Une vague de quarantaines, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce vendredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la forte hausse du nombre de quarantaines dû aux nouvelles contaminations du variant Omicron et les conséquences que cela peut avoir sur les places aux soins intensifs.

Nous sommes en pleine phase exponentielle de la 5ème vague et la circulation du virus n’a jamais été aussi intense“. C’est par ces mots que l’infectiologue Yves Van Laethem a lancé la traditionnelle conférence de presse du vendredi de Sciensano, l’Institut de santé publique. Le variant Omicron frappe donc là où on l’attendait.  En moyenne, 23 000 contaminations par jour. Avec une pointe à 37 000 nouveaux cas pour ce lundi, le 10 janvier.
Ce niveau record de contaminations n’entraîne pour l’instant pas de tsunami dans nos hôpitaux. Le nombre d’admissions est en légère hausse. Avec 183 nouveaux patients qui entrent à l’hôpital chaque jour, il y a aujourd’hui plus de 2000 patients hospitalisés. Mais ils ne sont, à ce stade, « que » 406 patients en soins intensifs. Si la courbe des contaminations ressemble à l’Alpe d’Huez, celle des soins intensifs n’est pas plus effrayante que l’Altitude 100.  La bonne nouvelle est ainsi en train de se confirmer. Le variant Omicron est plus contagieux, mais moins sévère que le variant Delta.
Parce qu’il frappe les bronches et moins les poumons, ce variant Omicron envoie donc moins de malades à l’hôpital. Les observations faites en Angleterre ou dans les pays scandinaves se confirme chez nous aussi. La durée des hospitalisations est également réduite : deux jours seulement en moyenne avec Omicron, alors que nous étions à cinq jours en moyenne pour le variant Delta. 
Doit-on se réjouir? Oui, mais quand même avec deux réserves. La première, c’est que la situation est moins bonne à Bruxelles qu’ailleurs. Chez nous, c’est près d’un lit de soins intensifs sur trois qui est occupé, alors qu’on en est à un sur cinq dans les autres régions.  La conséquence concrète d’une vaccination insuffisante. Car si cette vaccination n’empêche pas la contamination, elle protège en revanche des formes graves. Omicron n’envoie quasiment aucun vacciné vers les soins intensifs.
Deuxième raison pour rester prudent : ce très haut niveau de contaminations entraîne un nombre record de personnes en quarantaine. Si on peut oser cette formule, la vague Omicron, c’est surtout une vague de mises en quarantaine.  Ce qui a pour effet de désorganiser la vie en société, avec des travailleurs absents dans à peu près tous les secteurs. Cela impacte évidemment les hôpitaux. Sur les 2000 lits de soins intensifs théoriquement disponibles, nous n’en avons plus en réalité aujourd’hui que 1400. C’est un point d’amélioration, comme disent les experts en management, qu’on ne doit pas perdre de vue. Si la crise doit se poursuivre pendant encore 2 ou 3 ans, on ne peut plus se permettre que ce nombre de lits qui sauvent des vies, continue à diminuer.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley