Gouvernement bruxellois : l’opposition dénonce “l’immobilisme” du nouvel effectif
Le contexte de la formation du gouvernement bruxellois, première institution régionale mise sur pied après les élections du 26 mai dernier, a mis en exergue la question de l’identité politique de la Région-capitale, vendredi, lors du débat sur la déclaration politique régionale.
Exclu des discussions de formation dans toutes les entités pendant une quarantaine de jours, le MR est revenu à l’avant-plan en Région wallonne et en Fédération Wallonie-Bruxelles après l’échec du PS et d’Ecolo, minoritaires, d’y tenter la mise en place de coalitions progressistes. Alors qu’en Flandre et au fédéral, on ne s’agite qu’en coulisses, les réformateurs ont tenté d’utiliser leur retour à l’avant-scène dans les entités du sud du pays pour forcer également leur entrée au sein du gouvernement bruxellois que finalisaient socialistes et écologistes avec DéFI et l’Open Vld.
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En dépit des pressions exercées sur l’Open Vld, en plein tourment, rien n’y fit et le MR ne cache pas son amertume. Il accuse la nouvelle majorité bruxelloise de provoquer l’isolement de la Région. “Le contexte de la formation de votre gouvernement risque d’avoir isolé notre Région des autres entités politiques du pays. Ce n’est ni porter atteinte à notre identité de Bruxellois, ni nier notre statut, que de considérer que des majorités symétriques sont plus aptes à travailler ensemble”, a indiqué vendredi Vincent De Wolf.
“Bruxelles a son propre agenda”
Du côté socialiste, on dénonce la tentative d’“ingérence” dont la Région bruxelloise a été la victime. “Qu’un parti politique en fonction des informations qu’il a veuille absolument rejoindre une majorité progressiste parce qu’il la croit audacieuse et pleine d’ambition pour Bruxelles, c’est une chose mais que ce même parti fasse en sorte qu’il y ait de l’ingérence extérieure dans la formation du gouvernement de notre Région c’est en soi une gifle qu’il inflige à toutes les Bruxelloises et les Bruxellois”, a répliqué Ridouane Chahid. “Bruxelles a son propre agenda. Un agenda que porteront ensemble les bruxellois francophones et les bruxellois néerlandophones”, a-t-il insisté, assurant que la Région coopérerait si son statut est respecté.
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Sur le fond, la cheffe de groupe MR Françoise Schepmans a estimé que la déclaration de politique régionale s’inscrit “dans la continuité de l’immobilisme qui est devenue la marque de fabrique des gouvernements bruxellois”. Pointant l’écueil budgétaire qui attend le gouvernement Vevoort III, elle a prédit la poursuite de l’exode de la classe moyenne et des entreprises.
“Désert économique”
Vincent De Wolf a dénoncé un “hold-up” sur le logement privé et public pour commenter les potentielles suppressions de primes qui viendraient sanctionner la non conformité aux loyers de référence. Il a particulièrement épinglé les écologistes, disant chercher encore “le cœur de changement” promis en campagne.
Pour la N-VA, Cieltje Van Achter a dénoncé une déclaration de politique régionale échafaudée sur du sable. “On ne peut construire un paradis social et écologique sur un désert économique”, a-t-elle dit.
“Vieilles recettes du passé”
Le PTB a dénoncé le “non accord social” présenté par le gouvernement Vervoort III. Apportant à la tribune une bouteille avec une étiquette précisant les “remèdes pour l’urgence sociale et climatique à Bruxelles”, Françoise De Smedt l’a retirée pour constater qu’elle ne contenait que “de vieilles recettes du passé”.
Les démocrates humanistes et les chrétiens-démocrates flamands, dans la majorité lors de la précédente législature, ont dit ne pas voir de réels nouveaux accents dans la déclaration Vervoort III. C’est une impression de “déjà vu” (en français dans le texte), a indiqué l’ex-secrétaire d’État Bianca Debaets (CD&V). L’ancienne ministre Céline Fremault (cdH) a épinglé Ecolo qui avait promis “toujours plus vite, toujours plus fort”. Or, selon elle, il n’y a “rien de révolutionnaire en matière climatique et énergétique”. Elle a promis une “opposition constructive mais extrêmement ferme là où l’humain n’est pas pris en considération“.
Égratignés par l’Open Vld national et le MR bruxellois, les libéraux flamands ont défendu leur participation au gouvernement par la voie de Zamouri Khadija. Celle-ci a mis en avant l’impact de sa formation sur la modernisation de la fiscalité et les investissements dans la ville. Elle a également souligné les avancées obtenues en faveur de la mise en œuvre de la 5G saluée par Agoria. Les autres représentants de la majorité ont eux défendu la transition sociale et écologique proposée par l’accord de gouvernement Vervoort III. (avec Belga)
■ Reportage de Marine Hubert et Béatrice Broutout.