Des oeuvres de Jan Fabre, condamné pour harcèlement sexuel, doivent-elles être retirées du Parlement flamand ?
Les députés sont divisés sur la question.
Au coeur de l’une des salles du Parlement flamand, la Zuilenzaal, qui accueille notamment des réceptions et des présentations, trônent plusieurs sculptures suspendues, recouvertes de carapaces de scarabées : elles sont l’oeuvre de l’artiste flamand Jan Fabre… artiste condamné ce vendredi matin à une peine de prison avec sursis, pour des faits de harcèlement sexuel au travail et attentat à la pudeur.
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Alors, faut-il retirer ces sculptures de cet espace du Parlement flamand, situé rue de Louvain à Bruxelles ? L’idée est lancée ce vendredi par deux députées Vooruit : “maintenant qu’un juge a estimé que les faits reprochés à Jan Fabre sont établis et qu’il est condamné, cet artiste ne peut plus bénéficier d’un piédestal au Parlement flamand (…) Laisser pendre cette oeuvre serait un drôle de signal envers le nombreux Flamands et écoliers qui viennent visiter le Parlement“, estiment Katia Segers et Hannelore Goeman.
Vendredi, les Musées Royaux des Beaux-Arts avaient pris, eux, la décision de plonger son oeuvre dans le noir, le temps de sa condamnation. Le bourgmestre de Namur, Maxime Prévot (Les Engagés), lui, indiqué ne pas souhaiter faire enlever l’imposante tortue dorée installée à la Citadelle.
Open VLD, N-VA et CD&V peu favorables à l’idée
Interrogés par l’agence Belga, les autres partis de la majorité flamande ne sont pas favorables à l’idée : “comme ces oeuvres d’art ne glorifient pas l’homme, il me semble qu’elles peuvent rester (…) : une oeuvre est davantage qu’un artiste“, indique Willem-Frederk Schiltz, chef de groupe Open VLD.
Le libéral est rejoint par Wilfried Vandaele de la N-VA, qui estime qu'”il faut séparer l’oeuvre de l’homme : si on retire les travaux de Fabre, on devrait aussi commencer à vérifier les autres oeuvres dans le Parlement. Quand est-ce qu’on retire quelque chose ? Seulement quand l’artiste est condamné ?“. Le nationaliste propose néanmoins d’ajouter une mention aux oeuvres.
Une idée soutenue par Peter Van Rompuy, chef de groupe CD&V : “nous condamnons toute forme de violence sexuelle (…) mais l’oeuvre qui se trouve au Parlement peut rester si on y ajoute une indication bien visible, qui mentionne la différence entre l’oeuvre et l’artiste“. Les chrétiens-démocrates flamands souhaitent que la question soit soumise prochainement à la commission art du Parlement, composé d’experts du secteur.
ArBr avec Belga – Photo : Vlaams Parlement et Belga (archives)