Une bière de Brussels Beer Project attaquée en justice par les Maoris

La bière bruxelloise de Brussels Beer Project baptisée Maori Tears a déclenché les foudres de Néo-Zélandais, qui estiment que cette appellation est “culturellement et spirituellement offensante”, rapporte mardi le journal néo-zélandais New Zealand Herald. Ils dénoncent aussi le slogan de cette bière qui dit: “De la Nouvelle-Zélande à Bruxelles, nous encapsulons ces larmes pour capturer leur nature sacrée”.

“L’idée de boire les larmes de quelqu’un est spirituellement offensant du point de vue traditionnel maori”, souligne dans le journal l’avocat défenseur des droits des Maoris, Karaitiana Taiuru. “Qu’est-ce que des larmes de Maoris ? Cela signifie-t-il que le brasseur se réjouit que des Maoris pleurent ou que les Maoris sont tristes et boivent pour être heureux? ” “À première vue, c’est le plus bas niveau d’appropriation culturelle que j’ai vu sur des étiquettes de bière offensantes”, poursuit l’avocat. “Toute appropriation culturelle est offensante et à l’heure de la société de l’information, il n’y a pas d’excuse”. “Le terme maori ne devrait pas être utilisé pour de la nourriture et des boissons. Ce mot a une valeur particulière pour le peuple maori et s’applique à nos ancêtres, aux vivants, aux morts et aux générations futures”, poursuit M. Taiuru.

Le professeur Pare Keiha de l’Université de Technologie d’Auckland trouve regrettable que les lois néo-zélandaises sur la propriété intellectuelle ne s’appliquent pas à l’étranger. “Les droits de propriété intellectuelle permettent à la culture et à la connaissance traditionnelle maorie d’être reconnues et protégées. Cela permet aussi d’éviter une exploitation commerciale inappropriée”, estime-t-il. L’avocat Taiuru a attaqué des brasseurs à deux reprises, en Grande-Bretagne, pour des bières qui portaient une appellation “maori”. Les deux brasseries avaient retiré les étiquettes et appellations contestées. Les Maoris sont le peuple indigène de Nouvelle-Zélande. Ils représentent environ 15% de la population totale du pays.

Le Brussels Beer Project (BBP) n’avait aucune intention d’offenser le peuple maori, se défendent les fondateurs. “Nous sommes désolés si cela a pu choquer certaines personnes. Ce n’était pas notre intention“, a indiqué Olivier de Brauwere, cofondateur du BBP. La bière en question est l’une des premières brassées par le Brussels Beer Project sur son site propre de la rue Antoine Dansaert à Bruxelles. Quelque 800 bouteilles de ce brassin éphémère ont été produites il y a trois ans.

Le Brussels Beer Project n’a jamais envoyé ces bières en Nouvelle-Zélande. “Nous l’avions appelée ‘maori’ en référence au houblon néo-zélandais utilisé dans la préparation de la bière“, explique Olivier de Brauwere. Les larmes renvoient au fait qu’il s’agit d’un produit très rare et très subtil, pas facilement disponible, a-t-il ajouté. En réalité, la bière n’a été brassée qu’en petite quantité. Quelque 800 bouteilles ont été mises sur le marché en 2016 et depuis cette bière n’est plus commercialisée. La brasserie bruxelloise a précisé ne pas avoir l’intention de rebrasser cette bière.

Belga/crédit: Laurie Dieffembacq