Catherine Moureaux (PS) sur les négociations à Molenbeek: “Le PTB a été arrogant, grossier et violent”

La future bourgmestre de Molenbeek était l’invitée de l’Interview après l’annonce du PTB de quitter les négociations autour de la formation d’une majorité à Molenbeek.

Molenbeek risque-t-elle de devenir une commune ingouvernable après le retrait du PTB de la table des négociations ? “C’est faire un peu trop de place au PTB que de dire ça“, a expliqué ce vendredi midi Catherine Moureaux (PS) sur le plateau de l’Interview. Elle poursuit ses contacts avec les autres formations politiques en vue de former une majorité: “J’ai un agenda rempli, je rencontre les autres partis mais aucune alliance n’est privilégiée à ce stade“, indique-t-elle. la future bourgmestre reconnait que “[s]a désillusion était grande hier, après l’annonce du PTB“.

“Hors de question” de partager le mayorat

Aujourd’hui, une alliance PS, CDH, Ecolo et Défi est envisageable. “C’est une alliance assez courte, mais intéressant d’un point de vue programmatique“, explique Catherine Moureaux. Quid d’une alliance avec le MR ? “C’est le contraire. C’est une alliance anti-programmatique mais beaucoup plus stable“. “Aucune n’a ma préférence“, assure Catherine Moureaux. Pour travailler avec le MR, serait-elle prête à partager le mayorat avec Françoise Schepmans, bourgmestre MR sortante ? “C’est hors de question, le signal des électeurs est très clair. Je gouvernerai la commune.

“Entre déception et colère”

Sur son sentiment après l’annonce du PTB de se retirer des négociations, Catherine Moureaux dit “hésiter entre la déception et la colère, je pensais que ça pouvait marcher. Je ne trouve pas correcte la manière de faire du PTB. Des mensonges ont été dits, avec une grande violence dans la manière dont le PTB a traité le PS dans la négociation. Je trouve qu’ils ont été arrogants, grossiers, violents. Ca me fâche“.

Parmi les arguments avancés par le PTB, Dirk De Block craignait “un PS majoritaire qui passe en force” pour toutes les décisions. “Je comprends la crainte mais j’y ai répondu“, assure Catherine Moureaux. “Mais il n’est pas possible pour moi de renoncer à ma majorité dans un collège (…) Il est toutefois évident qu’on allait préparer le collège pour qu’il n’y ait pas de différend qui nous oblige à recourir à un vote. Le collège doit s’accorder sur la politique“.

La gouvernance, point sensible ? “Un nuage de fumée”

Element également évoqué, tant par Ecolo que le PTB: la gouvernance et le clientélisme. “Un nuage de fumée“, selon elle. “Ces deux partis ont mis 24 propositions sur la table, c’est énorme et j’en ai refusé deux. Qu’Ecolo choissisent mes échevins et que je renonce à ma majorité au sein du collège. J’ai accepté toutes les autres mais pas celles-là. Ce n’est pas démocratique, ce n’est pas le signal que le citoyen a donné“, explique-t-elle, “Je pense donc que la gouvernance n’est pas la vraie raison de leur départ.” Sur la publicité des mandats publics et privés, elle assure qu’elle”étai[t] d’accord sur les points mais la question du patrimoine est délicate pour des raisons culturelles. Eux s’inspirent du Suède et de Finlande, par exemple. Mais je n’ai pas dit non à cette mesure, je voulais en parler avec les élus PS“.

“L’impression d’avoir été roulée dans la farine”

Voulait-elle vraiment travailler avec le PTB ou en était-elle obligée, à l’issue du scrutin ? “C’est comique, j’ai plutôt l’impression d’avoir été roulée dans la farine par des gens qui ne voulaient pas… et qui ont tout fait pour faire traîner les négociations. J’y ai cru. Nous avions tenu de bons débats. Il y avait de beaux projets. Je le regrette. Les projets progressistes seront moins facile à mettre en oeuvre avec d’autres majorités.

Retour à la soirée du 14 octobre. Comment le PS a-t-il accueilli sa volonté de travailler avec le PTB ? “On me faisait confiance pour faire le mieux possible pour Molenbeek, il n’y a eu aucun problème“, assure-t-elle. Y a-t-il eu des contacts avec Charleroi, qui envisageait également une majorité PS-PTB ? “J’avais demandé s’il y avait des demandes plus concrètes du PS“, explique-t-elle, “rien, de plus.

Je crains que le PTB a fait son agenda pour les régionales et les fédérales de l’année prochaine“, constate également Catherine Moureaux. Le PTB n’est-il pas un parti comme les autres, comme Olivier Chastel le disait ce vendredi matin dans Le Soir ? “Ce qu’ils ont montré me laisse croire qu’il a raison“, conclut Catherine Moureaux.

T.D.

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