Accueil des réfugiés ukrainiens : “La Belgique n’est pas prête, mais elle ne l’est pas depuis longtemps”

L’organisation de l’accueil des réfugiés ukrainiens est-il bien géré ? Comment améliorer cet accueil en Région bruxelloise ? C’est l’objet du duel de + d’Actu, ce jeudi.

Fabrice Grosfilley reçoit pour débattre de cette thématique le bourgmestre d’Auderghem Didier Gosuin (DéFI) et le responsable de la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés BXL Refugees, Mehdi Kassou.

Selon Mehdi Kassou, le problème de l’accueil des réfugiés n’est pas récent et se posait déjà lors des précédentes hausses de demandes d’asile en Belgique. Il y avait déjà des files problématiques en novembre et en décembre devant le Petit Château. Cela a même conduit à un mouvement de grève des travailleurs de Fedasil”, explique-t-il. “Personne ne pensait qu’un tel conflit pourrait arriver, mais aujourd’hui, nous en sommes là. La Belgique n’était déjà pas prête à accueillir des demandeurs d’asile en novembre. Les structures n’étaient donc pas prêtes pour accueillir autant de réfugiés ukrainiens, aujourd’hui”, confie-t-il.

Sur le plateau du Heysel, où le centre d’enregistrement des réfugiés ukrainiens pour obtenir un statut de protection temporaire a été installé, plusieurs témoignages font état de problèmes d’organisation. Les organisations voient la détresse dans les files d’attente avec des gens qui ont faim, soif, froid…”, indique Mehdi Kassou. “Certains veulent intervenir, mais les ponts ne se font pas encore. Je pense qu’on doit mettre ça actuellement sur le compte de la logistique à mettre en place. J’imagine que créer un espace de coordination avec toutes ces initiatives doit être compliqué. Mais il y a un fort tissu associatif à Bruxelles pour permettre de faire rencontrer toutes ces énergies solidaires”.

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Selon le bourgmestre d’Auderghem Didier Gosuin, il y a un problème également concernant les logements. “On voit des insuffisances de capacité d’accueil pour les logements d’urgence de maximum cinq jours. Cette capacité est normalement gérée par le fédéral. Cela a toujours été un problème et c’est intolérable“, dénonce-t-il. “Ensuite, il y a le logement à moyen terme, proposé par les citoyens. (…) Mais la guerre ne va pas s’arrêter dans un mois. Et il va falloir tout reconstruire en Ukraine. Ces réfugiés ukrainiens risquent donc d’être là pour deux ou trois ans. Et nos citoyens ne pourront pas les aider sur une aussi longue période. D’où ma proposition d’accueillir un village modulaire sur le site Delta.”

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Mehdi Kassou répond que c’est une solution possible, mais cela reste une solution intermédiaire : “Cela peut mener à une sorte de ghettoisation”, estime-t-il. Mais face à la crise du logement qui est un problème depuis plusieurs années en Région bruxelloise, Didier Gosuin estime que le fédéral doit trouver des solutions structurelles : “Il n’est pas question de donner des logements sociaux, par exemple”, dit-il.

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Gr.I. – Photo : Belga/Hatim Kaghat