Rue de la Loi : le CDH s’opposera partout… et met Ecolo en difficulté (J+10)
Convoqué à 10 heures ce mercredi matin, le bureau de parti du CDH était censé rester secret. Et pour cause : matière hautement sensible, fallait-il accepter de monter dans une coalition à l’un ou l’autre niveau de pouvoir ou privilégier l’opposition partout, histoire de dire qu’on a bien compris le signal négatif de l’électeur et prendre le temps de se refaire une virginité. Le parti était divisé : Catherine Fonck avait publiquement pris position en faveur d’une cure d’opposition et Benoit Lutgen l’avait rejointe (pourtant, ces deux-là ne sont pas toujours d’accord, on le sait) mais d’autres voix, surtout en interne, jugeaient plus sage que le CDH continue à faire ce qui est au cœur de son ADN historique : gérer des ministères et contrôler des budgets.
Après trois heures d’intenses délibérations, Maxime Prévot a donc pris la parole devant la presse et donné le ton dès le début de son intervention : “Les électeurs nous ont adressé un signal très clair, un signal de sanction. Un signal qui dit que les Bruxellois et les Wallons ne sont pas demandeurs que le CDH continue d’assumer des responsabilités.” Pas question de servir d’alibi, enchaine le président du CDH : “Les électeurs ont souhaité donner la main à d’autres partis (…) l’heure est venue de nous réinventer.”
Pour les humanistes c’est donc une période d’opposition qui s’annonce. Même si le parti se dit disposer à jouer les “créateurs de solutions”, comprenez qu’un soutien à la majorité au cas par cas sera toujours possible (et particulièrement bienvenu pour des dossiers institutionnels par exemple). Un choix logique à défaut d’être enthousiaste : opter pour l’opposition partout, c’est se simplifier la vie en terme de communication (être dans la majorité dans une région, dans l’opposition hier est rarement compris de la majorité des électeurs). Le CDH va pouvoir être plus clair, plus offensif, se repositionner et revoir son message de fond en comble. Même un nouveau changement de nom n’est pas à exclure.
Ce pas de côté d’un parti abonné au rôle pivot n’est pas sans conséquences. Pas tellement en Région bruxelloise : avec 6 députés bruxellois seulement, le parti n’était pas pressenti comme indispensable. Mais en Région wallonne. L’idée d’une coalition “aussi progressiste que possible” (comprenez de centre-gauche) avait la préférence de nombreux acteurs du jeu politique. Elle aurait associé PS, Ecolo et CDH. Sans les humanistes, il faut donc se tourner vers le PTB (pour une coalition “très” progressiste et inédite) ou vers le Mouvement Réformateur (pour un arc-en-ciel associant écologistes, socialistes et libéraux). Avec un souci majeur qui risque de déstabiliser les écologistes. Dans ce scénario, les Verts deviennent dispensables (MR et PS pourraient former une majorité sans eux) et leur expérience de ce type de configuration ne les enthousiasme pas (c’est un euphémisme). Le CDH a posé un choix. Ecolo va devoir réfléchir au sien. Le retour de la coalition violette en Wallonie et à la fédération Wallonie-Bruxelles vient de gagner en crédibilité.