Guerre en Ukraine : “Il ne sert à rien que le consommateur se rue dans les rayons des magasins”
La guerre en Ukraine a également des conséquences sur le secteur de la grande distribution. Après Colruyt et Lidl la semaine dernière, c’est au tour d’Aldi et potentiellement aussi de certains magasins Carrefour de limiter les quantités achetables de certains produits par client, dont l’huile et la farine, a-t-on appris lundi. Les supermarchés constatent en effet un pic de vente pour ceux-ci. Pierre-Alexandre Billiet, CEO de Gondola, spécialiste de la consommation alimentaire et non alimentaire, est venu faire le point sur la situation et sur l’évolution de notre consommation dans le 12h30 ce lundi.
“Aujourd’hui, il y a un malaise dans le secteur alimentaire vu le nombre de fluctuations qui existent, même s’il faut rappeler que la Belgique est quand même moins touchée que d’autres pays qui sont beaucoup plus dépendants des matières premières directement importées des régions de l’Ukraine et de la Russie“, explique-t-il.
Pas une crise, un changement
Dès lors, à quoi s’attendre dans les rayons de nos supermarchés à court et moyen terme ? “Nous ne sommes pas en crise“, estime Pierre-Alexandre Billiet. “La crise est quelque chose qui est limitée dans le temps. Aujourd’hui, nous sommes dans un malaise qui préexistait déjà avant la crise Covid.”
Selon le spécialiste, il ne sert donc à rien que le consommateur se rue dans les rayons des magasins. “Nous nous trouvons dans un changement. Acheter 5 ou 10 paquets de pâtes en plus ne sert à rien, c’est notre manière de consommer, de produire et de vivre qu’il faut changer“.
Quel impact sur les prix ?
En ce qui concerne les prix, une augmentation est inévitable, annonce Pierre-Alexandre Billiet. “À partir du moment où vous avez des marchés alimentaires qui sont fluctuants comme ils le sont aujourd’hui, vous allez avoir une augmentation des prix à hauteur de 15-20%. Est-ce grave ? Pas nécessairement. L’indexation des salaires va suivre partiellement et une autre manière de produire et de consommer va s’installer dans les mois et les années à venir. On va être invité à consommer d’une autre manière plutôt que de vider le rayon à court terme.”
Ce changement de la façon de consommer va-t-il dès lors aussi se refléter dans les rayons de nos supermarchés ? “Il faut savoir que le secteur de la grande distribution est un secteur très compétitif. Il va donc tout faire pour garder les prix bas le plus longtemps possible. L’initiative viendra surtout de la part du producteur qui, aujourd’hui déjà, commence à retirer certains produits pour ne pas vendre à perte. Cet impact arrivera à toucher les distributeurs à terme“.
■ Interview de Pierre-Alexandre Billiet, CEO de Gondola, au micro de Murielle Berck et Jim Moskovics