La prise en charge des patients infectés par le Covid-19 : un coût élevé pour les hôpitaux
Il est trop tôt aujourd’hui pour évaluer le coût pour le patient d’une hospitalisation pour le Covid-19. De nombreux paramètres entrent en ligne de compte. Pour autant, la facture ne devrait pas être différente d’une hospitalisation classique. Mais pour les hôpitaux, elle risque en revanche de grimper.
“Les patients ne doivent pas s’inquiéter, car il n’y aura pas de supplément d’honoraire“, rassurent les Mutualités chrétiennes et Solidaris (Mutualité socialistes). Mais elles ajoutent : difficile à ce stade, d’estimer le coût d’une hospitalisation. Quand un patient arrive via les urgences, ce qui est le cas pour les Covid-19, il est pris en charge sous le “statut chambre commune”, autrement dit, sans aucun surcoût, explique le Dr Benoît Debande, directeur administratif et financier du Chirec. Il payera donc le même prix quel que soit l’hôpital qui l’accueille : le ticket modérateur. Si le patient doit être isolé en chambre simple en raison de la nécessité des soins, il reste sous “statut chambre commune”, sans supplément d’honoraire.
Mais il est bien trop tôt pour évaluer le montant de la facture pour le patient, nous répondent la plupart des établissements hospitaliers que nous avons contactés. Au département financier des Cliniques Saint-Luc, on nous indique qu’il faudra plusieurs mois avant d’avoir suffisamment de recul pour faire une estimation des coûts. Ceux-ci dépendent en effet de nombreux paramètres : passage ou non pas une unité de soins intensifs, coût des mesures d’hygiène et du matériel, mais aussi des durées de séjour.
“On observe de manière générale avec les patients Covid un allongement de la durée moyenne de séjour“, relève-t-on au Chirec. Ainsi, s’ils sont pris en charge en hospitalisation classique, cela dure en moyenne une semaine, en oxygénation. S’ils sont pris en charge en soins intensifs, les patients sont intubés pendant trois semaines en moyenne. Ensuite, il faut encore compter au minium une semaine de récupération à l’hôpital. Et plus le patient est âgé, plus ce sera long. Mais les situations sont variables. Pour certains, l’oxygénation suffit et ne dure pas.
Facture salée pour les hôpitaux
La facture pour les hôpitaux risque bien, elle, de grimper. Car les secteurs des urgences et des soins intensifs sont structurellement déficitaires, nous explique le Dr. Debande : “Généralement, ces secteurs-là sont équilibrés par ceux qui rapportent plus. Mais aujourd’hui, nous sommes mis sous plan d’urgence hôpital, c’est-à-dire la suspension de toutes les interventions non urgentes. L’hôpital a ainsi perdu 90% de ses activités habituelles, dont celles qui permettent de financer les activités déficitaires.”
Les coûts supplémentaires pour les hôpitaux ne seront donc pas compensés par les recettes. En outre, la prise en charge des patients Covid-19 nécessite davantage de personnel, du matériel plus lourd, des mesures d’hygiène renforcées. Sans même parler des appareillages spécifiques, le coût des surblouses de protection du personnel hospitalier, par exemple, s’avère exorbitant : non seulement il en faut beaucoup plus mais leur prix a été pratiquement multiplié par 10 en raison de la spéculation. “On les paie aujourd’hui 4 euros pièce, au lieu de 50 centimes avant la crise du coronavirus“, déplore le Dr Debande.
Sabine Ringelheim – Photo : Belga/Benoît Doppagne