Logements pour le personnel soignant : l’offre dépasse largement la demande
Que ce soit pour une sieste, une nuit ou pour un mois, de nombreux Bruxellois mettent à disposition gratuitement un logement au personnel médical. Une initiative solidaire pour tenter de soulager un peu ces personnes qui sont en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. Mais ils sont finalement très peu à profiter des logements mis à leur disposition par les particuliers.
Pour Pierre, ça a été une évidence. Dès l’annonce du confinement par les autorités il a mis à disposition du personnel soignant un logement qu’il possède dans le centre-ville. “Je suis frère et fils de médecin, j’ai moi-même fait des études de médecine. Quand j’ai appris que le corps médical était en surmenage, je n’ai pas hésité”, dit-il. C’est ainsi qu’il prête son studio, idéalement situé à quelques mètres de l’hôpital Saint-Pierre. Convaincu de la démarche, il a même persuadé des amis français, coincés en France, de faire de même avec leur appartement bruxellois. C’est une manière pour Pierre de participer à l’effort collectif. Mais jusqu’ici, seules deux personnes ont fait appel à lui. “Je suis globalement surpris du peu de demandes”, partage Pierre. “Mais je n’ai diffusé mon annonce que via mes proches ou des groupes sur les réseaux sociaux”.
Nathalie s’étonne elle aussi. Elle propose une chambre dans sa maison, tout près de l’hôpital d’Ixelles. Mais en deux semaines, elle n’a reçu aucune demande.
Une offre deux à trois fois supérieure à la demande
Du côté de Latour & Petit, le constat est le même. Depuis trois semaines, l’agence immobilière, tout comme l’Office des propriétaires, propose des biens meublés gratuitement au personnel hospitalier ou de maisons de repos le temps du confinement. “Au départ, ce sont des médecins de Saint-Luc qui nous ont contactés. Ils cherchaient un logement pour éviter de contaminer sans le vouloir leur famille”, explique Aymeric Francquin, directeur de l’agence. Depuis, de nombreux propriétaires les ont contactés et tout un système a dû être mis sur pied pour assurer ce nouveau service.
Il a fallu s’adapter rapidement. “Au début, la demande était très forte. Tout le monde cherchait des solutions, et avec le stress, l’anxiété, ce n’était pas facile. Mais depuis, les hôpitaux se sont organisés pour loger leur personnel et la demande a donc fortement diminué. Aujourd’hui, c’est davantage du personnel de maison de repos qui fait appel à nous”, détaille Aymeric Francqui.
À Bruxelles, une septantaine de biens sont ainsi disponibles via Latour & Petit. Mais selon la responsable des demandes bruxelloises, Inès Fonsny, seuls 25 logements sont occupés pour l’instant.
Succès garanti
De nombreux acteurs se sont lancés dans ce service de prêt de logement en solidarité face à la crise sanitaire du coronavirus. Parmi les derniers en date, il y a homeexchange.com. Le site, actif dans le monde entier, est spécialisé dans l’échange de maisons entre particuliers, typiquement pour les vacances. Grâce à l’impulsion de ses membres, le site a récemment décidé de proposer une catégorie “solidarité Covid-19”, où l’on retrouve des biens mis à disposition gratuitement le temps du confinement. “Prêter sa maison, c’est dans l’ ADN de nos membres”, explique la responsable communication, Lola Florin.
Pour le moment, plus de 200 logements à travers le monde sont disponibles dans cette catégorie sur le site (5 en Belgique dont 3 à Bruxelles). Avec seulement une “location” enregistrée, là aussi, on constate que l’offre est bien supérieure à la demande. Mais cela ne fait que commencer, assure Lola Florin : “Nous venons seulement de lancer l’outil, et nous nous sommes d’abord concentrés sur la mise à disposition des logements”, dit-elle. Dans tous les cas, ce sera une réussite, estime la responsable communication : “Nous n’avons pas la force de frappe de AirBnb (NDLR : qui propose également des prêts de logement en cette période), mais si ça peut aider ne serait-ce qu’une, trois, ou dix personnes, ce sera déjà gagné”.
La conclusion est la même du côté de Latour & Petit qui parle d’un véritable succès. “Les retours que nous avons sont extrêmement positifs, et ça nous pousse à continuer”, confie Inès Fonsny.
Pierre, de son côté, compte bien aussi laisser son logement à disposition jusqu’à la fin du confinement. Il s’apprête d’ailleurs à ouvrir les portes de son studio ce week-end à un nouveau locataire : une infirmière de la Croix-Rouge.
Émilie Eickhoff – Photo : Belga/Siska Gremmelprez