44% des postes de travail à Bruxelles peuvent s’effectuer à distance
Une étude de l’Institut Bruxellois de Statistique et d’Analyse (IBSA) a révélé que seulement 45% des salariés travaillant à Bruxelles pourraient télétravailler. Elle analyse aussi l’impact du télétravail sur l’environnement et sur les finances de la Région bruxelloise.
La crise sanitaire a contraint de nombreux salariés à télétravailler. Cependant, ceci n’est possible que pour une part limitée de travailleurs. Il ressort d’une étude de l’IBSA que la proportion à Bruxelles est supérieure à la moyenne nationale (30%). Le potentiel de télétravail varie fortement entre les secteurs d’activités : il serait très fréquent dans les “activités scientifiques, spécialisées et techniques” et “d’information et de communication“. En revanche, il est très limité dans l’enseignement ou encore la santé et l’action sociale.
Ce sont surtout les emplois très qualifiés qui permettent de télétravailler. “Ce sont beaucoup d’emplois qui sont déjà occupés par des navetteurs, explique Benjamin Wayens, professeur de géographie à l’ULB et un des auteurs de l’étude. Les emplois occupés par les Bruxellois sont plus souvent dans des magasins ou des restaurants et cela complique la donne.”
Du côté des employeurs, le télétravail est possible en fonction des modalités de prise en charge des entreprises, des coûts de mise en œuvre (matériel ICT, formations,…) et des enjeux liés à la modification des modes de gestion du personnel et d’organisation du travail.
La condition d’acceptabilité du télétravail volontaire du télétravailleur dépend aussi de différents facteurs : sa volonté en fonction de ses caractéristiques individuelles (l’impact sur le bien-être par exemple), l’autonomie et la flexibilité dans l’organisation du travail, et le gain de temps potentiel ainsi que la réduction des déplacements.
Quel impact du télétravail sur la Région bruxelloise ?
Le télétravail aurait un impact sur l’immobilier de bureau à Bruxelles. Il alimente notamment la contraction et la dualisation de bureaux utilisés dans la capitale. Cependant, selon les chercheurs, la demande devrait se maintenir pour de nouveaux espaces de bureaux bien adaptés aux technologies actuelles et aux nouvelles modalités d’organisation du travail comme les “flex-office”. Les immeubles de bureau les plus anciens, en revanche, risquent de voir leur obsolescence s’accélérer. “Le précompte immobilier et la taxe sur les bureaux sont des revenus très importants pour la Région et dans certaines communes comme Saint-Josse, complète Benjamin Wayens. Si des bureaux restent vides très longtemps, cela aura des conséquences à court et moyen terme. Il faut penser à la reconversion de ces espaces.”
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L’impact sur l’environnement
La réduction de navette domicile-travail est relativement bénéfique pour la Région. Cependant, les auteurs de l’étude précisent “qu’il faudrait alors accompagner ce changement de mobilité pour éviter que tout le monde vienne les mêmes jours aux mêmes heures à Bruxelles avec sa voiture plutôt qu’en transport public.”
Les chercheurs notent aussi les effets rebonds du télétravail. “Il faut que les gens s’équipent en double pour le matériel informatique. Il y a aussi la question du chauffage car les bureaux continuent d’accueillir du personnel donc il faut toujours les chauffer. Et puis, on note que les gens prennent moins les transports en commun. Ils se déplacent plus aussi à des heures différentes pour leurs loisirs et privilégient alors la voiture car l’offre de transports en commune est moins bonne à ces heures. Cependant, peut-on vraiment réorganiser les horaires de la Stib? Cela reste des questions auxquels nous ne pouvons pas répondre actuellement.”
■ Interview de Benjamin Wayens, professeur en géographie à l’ULB, par Vanessa Lhuillier