Brusol : voici tout ce qu’il faut savoir sur le nouveau fournisseur d’énergie verte à Bruxelles
Avec Brusol, la Région bruxelloise accueille, depuis ce mercredi, un nouveau fournisseur d’électricité. Une énergie 100% verte et bruxelloise grâce à l’installation de panneaux solaires sur le toit des particuliers par l’entreprise.
Le lancement officiel de Brusol s’est déroulé ce mercredi en grande pompe à Tour & Taxis en présence du roi Philippe, du bourgmestre bruxellois Philippe Close (PS) et de la secrétaire d’Etat bruxelloise chargée de la Transition économique Barbara Trachte (Ecolo). Derrière Brusol, se trouve l’entreprise gantoise EnergyVision spécialisée dans l’installation de panneaux photovoltaïque chez les particuliers comme chez les entreprises.
Une énergie…gratuite
En deux ans à Bruxelles, cette entreprise récente a équipé en panneaux solaires les toits de près de 2.000 ménages et d’un certain nombre de PME. La particularité? Cette installation ne coûte absolument rien aux particuliers et aux sociétés concernés. EnergyVision prend en effet entièrement à sa charge les frais d’installation et de matériel. Au final, les clients bruxellois bénéficient d’une installation gratuite et de l’entièreté de l’énergie produite sur leur toit.
L’opération relève du principe gagnant-gagnant. L’entreprise, qui reste un acteur privé à la recherche d’une rentabilité, y trouve en effet également son compte. Comment? La réponse est à chercher du côté des certificats verts (CV) délivrés en Région bruxelloise. Ce système vise à inciter financièrement les Bruxellois à installer chez eux des panneaux photovoltaïques.
Système du tiers-investisseur
Toute personne qui saute le pas reçoit en effet la garantie de récupérer entièrement ses frais d’installation en maximum sept ans. Ceci via l’octroi annuel d’un certain nombre de certificats verts par Brugel à chaque installateur. Chaque certificat possède une valeur marchande. Or, les fournisseurs sont tenus légalement de racheter ceux-ci. Comme la délivrance des certificats dure 10 ans et qu’il faut maximum sept ans pour rentrer dans ses frais, l’installateur gagne, au moins durant trois ans, de l’argent .
Brusol propose donc aux Bruxellois de jouer pour eux le rôle de tiers-investisseur. Aux particuliers une installation gratuite, à Brusol les lucratifs certificats verts. Du win-win. Qui paie au final? Le reste des consommateurs (entreprises et particuliers confondus). Précisons que le système est jugé actuellement trop généreux (le retour sur investissement survient actuellement en moyenne après cinq ans) et que le coefficient sera dès lors légèrement revu à la baisse en 2021.
Naissance d’un nouveau fournisseur
Jusqu’à présent, malgré leurs panneaux solaires, les ménages bruxellois clients de EnergyVision devaient aussi signer un contrat avec un second fournisseur d’électricité. En pleine nuit par exemple, leurs panneaux ne peuvent en effet les alimenter en électricité. Celle produite en journée (4.000 kwh pour 15 panneaux) s’avère suffisante pour les besoins d’un ménage moyen, mais elle est réinjecté directement dans le réseau. Il fallait alors jusqu’à présent un deuxième interrupteur pour récupérer celle-ci.
“Même si on a des panneaux solaires, on est obligé d’avoir un fournisseur d’électricité. C’est pour cela que nous devenons fournisseur d’électricité. Tous nos clients n’auront plus qu’un interrupteur”, explique Meghan Richil, d’EnergyVision.
Une ambition affichée
EnergyVision a conclu, à l’heure actuelle, 2.600 contrats avec des particuliers bruxellois. Parmi ceux-ci, 600 doivent encore bénéficier de l’installation dans les prochaines semaines. Sur l’ensemble de la Région, il s’agit évidemment de chiffres relativement faibles. Meghan Richil souligne toutefois la progression fulgurante de l’entreprise et insiste sur son potentiel. “On a fait 2.000 familles en deux ans, ce qui est quand même énorme. En 2018, on a commencé avec une centaine d’installations, puis réalisé environ 800 en 2019 et on vise 1.500 en 2020”
Pour 2021, Brusol veut atteindre un total de 4.000 ménages équipés dans la capitale. L’entreprise assure ne pas craindre la future baisse d’attractivité des certificats verts. “La valeur va diminuer, mais ces certificats ne vont pas s’arrêter. Notre projet peut donc continuer. C’est le message qu’on veut vraiment faire passer. L’énergie renouvelable, ce n’est pas terminé! Beaucoup de personnes pensent qu’il n’y a pas de primes et que c’est donc terminé. Non, cela fonctionne toujours et cela reste rentable”.
Pour quel public?
Le système est en théorie ouvert à tous les Bruxellois, en fonction évidemment des capacités techniques et matérielles de l’entreprise. Les personnes intéressées peuvent envoyer leur candidature via le site Internet de Brusol. Mais, parce qu’il y a quand même un “mais”, un certain nombre de Bruxellois ne rentreront pas dans les critères d’admission. Ceux qui ne possèdent pas un toit suffisamment grand pour garantir à l’entreprise de réaliser des bénéfices.
Les personnes qui vivent en appartement ou dans une petite maison ont très peu de chances d’être sélectionnées. Meghan Richil le concède: “Les appartement sont en effet un peu plus compliqués, mais toujours faisables. Il faut qu’on puisse mettre un minimum de huit panneaux, car on doit payer cette installation et payer les gens qui la réalisent. Ce sont des frais. On est une société privée. On doit quand même faire des bénéfices, que ce soit rentable pour nous aussi”.
“C’est bien que des sociétés se lancent dans ce genre d’activités”
Professeur à l’Ecole polytechnique de l’UCLouvain, Francesco Contino est spécialiste des énergies renouvelables. Il accueille favorablement le principe du tiers-investisseur dans l’énergie photovoltaïque: “Je ne vais jamais jeter à la pierre à une société qui voit une opportunité. C’est normal. C’est leur rôle. Je trouve plutôt bien que des sociétés se lancent dans ce genre d’activités. On dit toujours qu’il y a énormément de cash et de capital en Belgique. Je préfère que cet argent serve à cela plutôt que rester sur un compte en banque ou il ne sert à rien.”
Un deuxième fournisseur 100 vert %
Six fournisseurs d’énergie étaient, jusqu’à présent, principalement actifs à Bruxelles: Electrabel (ENGIE), Energie 2030 Agence, Lampiris, Luminus, OCTA+ et Power Online (Mega). Parmi ces sociétés, seule Energie 2030 Agence est considérée comme un fournisseur d’électricité 100% verte et locale par Greenpeace, sur son comparateur énergétique. Se rajoute donc désormais Brusol. BX1 vous propose ci-dessous une présentation de ces sept fournisseurs disponibles à Bruxelles. Rappelons que, pour l’aspect financier, Brugel propose un comparatif sur son site Internet.
J. Th. – Photo: Belga/Thierry Rogé