“Certaines décisions des services publics sont pauvrophobes”, constate le forum Bruxelles contre les inégalités

C’est une attitude d’hostilité à l’égard des personnes qui vivent dans la précarité. Inventé par ATD Quart Monde France, le terme de pauvrophobie n’existe pas encore dans le dictionnaire mais il est bien réel dans la société.

Les pauvres sont fénéants, ils sont paresseux, quand on veut, on peut…“, ces idées encouragent les idées fausses, constate Nicolas De Kuyssche, directeur du Forum-Bruxelles contre les inégalités. “Le problème de ces préjugés, c’est quand ils arrivent dans les services publics et sociaux et dans la bouche des politiques“, explique-t-il.

Comment identifier ces idées reçues ? Nicolas De Kuyssche a également réalisé un ouvrage dans lequel il déconstruit ces stéréotypes. “On a réuni des professionnels du social, des quidams et ils sortaient les pires stéréotypes entendus. C’est d’ailleurs assez facile“, constate-t-il. “On a ensuite réalisé un travail d’investigation avec des experts“. Il remarque trois catégories: “les pauvres sont des profiteurs, des fainéants, ou des incapables“.

Les pauvres ne savent pas gérer leur argent

Les pauvres ne savent pas gérer leur argent” revient également souvent, remarque Sylvie Moreau, responsable formation du service de médiations des dettes, “A Bruxelles, la première cause de surendettement est la faiblesse des revenus, c’est un état de pauvreté structurelle“.

Les pauvres ne se soignent-ils pas ? Les soins de santé sont-ils si peu cher en Belgique ? Sophie Cauderlier, médecin généraliste à la maison médicale, remarque que “même le ticket modérateur peut être cher pour les plus démunis… et ça demande beaucoup d’énergies et de démarches administratives. Ces démarches peuvent également être stigmatisantes.

Certaines décisions des services publics et des personnalités peuvent également être pauvrophobes. “Les arrêtés anti-mandicité sont par exemple purement et simplement pauvrophobes“, insiste Nicolas De Kuyssche. “C’est aussi le cas de la législation sur le recouvrement de dettes, c’est pour cela qu’on parle de la spirale du surendettement. Ces mécanismes sont légaux“, regrette Sylvie Moreau, “on crée du surendettement“.

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17 octobre 2018 - 19h12
Modifié le 17 octobre 2018 - 19h12