Petits paris mais gros enjeux, l’édito Fabrice Grsofilley
Ce lundi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito les paris sportifs et leur publicité.
Faut-il limiter l’accès aux jeux de hasard et aux paris sportifs ? Oui, estime le ministre de la Justice. Vincent Van Quickenborne veut interdire la publicité pour ces sites de paris en ligne. Une proposition, qui on pouvait le parier, a provoqué quelques remous.
Le point de départ de tous ces débats est celui d’un projet d’arrêté royal du ministre de la Justice, qui souhaiterait pouvoir fortement diminuer la publicité des jeux de hasards. Le constat du ministre est simple. 68% des Belges adultes jouent au moins une fois par an à un jeu de hasard. Pour une majorité d’entre eux, la pratique reste relativement sous contrôle, mais pour une partie d’entre eux, c’est une véritable addiction qui se développe. Les accros aux jeux de hasard y laissent 42% de leurs revenus. Et tous les dispositifs imaginés, comme le fait d’être sur une liste de personnes interdites de jeux, ne suffisent pas à endiguer le phénomène.
Ces jeux de hasard sont en pleine extension. La pandémie de Covid-19, pendant laquelle les agences de paris ont été fermées, n’a aucunement ralenti le processus. Ce sont les paris en ligne qui se sont multipliés et particulièrement chez les plus jeunes. Dans ce domaine des paris en ligne, 7 joueurs sur 10 ont moins de 40 ans, 4 sur 10 ont même moins de 26 ans. En théorie, les moins de 18 ans ne peuvent par jouer. Ce que veut le ministre de la Justice, c’est d’interdire la publicité pour ces sites en lignes. Cela concerne les spots à la télévision et à la radio, mais aussi les affiches, la pub sur les réseaux sociaux ainsi que les SMS ou les emails publicitaires.
Il y a au moins un président de parti qui a jugé que cette proposition était excessive. C’est Georges Louis Bouchez, le Président du MR qui a estimé que c’était une mesure excessive qui va entraîner de grandes difficultés pour le secteur sportif. C’est même une très mauvaise réponse à un véritable enjeu qui risque de conduire les joueurs à se tourner vers le dark web. La position de Georges Louis Bouchez est peut-être influencée par le fait qu’il soit aussi président du club de football des francs borains, qui a justement deux sociétés de jeux de hasard parmi ses sponsors. La pro league partage d’ailleurs ses inquiétudes, elle estime que les sociétés de paris pèsent à peu près 12% des revenus du sponsoring dans le secteur du football.
Pour bien comprendre ce débat, il est sans doute utile de vous donner quelques chiffres. Le chiffre d’affaires de la loterie nationale en 2021 était de 1 milliard et demi. Celui des casinos est d’environ 300 millions. Il est très difficile de trouver un chiffre pour les paris sportifs, mais les estimations parlent d’approximativement 2 milliards, un chiffre qui sera encore dopé l’an prochain avec la coupe du monde de football. Et dernière précision importante : 20% des joueurs ont recours à des sites qui sont officiellement interdits en Belgique.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley