Mort de Fabian : “Comment est-ce possible qu’ils n’expriment pas le moindre regret ?”
Dans le cadre de l’affaire du petit Fabian, décédé après avoir été percuté par une voiture de police, trois avocates entourent et défendent les intérêts d’une famille profondément marquée par la perte brutale de l’un des leurs.
L’une d’elles, représente les parents ainsi que les deux frères de la victime, âgés de 12 et 16 ans. Ensemble, ils se sont constitués partie civile.
Ce que la famille déplore aujourd’hui, ce n’est pas seulement l’attente ou le silence judiciaire, mais surtout le manque d’humanité perçu de la part de l’institution policière.
“Il faut s’imaginer que cette mère me dit : Était-ce si difficile de m’écrire une lettre, directement ou à travers mon avocat ?’”, rapporte Me Ludmila Bulgar, une des avocates des parents de Fabian. “Elle se dit, ces gens sont des humains. Comment est-ce possible qu’ils n’expriment pas le moindre regret, une certaine empathie ?’”
Un simple courrier, explique-t-elle, aurait permis à la mère “de s’accrocher à quelque chose d’humain”.
Depuis la tragédie, le quotidien de la famille est bouleversé. Les deux frères, chacun défendu par une avocate distincte, vivent leur deuil différemment. Maxime, notamment, partageait un lien particulièrement fort avec la victime. Ils étaient inséparables.
“Ils allaient dans la même école de devoirs après les cours, jouaient toujours ensemble. Ils dormaient dans la même chambre.” Aujourd’hui, “la chambre est vide, ils ont ramassé toutes les affaires pour essayer d’atténuer le chagrin. Et il a des nuits très perturbées.” affirme Me Lise De Greef, avocate du plus jeune frère.
Alors que la famille tente de reconstruire un semblant d’équilibre, elle a été profondément choquée par la prise de parole récente de Sven Mary, l’avocat du policier mis en cause. Celui-ci a rappelé que, face à une injonction des forces de l’ordre, “la logique, même si ça nous ennuie, c’est d’obtempérer”.
Une déclaration qui, selon Maître Bulgar, sonne comme une accusation déguisée envers le jeune garçon.
“Je trouve que c’est malhonnête de sortir avec des déclarations comme ça, alors que ça voudrait dire que l’enfant a reçu toutes ces consignes et qu’il ne les a pas respectées. Or, je n’en suis pas sûre, et l’enquête le montrera.” lance-t-elle.
Et de rappeler que la famille, elle, s’est abstenue de tout commentaire public sur les faits :
“En tant qu’avocat de la famille, à aucun moment nous n’avons commenté les faits. Parce qu’il y a une enquête, et on doit la respecter. Il y a des règles.”
À ce stade, la famille a déjà été entendue, mais n’a pas encore eu accès au dossier. L’instruction, toujours en cours, devrait permettre d’éclaircir les circonstances exactes de ce drame.
■ Reportage de Charlotte Verbruggen et Charles Carpreau