Fédération Wallonie-Bruxelles : quelles sont les attentes des enseignants ?
Ce jeudi 30 mai à 18h30, Fabrice Grosfilley et Audrey Degrange (Vedia) donnent rendez-vous aux présidents des six principaux partis francophones à Bruxelles pour un débat autour de la Fédération Wallonie-Bruxelles: à suivre en direct à la TV, à la radio et sur BX1.be.
Autour de la table, Georges-Louis Bouchez (MR), Caroline Désir – qui remplace Paul Magnette (PS), François Desmet (DéFI), Raoul Hedebouw (PTB), Rajae Maouane (Ecolo) et Maxime Prévot (Les Engagés) pour discuter du décret inscription, du décret paysage, du budget, de l’organisation des francophones, de l’état des bâtiments, des IPPJ, des formations des enseignants et notamment des difficultés qui touchent les réalités du corps enseignant dans les écoles fondamentales et secondaires.
■ Thomas Dufrane a suivi un directeur d’athénée à Bruxelles afin de mieux comprendre la réalité du terrain.
Le plus beau métier du monde ?
Ce que souligne le secteur de l’enseignement, c’est avant tout une grande pénurie. L’ARES, l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur, observe une diminution générale des inscriptions en première année dans les filières de formation initiale des enseignants (FIE) depuis la rentrée 2016. Cela concerne les étudiants se formant pour des carrières dans l’enseignement de la première maternelle à la troisième secondaire. Pour la rentrée en septembre 2023, c’est 4340 étudiants inscrits en première année en FIE, soit 22,6 % de moins qu’en septembre 2021.
Mais cette rentrée 2023 s’inscrivait aussi sous le signe du changement, avec une réforme de la FIE, passant de trois à quatre années de formation. A l’initiative de cette restructuration, une étude commandée en 2011 par le ministre de l’Enseignement supérieur de l’époque, Jean-Claude Marcourt, pointant chez les jeunes enseignants une maitrise insuffisante de la langue française et des contenus, un manque d’insertion dans le métier et une formation trop détachée de la réalité du terrain. Une inadéquation qui se traduit de manière très palpable sur le terrain…
Sauve–qui–peut
Après l’entrée en fonction, on observe un abandon important chez les jeunes diplômés: en Fédération Wallonie-Bruxelles, un enseignant sur trois quitte le métier après seulement cinq ans d’ancienneté. Le secteur est en pénurie croissante, et plus seulement dans les matières anciennement concernées, comme les langues modernes ou les mathématiques. A présent, toutes les branches de l’enseignement manquent d’enseignants qualifiés, même les postes d’éducation physique.
La difficulté du terrain, le manque de valorisation et de conditions convenables de travail ont encore poussé les enseignants dans la rue le mois dernier : la grève du 24 avril avait pour but de faire entendre aux politiques les réalités du métier et des demandes de mesures concrètes, comme une réduction de la taille des classes. Ils ont aussi manifesté pour un meilleur financement de l’enseignement, une diminution de la charge de travail administrative et la fin des écoles concentrant les élèves en grande difficulté scolaire. Les directions d’école regrettent de devoir davantage investir leur temps pour satisfaire aux exigences administratives de la Fédération Wallonie-Bruxelles, plutôt que de remplir une fonction pédagogique au sein de leur établissement.
En Belgique, un enseignement inégalitaire
A Bruxelles, on observe une forte ségrégation scolaire. L’APED, l’Appel pour une Ecole Démocratique, identifie que 45% des élèves bruxellois fréquentent une école dite “ghetto”, qui concentre donc des élèves particulièrement favorisés ou particulièrement défavorisés. Et, pas de chance, la Belgique est également placée en bas du classement évaluant le taux d’équité dans les systèmes scolaires des pays de l’OCDE : le poids des déterminations sociales sur la réussite scolaire est très important en Fédération Wallonie-Bruxelles. Des écoles concentrant des élèves à indice socio-économique plus faible concentrent donc aussi ceux qui connaissent le plus de difficultés scolaires. Ce sont dans ces établissements là qu’il est le plus difficile de proposer un enseignement ambitieux, et les professeurs, présents dans la rue en avril dernier, demandent d’y faire face en priorité.
La charge des enseignants est également augmentée avec les adaptations nécessaires aux élèves à besoins spécifiques, sans pourtant plus de soutien humain. Et le manque de matériel est également décrié : les professeurs dénoncent des conditions pratiques de travail tout à fait insuffisantes.
Le débat de ce jeudi soir permettra d’entendre les présidents de partis francophones sur ces questions structurantes de l’enseignement et des autres compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles.