Le monde politique francophone réagit à l’invitation de Tom Van Grieken au Palais royal
A l’issue du scrutin de dimanche, le Belang est le 2e parti au nord du pays, avec 18,5% des voix et 18 sièges à la Chambre.
La décision du Palais royal de recevoir ce mercredi matin le président du Vlaams Belang en audience est “lourde de conséquences”, selon l’analyse de constitutionnalistes. Mais, d’après eux, choisir l’option inverse aurait également eu une signification politique importante. D’un côté, le roi Philippe évitera un discours de victimisation et de rejet de la part du parti d’extrême droite. Mais de l’autre, il accepte tout de même de recevoir le président d’un parti ouvertement xénophobe et homophobe, mettent en avant ces experts.
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La dernière rencontre officielle entre un souverain belge et un leader de l’extrême droite remonte à 1936. A l’époque, Léopold III avait invité Léon Degrelle, à la tête du parti Rex. En 1978, le roi Baudouin avait également invité Karel Dillen, président du Vlaams Blok, mais ce dernier avait décliné l’invitation en raison de l’aversion de son parti pour la monarchie.
Les réactions politiques…
Ni le PS, ni Ecolo n’ont souhaité réagir. “Le Roi a pris une décision qui lui appartient“, a sobrement commenté la co-présidente des Verts Zakia Khattabi. “J’ai un avis mais je ne vous le donnerai pas“, a dit pour sa part Paul Magnette (PS).
La réaction la plus engagée est venue de la présidente de la Fédération bruxelloise du PS, Laurette Onkelinx, qui a commencé des consultations en vue de former le gouvernement régional. A ses yeux, rien n’imposait au Roi de recevoir M. Van Grieken. “Cela me choque profondément. Pourquoi le Roi se croit-il obligé de recevoir le Vlaams Belang alors qu’il y a chez les partis flamands, en dehors de la N-VA, un rejet clair d’une rupture du cordon sanitaire“, a commenté Mme Onkelinx au micro de la RTBF.
“Le Roi est dans son rôle” de consultations post-électorales, a jugé au contraire le Premier ministre et président du MR, Charles Michel. “Il y a une procédure constitutionnelle, (…) il appartient au Roi de mener des consultations“, a-t-il commenté, avant d’en appeler à “la sérénité.” “En ce moment, on a besoin de calme pour permettre que le pays puisse être gouverné“.
Le cdH ne conteste pas non plus l’initiative royale même si cette audience lui fait froid dans le dos. “Rien que l’idée de voir arriver le Vlaams Belang au Palais me fait froid dans le dos, mais au vu du résultat démocratique en Flandre, personne n’en tiendra rigueur au Roi de le recevoir“, a déclaré le président des démocrates humanistes, Maxime Prévot.
Le président du PTB, Peter Mertens, s’est gardé comme ses collègues de commenter le choix du Roi. “Ce n’est pas à moi de définir l’agenda du Roi“, a-t-il expliqué, en insistant toutefois sur le combat antifasciste de son parti.
Le monde associatif plus virulent
Le ton était plus virulent dans le monde associatif. Stand Up, le collectif à l’origine de la manifestation qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes lundi contre l’extrême-droite, n’a pas caché sa déception. “Le Roi est donc le premier a briser le cordon sanitaire contre l’extrême droite et le fascisme dès le lendemain de la grande manifestation qui a réuni 7.000 personnes! La lutte sera longue mais on lâchera rien!” a-t-il averti sur sa page Facebook.
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