Exécuter l’exécutif… Et après?, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce vendredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito l’exécutif des musulmans.

Entre le ministre de la Justice et l’exécutif des musulmans, il y avait déjà beaucoup de tensions. Mais, cette fois, on a franchi un cap supplémentaire avec une rupture en bonne et due forme. La question suivante : qui va demain représenter les musulmans ? 

Ce matin à la radio flamande Vincent Van Quickenborne a donc annoncé qu’il lançait une procédure de retrait de reconnaissance contre l’exécutif des musulmans. Précisément, il ne reconnaît plus la légitimité de cet organe pour officiel.  «  L’exécutif ne peut plus être un partenaire de discussion » estime le ministre, « l’organisation n’est pas représentative, on y voit une vieille génération qui a perdu tout contact avec les jeunes, c’est néfaste pour l’Islam moderne ». Et Vincent Van Quickenborne de pointer l’absence de femmes dans cette organisation. À court terme, le déclenchement de cette procédure va surtout avoir pour effet de suspendre le versement des 600 000 euros de subsides que recevait l’exécutif pour assurer son fonctionnement. C’est inacceptable, a réagi son président Mehmet Üstün, « il n’appartient pas au ministre, mais à la communauté musulmane de juger l’exécutif. »

Ce que reproche surtout Vincent Van Quickenborne à cet organisme, c’est son manque d’indépendance vis-à-vis d’États étrangers. Mehmet Üstün a été accusé par la sureté de l’Etat d’être lié à une mosquée extrémiste et jugé proche de l’AKP, le parti d’Erdogan. Salah Echallaoui, le président précédent, avait été accusé d’être très proche de l’état marocain. On ajoutera que l’exécutif lui-même, a tendu le bâton pour se faire battre : ses dirigeants s’attaquent en justice ou démissionnent régulièrement et les élections internes qui devaient renouveler l’assemblée ont plusieurs années de retard.

Il n’empêche que cette rupture, ne doit pas et ne peut pas, être le point final de l’histoire. À la différence d’autres cultes, il n’y a pas de clergé organisé pour l’islam. Aucun évêque ou cardinal qui pourrait faire autorité. Avec une multitude de courants qui ne facilitent pas la tâche, sunnite, chiite, turcophones, arabophone, modernistes ou moins modernistes comme les salafistes. Vincent Van Quickenborne ne doit pas oublier que l’Islam est aujourd’hui la deuxième religion du pays. Elle concerne entre 5 et 7% de la population, ce qui ferait en gros 600 ou 700 000 fidèles, très présents dans les grandes villes comme Bruxelles. Se dire qu’on peut rompre le lien avec cette communauté, ou pire, lui envoyer le message qu’elle ne serait globalement pas digne de confiance, ce n’est sûrement pas une bonne idée. On peut exécuter l’exécutif. On ne peut pas faire abstraction de tous ceux qu’il est censé représenter. 

Un édito de Fabrice Grosfilley