Petit Château : la situation des demandeurs d’asile s’est empirée depuis la crise ukrainienne

Ce mardi, plus d’une centaine de demandeurs d’asile attendent depuis plusieurs heures dans la file « des hommes seuls », devant le Petit Château. Parmi eux, des Irakiens, des Iraniens, mais aussi des réfugiés venus d’Ukraine.

Les forces de l’ordre avaient des difficultés à contenir la foule devant le Petit Château. Ils étaient nombreux à attendre, mais seule une trentaine d’entre eux peuvent entrer aujourd’hui. La frustration se fait sentir, ce n’est pas la première fois qu’ils se font refouler à l’entrée.

La situation est d’autant plus compliquée que de nouveaux demandeurs d’asile sont arrivés : ceux qui vivaient et travaillaient en Ukraine. Ils ont été refoulés au Heysel, parce qu’ils ne possèdent pas de passeport ukrainien. C’est le cas de Nathan, un Camerounais qui enseignait les mathématiques en Ukraine. Malgré le fait qu’il soit résident permanent, il doit venir au Petit Château : “Comme je suis un homme seul, et que je n’ai pas le passeport ukrainien, je suis la double victime“. Mais le réfugié des bombes comprend et reste patient : “Il y a des gens ici qui dorment là depuis deux semaines, donc je ne vois pas en quoi je suis plus légitime qu’eux” dit-il.

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Plusieurs ONG dénoncent ce temps d’attente, et selon elle, la situation s’est empirée depuis la crise ukrainienne. Sotieta Ngo, la directrice du Ciré, estime que “répondre à la vulnérabilité et aux besoins des personnes ukrainiennes, c’est une priorité, et ça doit être une priorité pour la Belgique, mais pas au détriment d’autres. Quand on mobilise des fonctionnaires dans un autre lieu, on affaiblit un dispositif qui est déjà défaillant, (…) ça veut dire qu’il y aura des personnes qui vont dormir à la rue alors qu’elles viennent d’Afghanistan et qu’elles devraient pouvoir introduire une demande d’asile“.

Pour apporter un petit peu de réconfort aux demandeurs d’asile qui attendent, des ASBL se sont mobilisées pour leur offrir du café, et de la nourriture.

Fin janvier, l’État belge a été condamné pour sa mauvaise gestion de l’asile et de l’accueil. Les ONG demandent donc une réaction immédiate des autorités fédérales.

■ Reportage de Camille Tang Quynh, Nicolas Scheenaerts et Pierre Delmée