Espaces-Mobilités : “Silence, on étudie !”
Ils sont une petite dizaine à Bruxelles. Ce sont les bureaux d’études spécialisés en matière de mobilité. Ils conseillent les pouvoirs publics sur les aménagements et les stratégies à mettre en place pour une meilleure mobilité au sens large.
Nous avons rencontré Xavier Tackoen, administrateur-délégué du bureau d’études Espaces-Mobilités, situé rue d’Arlon à Ixelles pour mieux comprendre les missions et les objectifs de ce genre de structure.
Espaces-Mobilités occupe 7 personnes (4 architectes urbanistes ainsi que 3 personnes spécialisées dans la mobilité) et travaille pour 80 % de son temps avec les pouvoirs publics à tous les niveaux : fédéral, régional, provincial et communal. Des pouvoirs publics qui ont réellement besoin de ces bureaux d’études. Soit parce qu’ils ne possèdent pas, en tout ou en partie, les compétences nécessaires, soit parce qu’ils ne disposent pas également des logiciels et de la technique. Par manque de temps, aussi. Mais surtout, le bureau d’étude pose un regard extérieur sur la problématique…même si le commanditaire n’est pas forcément d’accord ou heureux avec solutions proposées.
En matière d’aménagement et de mobilité, le bureau crée les projets; mais aussi et surtout, prend contact et tente de rassembler tous les intervenants. Ce qui peut être rapidement compliqué, et même épuisant. D’autant plus qu’aux intervenants «historiques » (communes, STIB, SNCB, etc ) viennent s’ajouter aujoud’hui des “tiers privés” qui travaillent pour le public (Villos !, Cambio, etc) et une quantité de plus en plus importantes de startups et d’initiatives purement privées (vélos et voitures en free floating). Pour Xavier Tackoen, il y a la plupart du temps, un problème de prospective et d’anticipation dans le chef des pouvoirs publics. exemple : l’arrivée en masse de vélos et de voitures partagées, concept qui explose à Bruxelles depuis deux ans, n’a pas du tout été anticipée; alors que ces nouveaux acteurs étaient déjà bien présents dans les autres villes étrangères qui nous entourent.
Le bureau d’études analyse un territoire et tente d’apporter des solutions en matière de mobilité et d’aménagement. Son travail sera totalement différent selon qu’il opère en milieu rural, en périphérie des grandes villes ou en milieu urbain. A Bruxelles, c’est bien l’intermodalité et « l’apaisement » en voirie qui prime. Faire en sorte que tous les moyens de mobilité s’articulent harmonieusement pour de meilleurs déplacements, rapides, durables confortables au détriment du « tout à la voiture ». En tenant compte bien entendu de l’explosion des nouveaux acteurs de la mobilité cités plus haut.
Espaces-Mobilités se veut le ciment des politiques de mobilité. Et entend également se distinguer par une foi inébranlable dans la sensibilisation du public…et des pouvoirs publics. Ainsi le bureau a lancé un grand jeu grandeur nature auprès des entreprises sur le thème de l’intermodalité des transports à Bruxelles, le MaestroMobile. Et c’est chaque année un énorme succès.
Mais à côté de tout cela, il y a également un grosse fatigue qui s’installe chez les responsables de ces bureaux d’études. Et de pointer le manque de gouvernance et de prise de décision. “Arrêtons de faire des études, décidons !” martèle Xavier Tackoen, qui pointe du doigt également la diminution drastique des budgets.