Le roi, la violence et le racisme : l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce lundi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito le discours de cérémonie des vœux du roi.
Un discours du roi, c’est toujours un événement. Une sorte de boussole avec à chaque fois, un regard sur la situation que nous sommes en train de vivre et un appel à s’améliorer pour aller de l’avant.
Il y a trois discours royaux par an. Un pour Noël, un pour la fête nationale le 21 juillet et un pour la cérémonie des vœux aux corps constitués, qui tombe traditionnellement dans les derniers jours de janvier. Après deux ans de pandémie, alors que nous sommes en plein vague omicron, que les manifestations de contestations se multiplient, mais qu’on espère enfin pouvoir aller vers des allégements dans les semaines à venir, on aurait pu s’attendre à ce que la lutte contre la Covid-19 soit le cœur du message. Le roi Philippe en a déjà largement parlé à Noël, ce ne fût donc pas le cas. Et, c’est sur le racisme et la violence que le souverain a ainsi choisi de mettre l’accent cette année.
Au cœur du discours royal, les méfaits et les crimes d’une violence inacceptable, en particulier ceux perpétrés à l’égard de femmes et d’enfants. Mais aussi, dans nos stades et dans nos lieux de vie, des injures et des moqueries que nous ne pouvons pas admettre, car elles détruisent de l’intérieur ceux qui en sont victimes… Ce n’est pas digne du monde que nous voulons construire ensemble“, fin de citation. Le vivre ensemble, une sorte de fil rouge de cette allocution. Le roi Philippe a ainsi souligné l’aide spontanée que les sinistrés des inondations ont pu recevoir des quatre coins du pays. Et même si le souverain ne le dit pas explicitement, en évoquant les Bruxellois ou les très nombreux Flamands qui se sont déplacés l’été dernier pour aider les Wallons, il souligne implicitement une certaine tradition de vivre ensemble ou de solidarité réelle, qui n’est pas toujours celle que l’on retrouve dans les programmes politiques des formations plébiscitées par l’électeur. Ne pas laisser la place à ceux qui crient le plus fort et intimident les autres, avait dit quelques minutes plus tôt le Premier ministre Alexander De Croo, ce qui était une autre manière de dire le même message.
Condamner la violence, condamner le racisme, le roi est dans son rôle. On peut évidemment se gausser de ces discours pleins de bonnes intentions qui se répètent année après année. Le vivre ensemble ça se construit plus par des petits actes concrets que par des grandes phrases générales. Ce week-end, j’étais par exemple très surpris de voir combien on soulignait que Freddy Thielemans était un vrai bruxellois. Qu’est que veut dire vrai bruxellois ? Est-ce que moi qui vis à Bruxelles depuis 25 ans, je suis un faux bruxellois ? Cette année, pour assister au discours royal, on avait invité 40 élèves du secondaire, les fameux corps constitués étant prié de suivre la cérémonie en ligne, pour cause de Covid. Des jeunes venus de Flandre, de Wallonie et des cantons de l’Est… Mais il n’y avait pas, bizarrement pas d’école bruxelloise représentée. Alors que les problématiques de la violence et du racisme s’expriment essentiellement dans les grandes villes, ne pas avoir convié de jeunes bruxellois, c’est peut-être dommage.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley