Anderlecht : un mineur privé de liberté après avoir agressé plusieurs enseignants à l’Institut Marius Renard

Les faits remontent à vendredi, à l’Institut Marius Renard d’Anderlecht. Un élève a agressé physiquement trois professeurs et une secrétaire. Trois d’entre eux sont en incapacité de travail et l’adolescent mineur a été arrêté par la police. Les professeurs ont mené un arrêt de travail ce lundi matin. Une réunion a eu lieu cet après-midi entre la commune d’Anderlecht et la direction de l’école. 

Vendredi dernier, l’établissement scolaire Marius Renard fêtait ses 100 ans. Il y avait donc une atmosphère festive dans les couloirs. Avant que ne commencent les cérémonies, un élève a violemment agressé trois enseignants et la secrétaire de direction. Ce qui a généré une émotion très forte au sein de l’école.

Dès la fin de semaine dernière, la commune d’Anderlecht avait prévu d’apporter un accompagnement psychologique pour l’équipe, nous explique l’échevin de l’Enseignement à Anderlecht, Fabrice Cumps. Un accompagnement avec les équipes mobiles de la Fédération Wallonie-Bruxelles mais aussi avec le service interne de prévention au travail. L’équipe s’est rendue sur place ce lundi matin, les enseignants ont souhaité marqué un arrêt de travail de 50 minutes afin de montrer leur solidarité avec leurs collègues et dénoncer la violence croissante dans l’établissement.

Le corps enseignant sous le choc

Le corps enseignent est sérieusement touché par ce qui est arrivé. Nous sommes sous le choc car ce n’est pas ce qui arrive au quotidien dans notre école, loin de là. On est une école calme et cet événement-là pose sérieusement question”, témoigne Damien Kreutz, professeur à l’Institut Marius Renard et délégué syndical CSC.

Durant l’arrêt de travail de ce lundi matin, le corps enseignant a pu discuter. Le pouvoir organisateur s’est rendu dans l’établissement et les choses sont désormais prises en charge.

“Nous sommes conscients que c’est un cas exceptionnel mais une réflexion sera tout de même faite par la suite et on verra ce que nous pouvons mettre en place pour que cela n’arrive plus. Nous devons malheureusement attendre que quelque chose de grave se passe pour pouvoir réagir. L’arsenal législatif au niveau de la Fédération Wallonie-Bruxelles est parfois un carcan qui nous empêche de faire certaines choses et malheureusement ici, c’est un triste exemple“, explique Damien Kreutz.

“Émotionnellement, physiquement, ce n’est plus vivable”

Gérémy est professeur d’histoire et de géographie à l’Institut Marius Renard. Depuis les événements, il est en arrêt maladie car il fait partie des quatre personnes à s’être faites agresser. C’est en voulant séparer le jeune et le professeurs impliqué que Gérémy a été violemment pris au cou et mis à terre par le mineur. “Il y avait vraiment de la colère, de la haine, de la rage en cet élève et il représentait un réel danger pour les personnes présentes”, explique-t-ilLa police est arrivée une vingtaine de minutes après les faits afin de prendre la déposition des professeurs. Toutes les personnes impliquées se sont rendues au commissariat afin de remplir leur déposition. “Je me suis rendu à l’hôpital le plus proche pour faire constater mes coups. J’avais des contusions faciale et cervical et un choc émotionnel”, précise Gérémy.

Nous avons des élèves qui passent en troisième secondaire sans avoir réussi un seul examen. On se retrouve avec ce genre d’élèves qui sont en décrochage scolaire complet. Il y a quelque chose de pourri dans le système et j’ai l’impression que cette école est celle de la dernière chance. Il y a des bons élèves, qui ont envie d’apprendre. Mais pour le reste, c’est toujours de la confrontation. Le matin quand on se lève, c’est avec la boule au ventre à cause de certains élèves, c’est du stress permanent, de l’usure. Dans notre école, 6 ou 7 collègues sont en burn-out. Émotionnellement, physiquement, ce n’est plus vivable. Même si c’est la première fois qu’il y a de la violence physique, le mental, c’est au quotidien. Tous les vendredis, je vois des collègues en pleur”, continue de nous raconter Gérémy, qui veut faire entendre cette histoire. “J’espère que des mesures seront prises car je ne veux pas que ce genre d’élèves traîne autour de l’école.

Deux semaines avant, un incendie criminel avait eu lieu dans l’établissement. Pour Gérémy, c’est une accumulation de plein de choses, cet événement est la goutte de trop.

Le mineur est privé de liberté

Le jeune est mineur et a été appréhendé par la police, qui l’a privé de liberté. Une procédure d’exclusion va être entamée, nous explique l’échevin Fabrice Cumps. Ensuite, le juge d’instruction décidera de son cas, dans un moyen terme.

Le personnel est sous le choc. Mais ce qu’on a proposé au-delà de l’intervention urgente par rapport à l’écoute, pour qu’ils puissent exprimer leurs émotions, c’est d’avoir des groupes de réflexion sur le moyen terme qui seront peut-être pilotés par les équipes mobiles pour réfléchir à la sanction, à la manière de mettre en oeuvre cette sanction et de l’utiliser comme étant un outil pédagogique qui pourrait faire en sorte d’éviter qu’on en arrive à des situations comme celle-ci“, précise Fabrice Cumps.

Camille Berkenbaum avec des interviews réalisées par Pierre Beaudot

 

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02 décembre 2019 - 19h25
Modifié le 02 décembre 2019 - 19h25