Sécurité, pouvoir d’achat, politique internationale: retour en trois points sur le débat des têtes de liste à la Chambre

Retour sur le débat de ce lundi 27 mai. Nous y accueillions les têtes de liste des partis francophones, candidats à la chambre, en vue du scrutin du 09 juin prochain. 

Autour de la table de Fabrice Grosfilley, Nabil Boukili (PTB), François De Smet (DéFI), Elisabeth Degryse (Les Engagées), Caroline Désir (PS), Valérie Glatigny (MR) et Rajae Maouane (Ecolo).  

Voici les grandes lignes à retenir de cette discussion : 

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Sur la question de la sécurité et de la justice

  • Pour Les Engagés, nous sommes en grand déficit de personnel et de budget dans le secteur de la sécurité, à cause des deux précédents gouvernements. Leur priorité, c’est plus de policiers. La légalisation du cannabis permettrait aussi d’assécher l’économie souterraine. Ils souhaitent également agir avec approche spécifique sur la santé des consommateurs, notamment avec une nouvelle salle de consommation à bas risque à Bruxelles. Il faut aussi renforcer la justice pour que le travail soit plus efficace. Ils ne sont pas en faveur d’une fusion des zones de polices à Bruxelles : la priorité est de lutter contre le narcotrafic. 
  • Le PS aborde d’abord la violence liée à la criminalité et au trafic de drogue, à réprimer notamment par le port d’Anvers en augmentant un contrôle des douanes. Selon Caroline Désir, nous payons actuellement les mesures d’austérité du gouvernement MR-NVA, qui a coupé dans les budgets de la police et la justice. Aujourd’hui, il faut renforcer la police fédérale et la police de proximité. Il faut suivre l’argent du narcotrafic et s’occroyer l’expertise nécessaire, tant à la police judiciaire fédérale, qu’au parquet. Le PS est également opposé à la fusion des zones de police. 
  • DéFI considère également que nous payons encore le désinvestissement de la Suédoise. Il manque aussi de magistrats, notamment pour des raisons linguistiques, et l’Etat peut simplifier cela. De plus, il faut renforcer la police de quartier mais DéFI exclut la fusion des zones de police et opte plutôt pour un refinancement adapté. Pour François De Smet, nous devons faire face aux réseaux de narcotrafic et cibler les intermédiaires qui permettent cette criminalité. Leur proposition est celle d’un parquet national financé et un/une secrétaire d’Etat à la lutte contre la criminalité organisée. 
  • Au PTB, il faut un engagement pour la lutte contre l’insécurité liée au trafic de drogues et la grande criminalité, en renforçant la police judiciaire fédérale, les services de douanes, en suivant l’argent de la criminalité et en investissant dans le contrôle fiscal. Il faut aussi plus de police de sécurité dans les quartiers, à long terme, en créant du lien avec les habitants, pour permettre un meilleur climat. Enfin, il faut voir les consommateurs de drogue comme des patients à soigner, et donc investir dans des services de prévention.  
  • Le MR opte pour un plan national de lutte contre l’insécurité urbaine et une attention particulière au narcotrafic. Ils plaident pour une comparaison immédiate et un durcissement des peines. Leur message très clair pour les consommateurs : ne pas consommer ! Le MR est en faveur d’un financement des forces de police et de justice à partir des saisies de drogue. Ils souhaitent également engager des militaires pour surveiller les eaux portuaires d’Anvers et les sites nucléaires, afin de libérer la police et la laisser travailler sur le narcotrafic. Enfin, le MR est en faveur d’une fusion des zones de police bruxelloise. 
  • Pour Ecolo, il faut prendre d’assaut le problème de drogues, à Anvers. La droite a définancé la police et la justice mais aujourd’hui il faut investir davantage dans la police de proximité et protéger les familles et les quartiers. Ils veulent aussi lutter contre la fraude fiscale, en engageant notamment des inspecteurs. Ecolo veut mettre en place un réel parcours d’accompagnement pour ceux qui consomment et investir dans les institutions de soutien. Ils soutiennent la légalisation du cannabis, pour encadrer et assécher le banditisme lié au trafic. Pour autant, ils sont contre la facilitation des drogues dures. 
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Sur le pouvoir d’achat

  • DéFI veut mettre en application deux leviers. D’abord une réforme fiscale : il faut libérer le travail et mettre fin aux niches fiscales comme les voitures salaires. Ensuite, il faut augmenter le taux d’emploi en investissant dans la formation. Pour ce parti centriste, nous devons encourager les entrepreneurs et permettre aux Bruxellois et aux Wallons de développer leurs propres emplois et des PME.
  • Les Engagés plaident pour une réforme fiscale ambitieuse. Ils veulent diminuer la taxation de 20% sur le travail. Cela permettrait d’augmenter le salaire net des travailleurs et donc d’éviter ceux qui ne travaillent pas car le travail leur couterait ou leur compliquerait la vie. En cela, ils augmenteraient le nombre de personnes à l’emploi. Elisabeth Degryse défend également une taxation sur le revenu du capital et une suppression des niches fiscales et des voitures salaires.  
  • Du côté du PS, il faudrait une augmentation des salaires de 300 euros net par mois, par une réforme fiscale, en mettant à contribution les ultra-riches : 2-3% de la population qui possède plus de 1,25 millions d’euros en patrimoine (hors habitation privée et revenus affectés à l’activité professionnelle). Le PS s’engage aussi pour une garantie de l’indexation automatique des salaires : travailler doit être plus rémunérateur que de ne pas travailler. Et enfin, un salaire minimum pour les travailleurs de 2800 euros brut par mois.
  • Le PTB veut une TVA à 0% sur les produits de 1ère nécessité et permettre l’augmentation des salaires et des négociations libres des rémunérations pour les travailleurs.
  • Le MR reconnait avoir bloqué la réforme fiscale car ils entendent aussi réformer le marché du travail, pour que cela fonctionne. Ils annoncent vouloir doper le pouvoir d’achat, en mettant plus de gens au travail, pour un différentiel plus grand entre ce qu’on gagne avec un salaire et avec des allocations sociales. Pour le parti de Valérie Glatigny, il faut notamment relever la quotité exemptée d’impôts à 15.156 euros par an, avec donc une neutralisation de l’impôt jusqu’à ce niveau-là. 
  • Enfin pour Ecolo, le travail est trop taxé. Mais ils défendent de taxer davantage le patrimoine à partir d’un million d’euros (hors outil de travail et maison d’habitation) pour augmenter les bas et moyens salaires, à hauteur de 300 euros net par mois. 
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Sur la politique internationale 

  • Le MR appelle à un cessez-le-feu et souhaite une reconnaissance des deux Etats. La question est de savoir quand reconnaitre la Palestine : cela se fera mais il faut établir des critères et les frontières. Il faut assurer la sécurité dans la région et tous les droits pour la Palestine. Il doit s’agir d’un levier pour assurer la paix. 
  • Le PS se défend d’avoir voté une reconnaissance de la Palestine il y a 9 ans. Ces derniers jours, la Belgique a loupé une occasion de rejoindre le mouvement européen de reconnaissance de l’Etat palestinien, au-delà du symbole. Reconnaitre deux Etats est la condition pour une paix entre ces deux entités.  
  • Les Engagés soutiennent la reconnaissance de l’Etat palestinien, c’est un levier indispensable pour arrêter les violences. 
  • Pour DéFI, il faut impérativement mettre fin à ce qui se passe. Les deux peuples ont droit à leur Etat et leur sécurité. Ce n’est pas que symbolique, il faut de la stabilité. La reconnaissance doit être l’aboutissement d’un processus de paix que nous devons entamer dès maintenant, en faisant pression pour que l’Europe le défende. 
  • Le PTB dénonce l’hypocrisie des partis traditionnels et de la politique européenne. Pour eux, il faut se ranger du côté du droit international et respecter les frontières de 1967. Il faut sanctionner Israël, sinon nous sommes complices en tant que partenaire économique. Pour Nabil Boukili, il s’agit d’une demi-mesure par rapport à nos actions pour l’Ukraine. 140 pays reconnaissent la Palestine et nous sommes à la traine. 
  • Pour terminer, Ecolo rappelle que le droit international doit être notre boussole. Il faut marquer l’histoire en reconnaissant l’Etat palestinien. Cela fait partie de l’accord de gouvernement. Pour Rajae Maouane, il faut être cohérent par rapport à ce qu’on a pris comme sanctions par rapport à la Russie. Natanyaou reste sourd : il faut des paquets de sanctions envers Israël. 

Quant à savoir si la Belgique doit monter en puissance dans le soutien aux Ukrainiens face à la Russie, les candidats à la chambre se rassemblaient autour de l’idée qu’il faut continuer à supporter l’Ukraine. Pour Les Engagés, il faut développer une défense européenne forte et devenir incontournable sur le plan géopolitique. Le PS et DéFI soutiennent également une aide militaire pour faire respecter le droit international et n’excluent pas une augmentation des budgets de la défense et une éventuelle mobilisation de nos soldats. Ecolo défend l’importance de toucher aux avoirs russes. Le MR propose de continuer les négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union Européenne et ne ferme pas non plus tout à fait la porte à l’envoi de forces armées pour faire face à la Russie. Enfin, le PTB plaide pour une porte de sortie diplomatique : pour Nabil Boukili, il faut négocier avec Poutine pour arrêter cette guerre. 

L’entièreté du débat est à regarder en replay sur BX1.be.  

Ce mardi 28 mai, à 18h30, c’est Michel Geyer qui recevra Francis Dagrin (PTB), Alain De Neef (Les Engagés), Barbara Trachte (Ecolo), Olivier Willocx (MR), Myriem Amrani (PS) et Alexandra Philippe (DéFI) pour un débat sur le travail et l’économie à Bruxelles. A retrouver en TV, radio et sur le web.

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28 mai 2024 - 12h14
Modifié le 28 mai 2024 - 16h53