Rendre ses lettres de noblesse au matrimoine

Si tout le monde connaît les journées du Patrimoine, celles du Matrimoine sont beaucoup moins connues. Et pourtant, une première édition a été organisée fin septembre dernier par les associations l’Ilot et la plateforme L’architecture qui dégenre afin de mettre en avant les bâtiments, places et autres oeuvres créées par des femmes. Prochainement, la commission de l’égalité des chances et des droits des femmes se prononcera sur une proposition de résolution afin de pérenniser ce week-end.

Béguinages, passage Marguerite Yourcenar ou encore maisons post-modernistes dessinée par une architecte sont autant de richesses peu mise en avant. Ou si elles le sont, ce n’est certainement dans une optique genré. Pourtant, les femmes ont aussi marqué de leur empreinte l’architecture et l’urbanisme bruxellois. Seulement, elles ont été moins mises en avant. Afin de le rendre leur prestige, des journées du Matrimoine ont été organisées en septembre 2019.

Au programme, visite des lieux emblématiques comme le béguinage de Bruxelles dans les Marolles, du chantier de rénovation du Cirio mené par une architecte et une tailleuse de pierre, une marche exploratoire menée avec architecte Apolline Vranken sur les architectures égalitaires. En tout, ce sont 2.500 personnes qui ont montré leur intérêt pour le projet sur les réseaux sociaux et 400 personnes ont participé sur les deux jours. “Les retours ont été extrêmement positifs, explique Apolline Vranken. Le public est curieux de ces histoires et de découvrir la place des femmes dans notre histoire et dans notre architecture. Et il n’y a pas que le côté historique car aujourd’hui, les femmes sont plus nombreuses que les hommes en faculté d’architecture. On compte aussi plus de femmes urbanistes.”

L’appropriation de l’espace public par les femmes est un enjeu de société de plus en plus prégnant. Avoir des femmes dans les équipes de conception permet aussi d’obtenir des lieux plus adaptés à toutes et tous.

Rendre l’initiative pérenne

Avec les journées du Matrimoine, le but est évidemment de mettre en avant l’héritage historique, la participation des femmes dans les multiples corps de métiers et surtout de leur donner une visibilité. Pour la première édition, un budget de 11.000 euros avait été prévu dont 8.500 euros étaient des subsides venant de la Fédération Wallonie Bruxelles, de la Ville de Bruxelles et de Saint-Gilles.

Pour cette deuxième édition qui aura lieu également le dernier week-end de  septembre, les deux organisateurs espèrent recevoir de l’argent de la Région bruxelloise. La députée, Véronique Lefrancq (cdH), va même un pas plus loin en déposant une proposition de résolution pour instaurer ces journées au même titre que celles du Patrimoine. “Le budget est de 470.000 euros pour le Patrimoine. Cela devrait être le même montant pour le Matrimoine, précise la députée. Ces associations ont le mérite d’avoir mis en place cette initiative qui est très importante. Nous avons un devoir de mémoire à faire par rapport au travail de ces femmes. Le béguinage a eu une influence plus importante que ce que nous pouvons penser.”

La proposition d’organiser chaque année des journées du Matrimoine a été signée par le PS, Ecolo, DéFi, le MR, le SP.A et le CD&V. A priori, elle sera discuté en commission dans les semaines à venir et devrait passer. Reste ensuite au ministre-président de la Région bruxelloise, Rudi Vervoort (PS) à faire les arbitrages budgétaires nécessaires.

Vanessa Lhuillier – Photo: Belga/Kristof Van Accom