé d’une zone naturelle. Un espace domestiqué, utilisé, bétonné par l’espace humaine qui l’a donc aménagé pour faciliter ses activités : transports, logements, nourriture, productions diverses. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aurait plus de biodiversité du tout. Dans une grande ville comme Bruxelles, la forêt de Soignes, le Bois de la Cambre, les parcs et certaines zones naturelles protégées sont des espaces de biodiversité.
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Cette question de protection, ou de promotion de la biodiversité en ville, c’est une nouveauté dans notre débat public. Cette préoccupation n’existait pas, ou en tout cas pas avec la même acuité, il y a encore 20 ou 30 ans. Mais que ce soit autour du marais du Wiels, de la friche Josaphat, du champ des Cailles, de Neerpede, on a pu assister ces dernières années à toute une série de mobilisations citoyennes atour de ces questions. Parfois avec des motivations environnementalistes sincères. Parfois avec des arrières pensées, où il ne s’agit pas tant de protéger la bio diversité que de s’opposer aux projets qui pourraient remplacer les espaces menacés.
Parce qu’on va le dire franchement, il y a parfois une certaine hypocrisie à vouloir assurer la promotion de la biodiversité en ville… et dans le même temps à défendre le droit de rouler aux hydrocarbures sans limitation, désirer garder des entreprises polluantes, parce qu’elles génèrent de l’emploi, conserver des activités de masse qui concentrent des foules immenses, vouloir éradiquer les renards ou les corneilles qui s’attaquent aux sacs-poubelles ou défendre l’utilisation de pesticides qui provoquent la mort des insectes ou des abeilles. Quand on porte la biodiversité en bandoulière, il vaut mieux être cohérent, même si la cohérence n’est pas toujours le point fort de l’espèce humaine.
Dans une grande ville, préserver des espaces de biodiversité a un certain nombre d’avantages : cela participe à la dépollution de l’air et la régulation du climat, en créant des espaces de fraicheur. Cela prévient le risque d’inondation, cela participe à l’apaisement des tensions en créant des zones tampons et des zones de détente entre les quartiers. Cela peut aussi avoir un intérêt pédagogique pour nos écoles, voire même dans des proportions limitées, un intérêt agricole avec des potagers ou de l’apiculture urbaine par exemple.
Ce mardi soir, on va donc connaitre les conclusions de la Commission délibérative sur cette question de la biodiversité. Il y aura une série de recommandations, qui, en théorie, devraient inspirer les politiques régionales des prochaines années. Mais on va déjà prévenir les plus enthousiastes.: il y aura forcément des déceptions. À Bruxelles, nous partons de plus loin que Copenhague, Amsterdam ou Stockholm. Nous avons des contraintes notamment en termes de logements qui sont incontournables. Et le fait que nous soyons une ville-région enclavée dans une autre Région ne nous donne pas toutes les clefs, on peut penser au ring par exemple, qui dépend de la Région flamande, ou à la vignette autombile intelligente bloquée par les autres régions. Il y a ainsi beaucoup d’obstacles. Mais les obstacles, ça n’interdit à personne d’avoir de l’ambition.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley