Crèches : selon les communes, certains parents ne payeront pas
Mercredi dernier, la conférence des bourgmestres n’a pas réussi à définir une position commune sur le paiement ou non par les parents, des forfaits crèches même si leur enfant reste à la maison. Chaque entité a ainsi pris des mesures bien spécifiques.
Avec le déconfinement, tous les enfants sont les bienvenus en crèche, quelle que soit la profession des parents. Jusqu’au 18 mai, l’ONE ne demandait pas aux parents qui gardaient leurs enfants à domicile de s’acquitter de leur forfait mensuel. Seulement, à présent, que l’on mette son bout de chou à la crèche ou pas, il faut payer.
Cependant, afin de prendre en compte les réalités de chaque famille, quelques exceptions ont été admises. Mercredi dernier, ces conditions ont été avalisées par le gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles. “Il existe des dérogations. Si l’enfant a un certificat médical, si les parents ont perdu leur emploi ou sont au chômage temporaire à cause de la crise du coronavirus ou si pour des raisons d’organisation, il est trop compliqué de mettre son enfant en milieu d’accueil, alors ces familles peuvent garder leur bébé à la maison, nous explique-t-on au cabinet de la ministre en charge de la Petite enfance à la Fédération Wallonie Bruxelles, Bénédicte Linard (Ecolo). Ces parents ne devront pas payer et l’ONE compensera le montant perdu pour les milieux d’accueil.”
L’ONE versera ainsi 16 euros par jour par enfant aussi bien pour les crèches publiques que privées. Par ailleurs, des révisions de contrat sont possibles pour les parents qui souhaiteraient réduire le nombre de jours de présence de leur enfant. Le gouvernement a validé ces mesures qui doivent encore passer en deuxième lecture ce jeudi. Elles seront valables jusqu’au 31 août.
Par ailleurs, certaines crèches demandent des certificats médicaux si les parents ne souhaitent pas remettre leur enfant.
Des prises de position dans les communes
Au niveau communal, certaines entités bruxelloises ont décidé d’être plus généreuses. A Auderghem, Forest ou Ixelles, il a ainsi été décidé que tous les parents qui ne souhaitent pas mettre leur enfant en crèche communale ne devront rien payer au mois de mai. Cela représente environ un budget de 30.000 euros pour Ixelles. “Nous avons actuellement un taux d’occupation de 40%, explique l’échevine de la Petite enfance, Anaïs Camus (Ecolo). Evidemment, les parents peuvent revoir leur contrat afin qu’ils ne prennent pas une place dont ils n’auraient pas besoin.”
A Anderlecht, on a décidé de ne rien faire payer aux parents. A l’inverse, Schaerbeek applique strictement les mesures préconisées par l’ONE. “Les enfants reviennent petit à petit, ajoute l’échevin de la Petite enfance, Michel De Herde (DéFi). Le taux d’occupation est de 50% sur les 650 places que la commune gère. La confiance des parents revient aussi puisque tout se passe normalement.”
A Uccle, aucune décision n’a encore été prise par rapport à une éventuelle compensation communale. Cela sera discuter en collège la semaine prochaine. Idem à Molenbeek où on attend une notification officielle mais on estime que le budget serait de 32.000 euros pour le mois de mai.
A la Ville de Bruxelles, on fait du cas par cas. “Nous avons sondé les parents et un quart ne souhaite pas remettre son enfant en milieu d’accueil, raconte l’échevin de la Petite enfance, Arnaud Pinxteren (Ecolo). Leurs raisons sont soit financières et alors l’ONE peut intervenir, soit ils sont anxieux. Pour ces derniers, nous leur demandons de se positionner clairement. Souhaitent-ils mettre leur enfant quelques jours pour tester ou alors pas du tout? Nous ne pouvons pas mobiliser du personnel qui ne sera pas utile. Aujourd’hui, nous pensons que 50% des 1.600 enfants ne reviendront pas en crèche avant septembre. Nous avons donc débloqué un budget de 150.000 euros pour compenser les pertes des milieux d’accueil. Les parents ne devront rien payer jusqu’au 31 août et ils peuvent aussi revoir leur contrat.”
Ces aides communales ne valent évidemment que pour les crèches publiques agréées par l’ONE. Pour les privées, ce sont les mesures de l’ONE qui prévalent. Les communes ont alerté la Fédération Wallonie Bruxelles sur le caractère délicat de ces décisions.
Vanessa Lhuillier – Photo: Belga/Virginie Lefour