Le MR et Les Engagés en binôme et “en bloc” à Bruxelles, en Wallonie et au fédéral
Le MR et Les Engagés, les grands vainqueurs des élections de dimanche au sud du pays, ont entamé des discussions pour former rapidement des gouvernements en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), ont-ils annoncé mardi après-midi au cours d’une conférence de presse commune.
Le MR et Les Engagés entament les discussions pour un gouvernement en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles et se présenteront “en bloc” au fédéral et dans le cadre des négociations bruxelloises. Le chef de file MR bruxellois David Leisterh débutera ses invitations par Les Engagés dès demain, a annoncé Georges-Louis Bouchez. Un binôme qui fera aussi “bloc” au fédéral pour “la plus grande cohérence” et avec “la volonté est de respecter le signal des électeurs”. “Ces grandes victoires s’accompagnent de grandes responsabilités et nous sommes déterminés”, a ajouté Maxime Prévot, qui a précisé qu’ils consulteraient des acteurs de la société civile. Les premiers groupes de travail commenceront dès lundi.
“À la suite du scrutin de dimanche, notre volonté était d’avancer rapidement pour rassurer les citoyens et montrer notre volonté d’efficacité. Quarante-huit heures plus tard, nous sommes devant vous, au travail, ce qui est assez inédit en termes de rapidité”, a souligné M. Bouchez. Contrairement à ce qui se fait traditionnellement, ce dernier n’a pas consulté les autres présidents de parti. “Nous avons eu des contacts, mais je n’ai pas estimé utile de perdre plusieurs jours de consultation alors qu’il y a eu un signal très clair des électeurs et une convergence avec Les Engagés”, a ajouté le président des libéraux.
“Nous allons mettre à profit la fin de cette semaine pour peaufiner notre méthodologie et dès lundi, des groupes de travail seront à l’œuvre”, a de son côté expliqué Maxime Prévot. Des acteurs de la société civile – du monde de l’entreprise, du sport, de la culture, de l’associatif, de la défense de l’environnement,…- seront ainsi invités pour partager leurs idées. “Nous voulons mobiliser les acteurs de terrain qui vont devoir accompagner le changement. Nous n’avons pas caché nos priorités et elles ne changeront pas, mais nous serons à l’écoute pour créer une véritable union sacrée de l’ensemble des francophones”, a encore dit Georges-Louis Bouchez.
“Il ne faut pas craindre le changement. Notre volonté, c’est de moderniser l’espace francophone; pas de le brutaliser”, a enchaîné Maxime Prévot. Pas question, ainsi, de perdre du temps dans des réformes institutionnelles touchant la Fédération Wallonie-Bruxelles, par exemple. “Nous ne voulons pas faire de la plomberie que les gens ne comprennent pas. Nous voulons être plus efficaces et nous améliorer par le biais de ce qui intéresse les citoyens”, a détaillé le président du MR. “Notre objectif, c’est d’avoir le moins de ministres possibles”, a-t-il toutefois assuré.
Futur futur ministre-président wallon?
Le président du MR Georges-Louis Bouchez mènera les négociations pour le MR tant au niveau régional que fédéral, y compris s’il devient ministre-président wallon, a-t-il indiqué mardi, en marge de la conférence de presse. Interrogé sur le futur ministre-président wallon, “il y a de grandes chances que ce soit un libéral”, a dit le président du MR sans se prononcer sur la possibilité qu’il occupe lui-même le poste. Si tel est le cas, Georges-Louis Bouchez continuera à négocier pour son parti au fédéral. L’ex-Première ministre Sophie Wilmès, qui a recueilli plus d’un demi-million de voix de préférence sur la liste européenne du MR, jouera également un rôle important dans ces négociations, mais “mon parti a gagné et j’en suis le président”, a-t-il conclu.
Une coalition MR-Engagés à la Région wallonne et à la Fédération Wallonie-Bruxelles avait les faveurs des bleus. Le président du MR Georges-Louis Bouchez ne cachait pas sa préférence pour les centristes des Engagés depuis dimanche soir, préférence d’ailleurs déjà exprimée avant l’élection. Les deux partis sont les deux grands gagnants dans le sud du pays. Ensemble, ils occupent 43 sièges sur 75 au Parlement wallon, une majorité confortable.
Le Mouvement réformateur a gagné au total 20 nouveaux députés lors des élections du 9 juin et 29,6% des voix en Wallonie, détrônant le PS en tant que première formation du paysage politique.. Les Engagés, qui avaient opté pour une cure d’opposition il y a cinq ans, ont réalisé une véritable percée au sud du pays, gagnant notamment 9 sièges à la Chambre et 7 au parlement wallon avec 20,7% des voix en Wallonie.
Au fédéral, pour les libéraux, une majorité incluant N-VA, MR, Engagés, CD&V et Vooruit pourrait être la solution. La coalition MR-Engagés, “c’est ce qui correspond au signal de l’électeur, et c’est majoritaire en Wallonie et en Fédération“, commentait une source. Et si l’Open Vld devait confirmer qu’il opte pour l’opposition, une coalition associant le MR aux centristes (CD&V et Engagés), aux nationalistes flamands (N-VA) et aux socialistes flamands (Vooruit) ne connaîtrait pas d’alternative, indiquaient d’autres sources. Dans un tel cadre, le président du CD&V Sammy Mahdi pourrait faire la synthèse, selon certains.
En Région bruxelloise, la situation arithmétique est “plus complexe”
Ça “pique un peu”, que la Flandre ne soit pas première
“Je constate que les Wallons ont tenu une conférence de presse pour se lancer”, a indiqué mardi le président du CD&V Sammy Mahdi avant son entretien avec l’informateur flamand Bart De Wever.
“Nous avons toujours eu en Flandre la tradition d’être les premiers. Ça pique un peu, sans doute, mais espérons que l’on puisse rapidement se rattraper”, a ajouté le démocrate-chrétien. Pour autant, comme en Wallonie d’ailleurs, il y a peu de doute quant à la coalition la plus probable. “Avouons-le, il y a peu d’alternatives à une ‘raketcoalitie'”, du nom de la traditionnelle glace à l’eau en forme de fusée jaune-orange-rouge (pour N-VA, CD&V et Vooruit), a indiqué Sammy Mahdi, attendu à la Place des Martyrs. “La Flandre a toujours eu pour tradition de former rapidement un gouvernement, donc j’espère que tout le monde sera constructif. Mais chaque parti a bien sûr ses priorités”.
Photo Belga
■ Reportage de Lisa Saint-Ghislain, Gauthier Flahaut et Manu Carpiaux
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