Commission Covid : des refus d’hospitalisation ont été constatés lors de la première vague

Selon des auditions menées ce jeudi matin par la commission spéciale Corona (diffusées en direct sur BX1 et BX1.be), il se confirme que des refus d’hospitalisation au cas par cas ont été constatés lors de la première vague, en raison notamment d’une communication défaillante d’une note d’information de la Société Belge de Gériatrie et de Gérontologie, mais aussi une méconnaissance, au niveau des hôpitaux de la situation dans les maisons de repos.

Les députés de cette commission spéciale au Parlement bruxellois ont entendu Sandra de Breucker, membre de la société belge de gérontologie et de gériatrie, ainsi que Paul Cosyns et Guy Lebeer du comité consultatif de bioéthique.

Sandra De Breucker a admis que la communication, dans l’urgence, d’une note d’information relative à la décision quant à l’opportunité d’hospitaliser les personnes âgées lors de la première vague n’avait pu être bien préparée. S’en est suivi un mauvais cadrage des médias qui ont été source d’informations erronées au sujet du contenu de cette note faisant référence à l’échelle de fragilité du patient et du score à partir duquel une hospitalisation n’était pas recommandée.

Lire aussi notre dossier de la rédaction consacré à la séance publique du 14 janvier : Des hôpitaux ont refusé l’admission de résidents de maisons de repos

La représentante de cette société multidisciplinaire non subsidiée, composée de médecins, infirmiers, paramédicaux issus des hôpitaux, et des Maisons de repos (et de soins) a reproché aux autorités politiques fédérales et bruxelloises un screening tardif de la situation dans les maisons de repos, entamé seulement le 22 avril. Elle a également évoqué  une absence de concertation autour des mesures sanitaires et une absence de collaboration directe avec Iriscare durant la première vague.

“Des renvois inappropriés vers les maisons de repos”

Plus largement, il y a eu un manque, selon elle, dans la société et essentiellement du côté francophone, d’une culture de l’intensité des soins et d’information des familles sur ce qui se passe dans les maisons de repos.

Dans les hôpitaux, il y a eu des refus au cas par cas de patients âgés. On y a observé une méconnaissance de la spécificité médicale du patient âgé, source de traitements inadaptés, et de la situation en maisons de repos. Cela a engendré des renvois inappropriés de patients vers celles-ci. Mais à ses yeux, c’est le principe du “triage” qui est “épouvantable” alors que l’on n’a connu que deux jours de saturation dans les hôpitaux.

Elle a également pointé le fait que certaines règles étaient appliquées différemment selon les services, notamment concernant les visites de proches des patients, ou les cérémonies funéraires.

Revivez toutes les auditions de la commission spéciale Corona dans notre replay

“Le lucratif dans une entreprise humaine pose un vrai problème”

Dans les maisons de repos, il a manqué d’un plan de lutte global contre les infections. Les médecins corodinateurs ont été débordés par la “démission massive” des médecins généralistes durant la première vague. Le personnel en nombre insuffisant y manque de formation dans les domaines de la gériatrie et des soins palliatifs. Il n’y a pas eu de concertation avec les gériatres.

Sandra De Breucker a enfin eu des propos très durs pour le secteur privé des maisons de repos dont “le personnel est bashé en permanence”, et qui est “responsable de l’image péjorative des maisons de repos”. “Le lucratif dans une entreprise humaine pose un vrai problème éthique et moral”, a-t-elle commenté.

“Manque de matériel et de personnel”

Pour le Comité de Bioéthique, Paul Cosyns, a aussi témoigné du constat d’un renvoi au cas par cas de patients vers les maisons de repos durant la première vague et déploré que des patients qui auraient été pris en charge en temps normal ne l’ont pas été. Il a également jugé que les maisons de repos du secteur public s’en étaient globalement mieux sorties lors de la première vague. Selon lui, globalement, la méconnaissance scientifique et médicale du Covid-19 et le manque tant de matériel de protection de base que de personnel suffisamment formé dans les maisons de repos ont déstabilisé la situation.

Pourtant, l’avis 48 du comité de bioéthique publié en 2009 dans le contexte de l’épidémie d’influenza recommandait la constitution de stock d’équipements. Il n’en a pas été tenu compte, a-t-il constaté.

■ Extrait des auditions de ce jeudi 28 janvier lors de la commission Corona au Parlement bruxellois

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28 janvier 2021 - 13h55
Modifié le 28 janvier 2021 - 16h24