Molenbeek réclame 4,2 millions d’euros à Parking.brussels : l’administration conteste
Lors de son passage sur l’antenne de BX1+, Catherine Moureaux (PS), bourgmestre de Molenbeek, a déclaré que l’agence régionale de stationnement, Parking.brussels devait 4,2 millions d’euros à la commune. Un chiffre contesté par l’organisme régional.
Le conflit entre Molenbeek et Parking.brussels ne date pas d’hier et il concerne principalement les horodateurs. Selon un relevé réalisé au début du mois de février, 285 appareils sur 568 sont en panne, parfois depuis plus d’un an. En réalité, la commune a acheté ces horodateurs entre 2008 et 2011. En 2015, l’agence régionale a repris la gestion du parking à Molenbeek. Comme avec les autres communes, une convention est signée et 15% des recettes de stationnement vont à parking.brussels. Mais concernant les horodateurs, la commune a eu un souci avec la société Kraulti qui fournit notamment les pièces détachées pour les réparer.
Vu les tarifs, parking.brussels et la commune ont cassé le contrat et engagé une collaboration avec la société Indigo pour gérer les appareils. Cependant, cette dernière dépend toujours de Kraulti pour les pièces détachées et cette dernière fait preuve de mauvaise volonté. L’état des appareils se dégrade depuis lors.
En 2017, un accord est signé entre l’ancien échevin du stationnement et parking.brussels pour changer les horodateurs. Seulement, quand Abdellah Achaoui (PS) devient échevin, il gèle la procédure car il souhaite rediscuter la convention.
Du coup, le dossier n’avance plus. Les recettes baissent. “En 2015, les horodateurs rapportaient 782.000 euros”, explique Pierre Vassart, porte-parole de Parking.brussels. “En 2016, le montant s’élevait à 744.000 euros puis 602.000 euros en 2017 et enfin 552.000 en 2018. Nous n’avons pas encore les données pour 2019 mais nous voyons bien que nous sommes dans une baisse constante puisque moins d’appareils fonctionnent.”
Le montant des amendes, par contre, est en croissance. En 2015, elles étaient de 2,2 millions d’euros, en 2016 de 2,9 millions, en 2017 de 2,6 millions et de 3,8 millions d’euros en 2018. Mais le taux de recouvrement n’est que de 54% sur les trois dernières années. Molenbeek a donc réellement perçu 839.000 euros en 2016, 606.500 euros en 2017 et 894.000 euros en 2018. Pour 2019, elle a déjà reçu une avance forfaitaire de 360.000 euros. “Ces montants sont bas à cause des voitures immatriculées à l’étranger pour lesquelles nous n’avons pas de moyens de poursuite”, ajoute Pierre Vassart.
Une interprétation différente entre la commune et l’agence
Mais alors, d’où vient ce montant de 4,2 millions d’euros annoncé par Catherine Moureaux sur l’antenne de BX1+ ? Pour l’échevin Abdellah Achaoui, il suffit d’additionner les recettes des horodateurs à celles des amendes réellement perçues. Cela signifie que Molenbeek aurait dû toucher 1,4 million en 2016, 1,6 million en 2017, 1,7 million en 2018 et 976.101 euros pour 2019. “Or, selon la receveuse communale, nous avons perçu 483.659 euros en 2016, 606.515 euros en 2017, 534.082 euros en 2018 et une avance de 360.000 euros en 2019. Depuis 2015, nous aurions dû percevoir 7,7 millions d’euros mais nous n’avons touché que 3,5 millions euros.” Pour faire son budget pourtant, la commune de Molenbeek a le droit d’inscrire 80% de la recette prévue, soit 80% de 1,2 million d’euros en moyenne.
“Dans la nouvelle convention que nous passons avec Parking.brussels, nous avons fait inscrire que nous aurons un montant garanti de 1,2 million d’euros par an. Cette convention est en attente d’approbation par la tutelle régionale. En mars, nous aurons aussi un comité d’accompagnement pour une révision générale des chiffres”, conclut l’échevin.
“Nous ne devons rien à Molenbeek”
Du côté de l’agence de stationnement, on conteste fermement cette interprétation. “Nous ne voulons pas une opposition entre l’agence et Molenbeek”, annonce Pierre Vassart de Parking.brussels. “Nous avons une divergence d’interprétation dans les chiffres qui concernent les droits constatés et les recettes perçues. Mais il n’est pas nécessaire de passer par les médias pour s’entendre sur ces chiffres. Nous ne devons rien à la commune de Molenbeek.”
Vanessa Lhuillier – Photo: illustration Belga/Kristof Van Accom