Pour offrir de nouveaux cursus de niche, les universités s’associent

Les écoliers seront retournés sur les bancs de leur salle de classe depuis deux semaines déjà lorsque leurs aînés reprendront eux le chemin des auditoires et amphithéâtres. Vendredi sonnera l’heure de la rentrée académique même si les cours ne reprendront effectivement que le 17 septembre. Qui dit rentrée, dit nouveautés, avec le lancement de nombreux cursus universitaires. Pour offrir des formations plus spécialisées, les universités ont tendance à collaborer de plus en plus, entre elles ou avec des partenaires.

A Charleroi, deux nouveaux bacheliers – en sciences humaines et sociales et en sciences biologiques – et un master de spécialisation – en management territorial et développement urbain – verront ainsi le jour cette rentrée, fruits d’une collaboration entre l’Université libre de Bruxelles (ULB) et l’Université de Mons.

S’associer dans la ville carolorégienne, qui ne dispose pas de sa propre université, semblait évident pour Nathalie Vaeck, vice-rectrice de l’ULB à l’enseignement, aux apprentissages et à la qualité. “A Charleroi, il est nécessaire de travailler avec l’UMons, l’opérateur de référence”, explique-t-elle. “On est plus forts à deux.”

Une logique qui prévaut pour d’autres cursus et institutions. Un master en Smart Rurality (ruralité intelligente) est ainsi lancé par l’Université de Namur, en collaboration avec l’Université catholique de Louvain (UCL) et celle de Liège. Unique en Fédération Wallonie-Bruxelles, il se penchera sur “l’avenir des campagnes en pleine mutation au sein d’une économie post-carbone”.

“De plus en plus de masters et surtout de spécialisations se créent avec d’autres universités, comme par exemple celui en études de genre”, organisé par l’ensemble des institutions francophones, poursuit Mme Vaeck. La vice-rectrice de l’ULB y voit une “évolution naturelle” qui permet aux universités de proposer des formations davantage spécialisées, qui attirent un nombre moindre d’étudiants. “Si l’on développe ça seul de son côté, cela coûte cher et les enseignants doivent prester beaucoup d’heures. Cela permet de ne pas devoir engager trois professeurs dans un secteur pointu”, avance-t-elle.

En outre, le décret paysage de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui régit l’enseignement supérieur, institue que lorsque “l’Ares, l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur, délivre un avis sur les habilitations des nouveaux cursus, elle doit vérifier qu’il n’existe pas de concurrence entre universités”, poursuit Mme Vaeck. Une fois “un cursus créé à Charleroi, une autre université ne peut pas ouvrir le même au même endroit. Il ne faut pas de concurrence stérile”.

A Liège aussi, l’heure sera à la collaboration entre l’université et son école de gestion, HEC. Un nouveau master en digital business commun à HEC et à la faculté des sciences appliquées de l’ULiège est ainsi disponible cette rentrée, permettant aux étudiants d’être diplômés en sciences de gestion et en sciences informatiques.

Parmi les autres nouveautés, la santé sera à l’avant-plan à l’UCL, avec une révision des bacheliers en médecine et en dentisterie. Les futurs médecins seront ainsi sensibilisés à la dimension sociétale de la santé et de la maladie en première année, suivront un stage infirmier en deuxième et un stage chez un médecin généraliste en troisième. Les dentistes bénéficieront notamment d’un stage d’observation en première année.

L’UCL crée aussi un master de spécialisation en action humanitaire internationale, dans un contexte “où le droit international humanitaire et les droits de l’homme sont de plus en plus menacés ou ignorés”. Elle se targue également de lancer une formation continue “originale en Europe” sur l’islam dans le monde contemporain, avec l’Université de Saint-Louis-Bruxelles.

A l’ULB également, la santé sera au menu de la rentrée, avec le lancement d’un certificat interfacultaire en santé et précarité, avec l’ONG Médecins du monde. Il vise à “une prise en charge pluridisciplinaire des problèmes de santé et d’accès aux soins des personnes en situation de précarité”.

La technologie s’invitera elle dans les auditoires de l’UCL, qui met à la disposition de ses professeurs l’application “Wooclap”, qui leur permet de poser une question à leurs étudiants qui y répondent via leur smartphone.

Pour la vice-rectrice de l’ULB, l’avenir sera d’ailleurs au digital avec “le développement d’une nouvelle façon de mettre en contact les étudiants et les professeurs. Différentes classes seront ainsi en contact à distance”, avance-t-elle. Cette évolution, en cours de développement, permettra davantage de synergies entre institutions et de mettre à disposition encore plus de cursus de niche ne s’adressant qu’à quelques étudiants.

Belga