Le Codeco maintient les mesures en vigueur : “La 5e vague de Covid-19 a bien commencé”
Un nouveau Comité de concertation s’est déroulé ce jeudi matin pour évaluer les actuelles mesures de lutte contre la propagation du Covid-19, alors que le variant Omicron poursuit sa progression en Belgique et dans le monde.
Représentants des gouvernements fédéral et des entités fédérées ont démarré leur réunion à 9h30 sous forme hybride (partiellement en virtuel), principalement pour faire un état des lieux de la situation sanitaire actuelle.
“Cette année ne sera pas une année facile. La situation est meilleure qu’à la même époque, l’année précédente. Mais les semaines et les mois à venir seront encore parsemés de moments difficiles. Il y aura sûrement des nouvelles positives, mais également des obstacles”, annonce le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) en introduction de cette conférence de presse.
“De 30 000 à 125 000 nouveaux cas par jour d’ici à la mi-janvier”
Alexander De Croo a ensuite donné la parole à Steven Van Gucht, porte-parole du GEMS, le comité scientifique chargé de donner ses analyses aux politiques. Ce dernier a présenté les actuelles données de la situation épidémiologique en Belgique, spécialement par rapport au variant Omicron, considéré comme plus contagieux que les précédents variants du Covid-19.
“La 5e vague a bel et bien commencé”, a-t-il annoncé. “L’évolution de ces derniers jours montre des taux records au niveau des nouvelles contaminations avec plus de 28 000, voire 29 000 nouveaux cas annoncés pour ce mardi 4 janvier. Les fêtes de fin d’année peuvent expliquer ces chiffres, mais aussi le variant Omicron qui se répand très rapidement et qui peut contaminer des personnes déjà immunisées contre le Covid-19. Les premiers modèles montrent que le nombre de nouveaux continue d’augmenter : nous pensons que le pic des contaminations sera atteint vers la mi-janvier, avec 30 000 à 125 000 nouveaux cas par jour“.
Le variant Omicron moins grave qu’attendu ?
Steven Van Gucht précise que la hausse actuelle est actuellement plus importante en Région bruxelloise, dans le Brabant flamand et le Brabant wallon. “Ce variant touche plus facilement les grandes villes“, précise-t-il. “Mais les autres provinces risquent bien d’être touchées prochainement. Tout comme les plus jeunes, actuellement en vacances scolaires”.
Le porte-parole du GEMS ajoute que le pic des hospitalisations risque d’être prévu pour la fin du mois de janvier, en raison d’un délai entre les nouvelles contaminations et les hospitalisations. Le pic attendu pourrait grimper jusqu’à 400 à 1 300 admissions par jour à l’hôpital, pour une occupation totale de 2 500 à 10 000 lits d’hospitalisation. En soins intensifs, par contre, “il est très difficile de faire des prévisions”, dit Steven Van Gucht. “Mais si Omicron est moins grave et que la 3e dose de vaccin fonctionne bien, notre capacité devrait suffire pour faire face à cette cinquième vague”. Actuellement, il se confirme qu’une contamination au variant Omicron a 50 à 75% de développer une forme grave du virus, précise-t-il encore.
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Dose “booster” : une protection améliorée de 60 à 70%
Concernant les personnes en maisons de repos, plus fragiles, Steven Van Gucht précise que la situation reste favorable, mais qu’une augmentation se fait sentir au niveau des admissions à l’hôpital et des décès. Cela peut s’expliquer par le délai depuis la troisième dose, injectée voici trois à quatre mois pour la plupart de ces personnes en MR et MRS.
Cette nouvelle dose de vaccin, la dose “booster”, améliore la protection contre le virus de 60 à 70%, confirment les données de l’Institut belge de santé publique Sciensano. Cette dose ne protège toutefois plus qu’à 40%, dix semaines après l’injection, indiquent des données venues de l’étranger. Mais celles-ci n’ont pas encore pu être confirmées par Sciensano, précise Steven Van Gucht. Il précise que les données confirment que 46% des patients Covid-19 aux soins intensifs sont des personnes non-vaccinées. “Les personnes vaccinées ont six à neuf fois moins de chances d’être admises aux soins intensifs que les personnes non-vaccinées. Le vaccin diminue le risque de décès par huit”, indique encore le porte-parole du GEMS.
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Maintien des mesures et 3e dose
Alexander De Croo a repris la parole pour confirmer “le maintien maximal des mesures existantes. Nous visons la prudence et une stabilisation des mesures en vigueur”, dit-il. Il confirme également l’accent mis sur l’administration de la dose “booster” pour l’ensemble de la population belge. Il rappelle l’importance de se rendre le plus rapidement possible dans une antenne ou un centre de vaccination pour obtenir cette dose de rappel du vaccin.
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Il rappelle également l’importance de l’aération des pièces en intérieur, le port du masque et même du masque FFP2 dans des endroits trop étroits ou auprès de personnes fragiles. Le télétravail reste obligatoire quatre jours par semaine. Les mesures concernant l’horeca et les événements en intérieur et en extérieur sont également confirmées.
Quid du baromètre ?
Un plan de gestion de crise, ou un baromètre, va être lancé par le commissaire corona Pedro Falcon, ajoute Alexander De Croo. Ce baromètre permettra de mieux analyser et décider des mesures nécessaires pour faire face au Covid-19.
Au sujet de ce futur baromètre, “tout” est encore “à discuter” dans l’ébauche qui a été présentée mardi aux représentants de la culture, selon le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke (Vooruit). “Nos procédures de décision lors des derniers Codeco n’ont pas été les meilleures”, admet-il. “Il faut un ‘reset’ de la méthode et c’est ce que l’on va essayer de faire”.
Le ministre socialiste a déjà tenté de répliquer aux premières craintes émises par la culture, qui s’inquiète de limitations maximales d’occupation des salles sans proportion avec les capacités réelles. Ce qui a été présenté était une application pratique du baromètre pour un certain type d’évènements, a affirmé Frank Vandenbroucke. La logique serait différente pour l’horeca, ou encore pour la jeunesse, selon lui. Il s’agira de “créer un schéma de décision plus équilibré entre les secteurs, plus prévisible et proportionnel, un ensemble bien structuré de mesures logiques et cohérentes en fonction de la situation épidémiologique”. Mais il n’y aura “pas de déclenchement automatique”, répète-t-il : le baromètre “invitera le Codeco à réfléchir à certaines mesures” lorsqu’un seuil se présente.
► Revivez la conférence de presse du Comité de concertation en vidéo ci-dessous :
Gr.I. – Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck
■ Reportage de Jean-Christophe Pesesse et Pierre Delmée.