Multilinguisme : “Il faut s’inquiéter de la maitrise du néerlandais dans les écoles francophones”
Une offre d’emploi sur deux demande de maitriser le français et le néerlandais à Bruxelles. Seulement, c’est une lacune pour beaucoup et donc un défi majeur pour de nombreux demandeurs d’emploi. Pour en parler, Philippe Van Parijs, linguiste et professeur émérite à l’UCLouvain était l’invité du jour dans le 12h30.
En 2013, la région bruxelloise a lancé une plateforme, Brulingua. À l’époque, elle permettait aux demandeurs d’emploi de s’inscrire gratuitement et d’apprendre la langue de son choix. “Elle proposait initialement l’apprentissage quatre langues uniquement et seulement en ligne. Aujourd’hui Brulingua est aussi disponible gratuitement à tous pour pas moins de 24 langues d’apprentissage. Les Bruxellois et Bruxelloises qui veulent étudier une langue n’ont plus d’excuse”, explique Philippe Van Paijs. “Elle compte pas mal d’inscrits, mais peu de gens l’utilisent vraiment. Je suis sûr que 95% des Bruxellois n’en ont même jamais entendu parler. C’est donc un outil à la fois formidable, mais aussi lamentable”.
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Les tests réalisés par les Bruxellois sur Brulingua paraissent peu concluants. En moyenne, ils obtiennent 22% en néerlandais et 41% en français. “Je crois qu’il ne faut pas s’en inquiéter. Certaines personnes viennent tout juste d’arriver à Bruxelles. Elles se rendent compte de l’importance d’apprendre le français ou le néerlandais alors que leur langue maternelle est par exemple le russe ou l’arabe. Elles se font tester pour savoir à quel niveau elles devront entamer leur apprentissage.”
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Selon le linguiste, il faudrait plutôt s’inquiéter du niveau de maitrise du néerlandais dans les écoles francophones. “Au début du siècle, 20% des francophones sortis de l’enseignement bruxellois disaient bien parler le néerlandais. Actuellement, ce chiffre s’élève à 8%. Dans ce cadre, Brulingua peut aider, mais d’autres instruments doivent aussi être utilisés. En revanche, la connaissance de l’anglais est en constante augmentation aussi bien chez les Néerlandophones que les Francophones. La raison ? Pas tellement l’apprentissage à l’école, mais l’exposition permanente à cette langue”.
Ma. Ar. – Photo : Capture d’écran Brulingua
■ Interview de Philippe Van Parijs dans Le 12h30.