La vaccination avec AstraZeneca se poursuit en Belgique : il serait “irresponsable d’arrêter”

La Belgique va poursuivre la vaccination avec le vaccin d’AstraZeneca, sur base des avis scientifiques d’experts européens et belges, confirme lundi soir la task force Vaccination.

Cette task force dit suivre la décision de la conférence interministérielle Santé Publique, qui s’appuie sur l’avis en la matière du Conseil supérieur de la Santé rendu plus tôt dans l’après-midi. Elle suit également la position de l’Agence européenne des médicaments (EMA).

Le vaccin d’AstraZeneca a déjà été administré massivement dans le monde entier, et le taux de thrombose chez les personnes vaccinées est plus faible que dans la population générale, relève la task force, selon qui le vaccin AZ est “bon”, “sûr” et “efficace”. Il réduit de 94 % le risque d’hospitalisation des personnes atteintes d’une infection et les avantages pour la santé publique de la poursuite de la vaccination “l’emportent largement” sur les inconvénients.

La task force, dont l’objectif est de vacciner plus de 70% de la population, assure que la sécurité et la santé des citoyens constituent une priorité plus importante que leur participation à la campagne.

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Chaque cas de thrombose “suivi de près”

Chaque cas de thrombose constaté après l’administration du vaccin d’AstraZeneca est enregistré par l’Agence belge des médicaments (AFMPS) qui, après analyse, transmet ces données à l’EMA. Chaque cas est pris au sérieux et suivi de près, insiste la task force.

D’après l’AFMPS, à ce jour, six cas d’événements thromboemboliques et d’autres affections liées à des caillots sanguins ont été signalés en Belgique, après une injection du vaccin d’AstraZeneca. L’agence fédérale des médicaments rappelle cependant que chaque année, plusieurs milliers de personnes dans l’Union européenne développent des caillots sanguins pour diverses raisons. “L’incidence des événements thromboemboliques chez les personnes vaccinées ne semble pas être généralement plus élevée que dans la population générale“, ajoute-t-elle.

L’AFMPS appelle les personnes qui pensent subir un effet indésirable à la suite d’une vaccination à le signaler (via le site internet www.notifieruneffetindesirable.be).

Les experts et les décideurs suivent de très près toutes les informations et les faits qui surviennent, souligne-t-elle. Elle suivra l’avis qui sera rendu jeudi par l’Agence européenne des médicaments. “Entre-temps, les vaccinations, si essentielles, se poursuivront sans relâche afin que nous puissions reprendre notre vie normale le plus rapidement possible, dans des conditions optimales”, conclut la task force.

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Plus tôt dans la soirée, le Conseil supérieur de la santé (CSS) avait indiqué maintenir sa décision de poursuivre la vaccination contre le Covid-19 avec le vaccin AstraZeneca en Belgique, dans un avis urgent adressé au ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke (sp.a) et au président de la taskforce vaccination, Dirk Ramaekers.

“C’est une course contre la montre”

Le ministre Vandenbroucke a, lui, estimé dans la foulée qu’il serait “irresponsable” en ce moment de suspendre la vaccination avec le vaccin d’AstraZeneca, comme l’ont fait l’Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Lettonie ou encore la France dans l’attente de la position de l’EMA jeudi. “Pour nous, la balance est claire et nette”, a indiqué le ministre sur le plateau du JT de la RTBF, lundi soir. “C’est une course contre la montre”, rappelle-t-il. “Il y a une vraie hausse des contaminations, une augmentation importante des hospitalisations,…”

Dans ce contexte, “sachant qu’il y a tellement de circulation du virus”, on ne peut pas se permettre d’interrompre la vaccination avec le produit d’AstraZeneca, estime-t-il. “C’est un très bon vaccin qui protège contre cette maladie qui est terrible, (…) et qui entraine souvent la mort”. Il est donc important, selon lui, que les “milliers de personnes, surtout des personnes âgées qui sont très vulnérables vis-à-vis du virus”, aillent bien se faire vacciner les prochains jours, comme prévu.

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Pas de risque accru de thrombose, selon les premières données européennes

“Actuellement, les données dont nous disposons ne nous permettent pas de dire qu’il y ait un risque supplémentaire lié au vaccin AstraZeneca dans le domaine des thromboses ou des thromboembolies. Il a été employé de manière massive, à peu près de l’ordre de 5,5 millions (de doses, NDLR) dans l’Union européenne et de pratiquement 10 millions (de doses, NDLR) au Royaume-Uni et donc, dans cette masse d’informations, aucun signal ne nous fait penser que nous sommes en train de dépasser le taux prévu, le taux normal dans une population générale, de pathologies thromboemboliques”, a expliqué de son côté le porte-parole interfédéral Covid-19 Yves Van Laethem.

“Certains signaux font même penser, qu’éventuellement, nous avons moins de thromboembolies dans le groupe de la population en question mais le principe n’est pas à ce niveau-là, le principe est de vérifier que nous n’avons pas là un risque accru de pathologies. Nous croyons donc sur cette base-là que le vaccin est non seulement un bon vaccin, montré par les études cliniques, mais un bon vaccin sur le terrain”, a ajouté le porte-parole  interfédéral Covid-19.

L’efficacité du vaccin AstraZeneca semble en effet se confirmer outre-Manche, et notamment en Écosse où, selon une étude, il affiche une efficacité de plus de 90% pour les formes sévères du Covid-19 chez les personnes les plus âgées et les résidents de maisons de repos.

Avec Belga – Photo : Belga/Pool Olivier Matthys

■ Informations complémentaires par Sabine Ringelheim dans Toujours + d’Actu.

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16 mars 2021 - 13h45
Modifié le 16 mars 2021 - 16h41