Covid-19 : un collectif d’universitaires affirme que les récentes mesures sont “inefficaces et infondées”

Police Mesures Masques Covid-19 Rue Neuve - Belga Virginie Lefour

Les mesures restrictives pour contrer la troisième vague de coronavirus en Belgique sont arrivées trop tard pour influencer l’épidémie, affirme ce mardi le collectif “Covid rationnel”, qui réunit des universitaires de différentes disciplines, dans un document analysant l’impact de ses mesures sur l’épidémie de Covid-19.

Fin mars, le Comité de concertation (Codeco) avait notamment décidé de fermer les écoles et les métiers de contacts, ainsi que de limiter les activités extrascolaires et en extérieur. Le pic de l’épidémie est arrivé de manière beaucoup trop rapprochée pour que ce “troisième confinement” ait un réel impact, argumente le think thank “Covid rationnel” formé entre autres de professeurs et chercheurs mathématiciens, virologues, médecins ou encore anthropologues et politologues.

Cette analyse d’impact a été réalisée par Christine Dupont (professeur à l’UCLouvain et bioingénieur), Denis Flandre (professeur d’ingénierie et de bio-informatique à la KULeuven), Raphaël Jungers (professeur de mathématiques appliquées à l’UCLouvain), Vincent Laborderie (politologue à l’UCLouvain) et Pierre Schaus (professeur à l’UCLouvain et ingénieur civil en informatique).

“Pas de raison de craindre une saturation des hôpitaux”

Les auteurs de ce document pointent que le nombre de cas avait déjà commencé à descendre alors que les restrictions n’avaient pas encore eu le temps de faire effet. Une évolution “prévisible au moment de la tenue du Codeco”, estiment-ils, “à condition de regarder l’ensemble des indicateurs et en particulier le point d’inflexion des cas positifs”.

Le collectif observe par ailleurs que les indicateurs n’ont pas évolué de manière exponentielle au cours de la troisième vague, contrairement aux deux précédentes : la hausse était continue, mais plus lente que lors des deux précédentes hausses. “Il n’y avait donc pas lieu de craindre une saturation des services hospitaliers”, juge-t-il. Le fait que 46% des lits de soins intensifs soient occupés par des patients positifs au SARS-Cov-2 place les hôpitaux et les équipes soignantes dans une situation proche de la saturation, comme souvent en fin de saison hivernale. Ceci oblige ces derniers à réorganiser les programmes opératoires électifs. Ce que nous discutons ici, c’est l’opportunité de la prise de décision et son impact avéré ou non, au niveau temporel, pour réduire le niveau d’occupation des soins intensifs“, affirme le collectif.

Voir aussi : “Les indicateurs sont globalement au vert clair” (vidéo)

“Pas de recommandation” sur la fermeture des écoles

L’école n’était en outre pas le moteur de l’épidémie, estime l’étude. “Tous les indicateurs disponibles montrent que la situation n’a pas évolué de ce point de vue depuis la fin de la deuxième vague”, écrivent les auteurs. Des données qui rejoignent selon eux la littérature scientifique ainsi que les rapports de l’Institut de santé publique Sciensano.

En plus de provoquer des dégâts sociaux, éducatifs et psychologiques, fermer les écoles constitue pour eux un risque : cela conduit à adopter des comportements “potentiellement plus dangereux que le fait de laisser les écoles ouvertes”, comme faire garder les enfants par les grands-parents ou voir ses amis en dehors du cadre scolaire. Il est par ailleurs utile de mentionner qu’aucun rapport officiel du GEMS n’a, à notre connaissance, recommandé la fermeture des écoles. Les experts conseillant le gouvernement semblaient plutôt divisés sur cette question”, indique encore le groupe.

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“Changer de méthode”

“La décision d’opérer un troisième confinement s’est faite dans un contexte de peur, peu propice à une analyse rationnelle et prudente des données à disposition”, regrette le collectif, qui plaide pour annuler le plus vite possible ces mesures. Les experts demandent que les classes du secondaire rouvrent complètement en présentiel et que l’horeca reprenne ses activités le 1er mai comme annoncé.

Le collectif affirme encore que “le niveau des hospitalisations a déjà connu son maximum le 9 avril et est aujourd’hui redescendu sous la barre des 900 patients”. Or, les dernières données de Sciensano montrent qu’au 12 avril, 919 personnes sont aujourd’hui hospitalisées aux soins intensifs pour une contamination au Covid-19 (soit 20 de plus que la veille), et que 549 de ces patients sont sous assistance respiratoire, une courbe qui n’a jamais cessé d’augmenter depuis le 20 février.La situation épidémiologique est en effet meilleure aujourd’hui que ne le laissaient paraître les simulations au moment de décider du 3ème confinement, dit encore ce groupe.

Découvrez les statistiques quotidiennes de l’état de l’épidémie de Covid-19 en Région bruxelloise (infographie)

“Il importe de changer de méthode dans la gestion de l’épidémie et dans la prise de décision afin d’éviter que le reconfinement apparaisse comme la solution dès que les services hospitaliers sont sous tension”, conclut le “Covid rationnel”.

Cette analyse d’impact est publiée à la veille d’un Comité de concertation, qui doit revenir notamment sur la réouverture des écoles, des magasins considérés comme non-essentiels et de l’horeca, ainsi que l’interdiction des voyages non-essentiels.

Gr.I. avec Belga – Photo : Belga/Virginie Lefour

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13 avril 2021 - 16h00
Modifié le 13 avril 2021 - 16h00