Kazakhgate : vifs échanges à la Commission, Didier Reynders dément tout lien avec les personnes en rapport avec le dossier
Le vice-Premier ministre MR et ministre des Affaires étrangères Didier Reynders – à l’époque ministre des Finances – a démenti vendredi tout lien avec le Kazakhgate et tous contacts en rapport avec ce dossier avec ses principaux acteurs dont les anciens conseillers du président français Nicolas Sarkozy, Claude Guéant et Jean-François Etienne des Rosaies. Les échanges entre les commissaires et le ministre ont été particulièrement vifs, notamment avec le député Georges Gilkinet (Ecolo) et le président de la commission Dirk Van der Maelen (sp.a).
Didier Reynders a confirmé devant la commission d’enquête de la Chambre sur la transaction pénale élargie, avoir eu un entretien au Sénat avec le vice-président Armand De Decker et l’avocate française Catherine Degoul, mais il portait sur la situation de l’ex-vice-président congolais Jean-Pierre Bemba détenu par la Cour pénale internationale (CPI). “Comme je l’ai précisé aux enquêteurs le 3 novembre 2016, j’ai rencontré le 2 février 2012, lors d’une séance du Sénat, dans son bureau de vice-président derrière l’hémicycle, Armand De Decker, accompagné de Catherine Degoul, et ils m’on remis tous les deux une lettre de libération pour Jean-Pierre Bemba, détenu par la Cour pénale internationale (CPI). J’étais ministre des Affaires étrangères, j’ai transmis la lettre à mon administration qui m’a conseillé de la transmettre à la ministre de la Justice Annemie Turtelboom. Je n’ai jamais eu de nouvelles”, a indiqué M. Reynders.
“L’implication de De Decker est assez claire”
Au-delà, Didier Reynders – qui a été mentionné dans le Kazakhgate par M. Etienne des Rosaies et Me Degoul – n’a plus eu aucun contact avec l’avocate française. Armand De Decker a pour sa part travaillé avec Me Degoul à la demande de l’Elysée dans un dossier visant à sortir le trio Chodiev et consorts de leurs ennuis judiciaires en Belgique, la France étant en négociations commerciales avec le Kazakhstan.
“L’implication de M. De Decker dans le dossier est assez claire”, a dit M. Reynders qui dans la foulée de l’ex-Premier ministre Yves Leterme, a indiqué que “si on avait su, on en aurait parlé aux autorités françaises”. Armand De Decker, aujourd’hui député bruxellois, en a tiré les conclusions en abandonnant le maïorat d’Uccle, a-t-il observé. Au-delà, une enquête judiciaire est en cours et M. De Decker n’a pas été inculpé.
Didier Reynders a également démenti être intervenu de manière opportune en poussant à cette époque l’élaboration d’une loi de transaction pénale élargie qui a profité à M. Chodiev. “Le couplage politique de ce texte avec la levée du secret bancaire existait depuis 2009. Il s’agissait d’un compromis politique tout à fait classique et évident”, a-t-il dit. (avec Belga, photo Belga/Bruno Fahy)
- Reportage de Marie-Noëlle Dinant et Nicolas Scheenaerts.