Carte blanche, parking de dissuasion, lait russe, les nouveaux belgicismes du dictionnaire

Le linguiste Michel Francard a publié une nouvelle version de son dictionnaire des belgicismes. Une trentaine de mots ou expressions y font leur entrée et d’autres ont disparu, car leur usage n’est plus. Il permet d’apprendre l’origine des mots, leur définition et leur équivalent en français littéraire.

En plus de 10 ans, une série de mots devait être introduite et des propositions sont aussi venues des réseaux sociaux. Certains mots sont introduits avec des notions nouvelles comme les agents constatateurs. Il y a aussi des nouveaux types de sociétés comme la S.R.L et puis certains mots comme beffroi ou béguinage font leur entrée car ils font partie du patrimoine de la Belgique.

Le belgicisme n’est pas qu’une manière de s’exprimer, c’est aussi un moyen de montrer les particularités culturelles du pays. “Waterzooi a un statut différent de bouillabaisse qui n’est pas un régionalisme pour le Petit Larousse alors que waterzooi le reste, explique Michel Francard. Est-ce légitime ?”

Le dictionnaire fonctionne évidemment comme un dictionnaire classique, mais en plus de la définition, on va retrouver la vitalité du mot ou de l’expression, son origine et comment dirait un Français.

Les nouveaux mots sont souvent des créations francophones et non au flamand. Michel Francard pense notamment à carte blanche ou GSM qui ne viennent pas d’une autre langue mais bien d’un besoin d’usage. “Avec les mots, un Français comprend, mais les expressions sont différentes. Elles ne sont transparentes que pour les Belges qui les utilisent. Dès que nous sortons de la zone, les gens ne comprennent plus. On pense à être bleu ou jouer avec les pieds de quelqu’un.”

Pendant longtemps, les belgicismes étaient considérés comme des fautes de français. Or, aujourd’hui, il est remis à l’honneur. C’est une variété du français mais à la mode d’ici. Cette richesse fait partie d’une langue. “Si le français doit avoir un avenir, c’est aux gens qui le parlent de se l’approprier.”

■ Interview de Michel Francard, linguiste et auteur du Dictionnaire des belgicismes aux éditions De Boeck, par Vanessa Lhuillier