Charles Michel défend Francken : “La politique d’asile mérite une action et une communication nuancées”
Le Premier ministre Charles Michel (MR) et le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Théo Francken (N-VA) ont été interrogés par les députés fédéraux à la Chambre, ce jeudi, quant au dossier soudanais et des expulsions menées ces dernières semaines.
À l’occasion de la première séance plénière de la Chambre de l’année, Charles Michel et Théo Francken étaient logiquement attendus par les parlementaires quant à la situation des Soudanais expulsés par la Belgique et qui auraient été, selon une ONG, torturés une fois de retour dans leur pays. Tous les partis, à l’exception du PP, avaient ainsi introduit une question à l’adresse du Premier ministre. Certains se sont montrés plus véhéments, comme Benoît Hellings (Ecolo) accusant Charles Michel d’être un “otage de la N-VA” ou encore Patrick Dewael (Open VLD), qui accuse Théo Francken de mener campagne pour attirer les électeurs du Vlaams Belang vers la N-VA.
Et malgré les différentes questions posées et autres réflexions adressées à son gouvernement, le Premier ministre a suivi ses habituelles réponses qu’il distille sur son compte Facebook ou dans la presse depuis plus d’une semaine. “Nous avons été confrontés à une situation difficile durant l’été après le démantèlement de la Jungle de Calais. Et nous ne souhaitions pas qu’une zone de non-droit se développe sur notre sol. (…) C’est dans ce cadre que nous avons accepté de lancer une mission d’identification (des Soudanais). (…) Personne ne me dicte ma conscience sur ce sujet. D’autres pays européens ont la même approche”, juge Charles Michel.
“Une présentation tronquée de la note du CGRA”
“La note du CGRA, autorité indépendante du gouvernement, a soumis une note en octobre 2017 qui montre que les ressortissants soudanais de certaines provinces doivent bénéficier d’une protection subsidiaire. Certains en ont fait une autre présentation, tronquée. L’enquête devra démontrer comment cette note a été prise, convenablement ou non”, affirme-t-il. “Nous restons inflexibles quant à une politique qui protège les frontières européennes, qui respecte les droits de l’homme,… La migration et la politique d’asile méritent une action et une communication nuancées”, lance-t-il, sans pointer Théo Francken du doigt. “Quand l’enquête sera établie, nous la présenterons au parlement”, conclut le Premier ministre.
PS et Ecolo à Michel : “Vous êtes l’otage de la N-VA”
“Ce n’est pas grâce à l’action de votre gouvernement que la Belgique évite une nouvelle ‘jungle de Calais’. C’est grâce à l’aide de milliers de citoyens que la dignité de la Belgique est préservée”, a répliqué le président de DéFI et bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert Olivier Maingain, après la réponse de Charles Michel. “Vous êtes l’otage de la N-VA”, a pour sa part Julie Fernandez-Fernandez (PS). “Des milliers de familles font le travail de l’État aujourd’hui”, a ajouté Benoît Hellings (Ecolo). “Pourquoi est-ce que ces migrants en transit ne demandent pas l’asile en Belgique ? Parce qu’il y a une extravagance. Celle de votre secrétaire d’État qui s’affiche en photo avec la police d’un dictateur soudanais”, s’indigne-t-il.
“Je ne sais pas si je dois encore vous appeler Premier ministre”, affirme Georges Dallemagne (cdH). “Bart De Wever met le feu au pays mais reste dans sa Trump Tower à Anvers, il n’est même pas au parlement ! (…) En trois semaines, cette enquête n’a même pas démarré. Personne n’a accompagné ces migrants soudanais.”
Francken convoqué
Théo Francken, pour sa part, est resté à sa place, sans broncher. Il a été convoqué par le Premier ministre “pour un entretien à propos de sa communication”. Cet entretien suit plusieurs semaines de vive polémique sur la politique migratoire du gouvernement et plus particulièrement le rapatriement de ressortissants soudanais.
Gr.I. avec Belga – Photo : Belga/Benoît Doppagne