“Nous n’avons jamais vu autant de jeunes mineurs étrangers qui nous demandent de l’aide”

Ils n’ont parfois pas plus de 9 ans : de plus en plus de mineurs étrangers non accompagnés (Mena) se retrouvent en situation d’errance dans les rues de Bruxelles. Le constat est posé par quatre organisations de terrain : dans un communiqué commun, SOS Jeunes/Quartier libre AMO, Médecins Sans Frontières, Médecins du Monde et la Plateforme Citoyenne Bxl Refugees tirent la sonnette d’alarme.

Il est difficile de savoir combien il y a aujourd’hui de Menas dans la capitale. Selon le service des Tutelles, ils seraient entre 600 et 700, mais beaucoup passent sous les radars et ne sont pas recensés, s’inquiètent les associations.

Des acteurs de terrain inquiets

« Nous avons toujours rencontré des Mena, mais par rapport à 2020, on a constaté une nette augmentation, surtout depuis mars-avril. Cela est sans doute lié à la fermeture de squats, de centres, et de services d’accueil. Ces jeunes viennent vers nous, qui sommes sur le terrain, pour poser des questions. Et ce qui nous inquiète aussi, c’est que beaucoup nous disent que leur frère ou leur cousin vont encore arriver. On n’a jamais eu autant de mineurs qui se présentent au Médibus », explique Maïté Montuir, chargée de projet du Médibus géré par Médecins du Monde, dans Toujours + d’Actu sur BX1+.

Certains sont très jeunes : « Le plus jeune que nous avons croisé avait 9 ans », rapporte Maïté Montuir. Ils viennent de très nombreuses régions, mais principalement du Maghreb et d’Afrique subsaharienne. « Mais ils ne sont pas accompagnés, cela signifie qu’ils n’ont pas d’adulte pour veiller sur eux, pas de référent. Ils sont sans protection. »

Besoins de base non rencontrés

Beaucoup de ceux qui se présentent ou sont approchés lors des maraudes, ont besoin de tout. « La principale demande reste l’hébergement. »  Où dormir, mais aussi où se nourrir, où prendre une douche, où se soigner…  « Ce qui est éprouvant pour nos équipes, c’est que face à une demande d’hébergement, nous avons très peu de solutions à leur proposer », poursuit Maïté Montuir. Les centres d’hébergement d’urgence sont saturés, et ces jeunes qui sont seuls, sans famille, sans protection, se retrouvent souvent mélangés avec des adultes, dans des structures qui ne sont pas adaptées à leurs besoins et leur situation. « On est face à des jeunes épuisés qui demandent un hébergement pour la nuit, et on est en incapacité de les aider. »

Beaucoup sont également concernés par des problèmes de santé ou de comportements à risque, avec des besoins de soins et d’accompagnement.

« La situation est particulièrement critique pour les enfants qui ne souhaitent pas se signaler auprès des autorités concernées par peur ou manque de confiance dans le système existant », estime Géraldine Julien, coordinatrice de SOS Jeunes/Quartier Libre AMO, citée dans le communiqué des associations. Conséquences : ils ne bénéficient d’aucun suivi adapté.

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Les quatre organisations rappellent « qu’aucune réponse spécifique d’accueil et proportionnelle à l’ampleur de la situation n’est envisagée pour ces enfants en situation de rue, bien que la Belgique soit signataire de la Convention internationale des droits de l’enfant depuis 1989 », et concluent : « Ces enfants, et cela quel que soit leur statut administratif, doivent être considérés comme des mineurs dans le but de respecter leurs droits fondamentaux en prenant en charge les besoins de protection spécifiques et leurs besoins primaires. »

Ce matin, sur Bel RTL, le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Sammy Mahdi (CDV), reconnaissait la difficulté de guider ces jeunes vers les procédures d’asile, ajoutant essayer d’y « travailler du mieux qu’on peut. » Il faut soit pouvoir les guider vers une procédure d’asile « s’ils courent un réel danger dans leur pays d’origine », soit voir s’il est possible de collaborer avec le pays d’origine en vue d’un retour, indiquait-il. « C’est la responsabilité des autorités de trouver des solutions », répondent les quatre associations.

S.R. (Avec Belga) – Photo : Belga

Interview de Maïté Montuir, chargée de projet du Médibus géré par Médecins du Monde, dans Toujours + d’Actu