Rue de la Loi : les flamands de Bruxelles à l’assaut du Parlement fédéral
Bruxelles est une région bilingue où cohabitent francophones et néerlandophones, c’est la constitution qui le dit (article 4 du titre I). Cela ne veut évidemment pas dire que la pratique du français et du néerlandais est à égalité, et la réalité politique est là pour nous le rappeler.
Au Parlement Régional Bruxellois, pas de soucis. Les sièges sont fixées de manière arbitraire : 72 élus francophones et 17 néerlandophones. Cette répartition est le fruit d’un compromis politique, les accords du Lombard, négociés en 2001 sous la présidence de Daniel Ducarme à l’époque. On se rappellera qu’à l’époque Olivier Maingain et le FDF (aujourd’hui Défi) s’y étaient opposés avec force. La sur-représentation accordée aux députés néerlandophones a pour but de leur permettre d’être suffisamment nombreux pour siéger dans toutes le s commissions du Parlement Bruxellois.
A la Chambre c’est une autre histoire. Le principe un homme = une voix s’applique toujours intégralement (c’est la règle générale en démocratie, l’élection régionale bruxelloise est donc une exception). Conséquence depuis la scission de l’arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde (l’arrondissement électoral est désormais limité aux frontières de la région Bruxelles-Capitale) les flamands ne sont aujourd’hui plus assez nombreux pour envoyer un représentant de leur communauté à la Chambre des représentants. Le parlement fédéral ne compte aucun flamand de Bruxelles, tout un symbole.
Ce 26 mai les partis flamands de Bruxelles vont tenter de remédier à la situation en suivant plusieurs tactiques. A gauche on privilégie le rapprochement avec le parti frère francophone, par le biais de listes communes (ou pour être plus précis en faisant “héberger” quelques candidats néerlandophones sur la liste francophone). C’est ainsi que Groen a obtenu la 3ieme position sur la liste Ecolo, et qu’une candidate SP-A est en 5ieme place sur la liste du PS. Le PTB présente lui une liste unitaire dont la tête de liste a été confiée à une ancienne syndicaliste néerlandophone. Dans les 3 cas il s’agit de places de combat : l’élection des candidates flamandes (ce sont 3 femmes) n’est pas impossible mais elle est loin d’être garantie.
A droite, pas de collaboration, on se présente séparément. L’Open VLD et le CD&V déposent donc leur propre liste à la Chambre, avec le risque de rentrer en concurrence avec le MR et le CDH. Ajoutez des listes pour la NVA et le Vlaams Belang. Pour être franc : il serait fort étonnant que ces listes “100% flamandes” atteignent un score leur permettant de dérocher le moindre siège à la chambre.
Combien aurons-nous de député néerlandophone élu à la Chambre dans l’arrondissement de Bruxelles ? Zéro comme aujourd’hui ? Un ou deux ? Le 26 mai nous permettra aussi de mesurer la réalité du vote flamand à Bruxelles. en 2014 sur 580 000 électeurs inscrits, ils n’étaient que 50 000 environ à avoir opter pour une liste néerlandophone à la chambre ou à la région. Moins d’un électeur sur dix. Un peu plus du double des votes blancs et nuls. C’est la cruelle réalité des partis flamands en Région Bruxelloise.