Procès de l’attentat du Musée juif : les derniers témoins directs interrogés, les auditions de Nemmouche visionnées
Le procès de l’attentat du Musée juif de Belgique a repris à la cour d’assises de Bruxelles avec les auditions de personnes qui ont loué un appartement à Mehdi Nemmouche à Molenbeek, avant la fusillade, ainsi que les dernirs témoins qui assurent avoir vu le tireur juste après l’attaque qui a fait quatre morts, le 24 mai 2014.
Les auditions se sont poursuivis ce mardi devant la cour d’assises de Bruxelles. Le procès de Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer, accusés d’être auteur et co-auteur de l’attaque terroriste qui a causé la mort de quatre personnes le 24 mai 2014, a pris un nouveau tournant avec l’audition de personnes gravitant autour de l’appartement où Mehdi Nemmouche a logé durant près de deux mois à Molenbeek. C’est dans cet appartement qu’a notamment été retrouvé l’ordinateur où l’accusé aurait cherché des informations sur le Musée juif puis, après l’attaque, des articles sur l’attentat du 24 mai.
► Voir aussi : “La radicalisation de Nemmouche était déjà visible en 2010”, disent ses anciens gardiens de prison (vidéo)
Mehdi Nemmouche “pressé” le jour des faits
Mehdi Nemmouche avait loué une chambre dans cet appartement à Molenbeek, du 31 mars jusqu’à son départ vers Marseille, fin mai 2014. Selon les propriétaires, il était “poli, correct, discret”. “Nous n’avions rien à dire sur son comportement, nous lui avons fait un bon prix car il cherchait du travail et avait besoin d’un coup de main”, a indiqué le témoin. Il avait payé 350 euros en cash, fin mars, puis encore 350 euros en cash fin avril.
Le jour de la tuerie, le 24 mai, la femme du propriétaire a croisé Mehdi Nemmouche vers 16h00 à proximité du logement. Il était bien habillé, comme “quelqu’un qui sortait d’un examen”, portait un grand sac et un plus petit, et paraissait pressé “comme s’il avait raté son bus”, a-t-elle précisé. Le même soir, l’accusé a demandé au couple de l’aider à réserver un billet de bus pour Marseille, ce qui n’a finalement pas été fait. Le propriétaire du logement affirme aussi qu’il a donné à son locataire la clé du réseau wifi à ce moment-là. Il n’avait pas l’air stressé, ont précisé les témoins.
La première connexion de l’ordinateur de Mehdi Nemmouche à ce réseau remonte pourtant au 23 mai, selon l’enquête, et différentes pages concernant notamment Mohammed Merah ont été visitées cette nuit-là, a relevé l’avocat général. Interrogés, les témoins ont maintenu leurs déclarations. Pour la défense de l’accusé, cette connexion avant que Mehdi Nemmouche ait reçu le code du wifi indique que quelqu’un d’autre s’est servi de son ordinateur. Ce à quoi les procureurs ont répliqué que les connexions à l’ordinateur ont continué toute la nuit du 23 au 24 mai.
Insultes entre défense et accusation
L’une des victimes de l’attentat au Musée juif de Belgique tentait d’appuyer sur un bouton d’alarme au moment où elle a été tuée, a avancé le ministère public suite au témoignage d’un employé du Musée juif, responsable des images de vidéosurveillance sur les lieux. Ce dispositif était relié à une société de surveillance, a-t-il expliqué.
Le témoin, conseiller scientifique du Musée juif, était responsable de la sécurité en 2014. Il était notamment chargé d’aller voir les fichiers de caméras de surveillance en cas de demande de la police. Il a précisé qu’il existait un système d’alarme au sein du musée. Un dispositif anti-intrusion, qui n’est activé que lorsque le musée est fermé, et deux boutons placés à proximité immédiate du bureau d’accueil. L’un d’eux est mobile et se trouvait sans doute sur ce bureau le jour de la tuerie, selon le témoin. Pour le procureur, Dominique Sabrier, assassinée alors qu’elle se trouvait à l’accueil, tentait précisément d’activer ce bouton au moment où elle a été la cible de tirs.
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Le conseil de l’accusé Mehdi Nemmouche, Me Courtoy, interpellé par la présidente sur les mots qu’il avait utilisés pour désigner les procureurs, a reconnu que le terme d‘”accusateur public” était employé volontairement. “Je les vois bien avec une guillotine sous le bras”, a-t-il ajouté. L’avocat général Yves Moreau s’est insurgé de ce commentaire et a exigé des excuses. “Vous pouvez les attendre jusqu’à l’âge de la retraite”, lui a rétorqué Me Courtoy.
■ Les infos de la matinée dans le 12h30 avec Camille Tang Quynh et Thierry Dubocquet.
Derniers témoins
La cour d’assises de Bruxelles a, enfin, entendu les deux derniers témoins directs des faits à devoir témoigner. Ceux-ci, comme d’autres avant eux, ont déclaré avoir vu un homme de taille moyenne avec une casquette et des lunettes sortir calmement du Musée juif de Belgique vers 15h30 le 24 mai 2014, juste après plusieurs coups de feu.
“J’étais chez moi ce jour-là lorsque j’ai entendu des coups de feu. Mon voisin du dessus avait entendu aussi et était assez agité. Il disait que ça provenait du Musée juif”, a déclaré une habitante de la rue des Minimes à Bruxelles, où se trouve le musée en question. “J’ai alors vu un individu sortir normalement du musée, avec un sac à dos à l’épaule gauche et autre sac à la main droite, une casquette et des lunettes. Il ressemblait à un employé de maintenance”, a décrit le témoin. “Mon voisin a dit ‘c’est lui! Quelque-chose s’est passé’, puis l’individu a tourné sur la droite et est parti en petites foulées par la rue des Chandeliers. Ce n’était pas une personne très grande, environ 1m75. Et ce n’était pas un gringalet, il était athlétique et musclé”, a poursuivi la riveraine du musée.
Le second témoin, un jeune homme qui se trouvait à l’entrée d’une galerie d’art non loin du Musée juif, a déclaré avoir entendu plusieurs détonations et avoir vu un homme, muni d’une casquette et de lunettes, sortir du musée avec deux sacs, “sereinement”. Il a aussi confirmé sa déclaration de l’époque, selon laquelle il avait distingué des “bandes blanches” sur les semelles du suspect. Sur question de Me Courtoy, le témoin a précisé qu’il était à une vingtaine de mètres du tireur et que, astigmate et myope, il ne portait pas ses lunettes ce jour-là.
L’après-midi a enfin été consacrée à la fin du visionnage des auditions de Mehdi Nemmouche face aux enquêteurs français et belges.
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17h30 – Audience terminée
La présidente de la cour d’assises confirme : l’audience est suspendue jusque vendredi, 9h00, avec les auditions d’un psychiatre et, s’ils viennent, d’un proche de Nacer Bendrer et des membres de la famille de Mehdi Nemmouche.
17h25 – Plaidoiries
L’audience continue avec des questions techniques autour du timing des plaidoiries de chacun. Cela devrait durer au moins huit jours dès lundi prochain, au vu des premières estimations. Les parties civiles commenceront avant le parquet et la défense de Mehdi Nemmouche, puis celle de Nacer Bendrer.
17h15 – Commentaires et dictionnaire
Le procureur fédéral fait encore un commentaire au sujet des auditions. Il signale le fait que “selon la défense, on nous a expliqué que tout est dans le dossier. Et là, on nous parle de P.-V. et d’articles de presse qui ne sont pas dans le dossier”.
Me Courtoy affirme qu’on lui “fait dire ce qu’il n’a pas dit”. Et il en profite pour demander un devoir d’enquête sur… un dictionnaire anglais-français, acheté à la Fnac de la rue Neuve en 2014 de Mehdi Nemmouche. Il demande qu’on vérifie si ce livre a été acheté en mars ou en avril 2014. Le lien avec les faits ? “Cela nous étonnerait qu’il avait besoin d’un tel dictionnaire pour parler avec des gens à Bruxelles”, dit Me Courtoy, qui précise que l’accusé a payé en cash.
17h08 – 2016
Me Courtoy plaide “un véritable droit au silence”, lors de cette audition. L’avocat de Mehdi Nemmouche veut ensuite évoquer… les attentats de Bruxelles en 2016. “J’aimerais qu’on cesse avec des faits de 2016 qui ne sont pas dans le dossier”, répond la présidente de la cour d’assises. “Pourquoi est-ce qu’à chaque fois qu’on essaye d’expliquer quelque chose, on ne peut pas ?”, se plaint Me Courtoy. “Alors, je le dirai en plaidoirie et on verra si je serai bâillonner. Le jury est mis dans l’impossibilité de comprendre certaines choses, je vois”.
17h05 – Sous embargo
La présidente de la cour d’assises demande à M. Moitroux de retrouver le P.-V. évoqué par Me Courtoy autour de cet embargo. L’avocat affirme qu’il ne sait pas où est exactement ce P.-V., et qu’il le montrera lors de la plaidoirie.
M. Moitroux précise que les dossiers “sont régulièrement sous embargo“.
17h00 – Dossier sous embargo
Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, demande à M. Moitroux ce qu’est un “dossier sous embargo”. Ce dernier confie qu’il s’agit d’un dossier dont les P.-V. ne sont plus lisibles par l’ensemble de la police judiciaire, sur décision du parquet fédéral, tous les trois mois. “Les policiers doivent en faire la demande sur accord de la juge d’instruction”, dit M. Moitroux. La présidente de la cour d’assises demande qui avait accès à ce dossier sous embargo de l’attentat du Musée juif : “En principe, tous les P.-V. passaient par moi en tant qu’enquêteur en chef, puis on en discute avec la juge d’instruction”, explique l’enquêteur.
L’avocat demande si cette mesure a été prise car des P.-V. de ce dossier auraient été transmis auparavant à la presse. Le P.-V. évoqué par l’avocat n’est pas dans le dossier, précise la présidente de la cour d’assises.
16h55 – Commentaires
Me Masset, avocat du Musée juif de Belgique, souligne l’importance du droit des enquêteurs à poser des questions. Me Lys, avocat de l’assocation française des victimes de terrorisme, revient pour sa part sur l’affaire Patrick Dils signalée par Me Courtoy, et signale que selon les témoignages de la presse, Patrick Dils était “un mineur effrayé, abasourdi, intimidé”, dit-il. “Mehdi Nemmouche n’a pas l’air fort intimidé par les enquêteurs”, lâche-t-il.
16h52 – Précisions
M. Moitroux, chef de l’enquête belge, réagit au visionnage. Il précise qu’il estime que Mehdi Nemmouche ne peut le “réduire au silence”. “M. Nemmouche a le droit au silence et il ne peut pas nous obliger à garder le silence”, explique-t-il, ajoutant que la juge d’instruction lui a demandé d’insister et de poursuivre ces questions pour qu’il sache ce qu’on lui reproche.
M. Moitroux explique qu’il a encore posé plusieurs fois les questions, avant d’acter ce refus de répondre. Mehdi Nemmouche a alors été transféré le lendemain chez la juge d’instruction, pour une audition dès le matin du 30 juillet 2014.
16h49 – Refus
Me Courtoy, présent lors de cette audition, affirme qu’on viole le droit de Mehdi Nemmouche en lui posant quand même des questions alors qu’il “a refusé quatre fois”. Les enquêteurs affirment qu’ils se doivent de poser ces questions. Cela part dans un débat de procédures entre l’avocat et les enquêteurs.
L’audition se termine comme cela : Mehdi Nemmouche n’assistera pas à la suite de son audition prévue.
16h45 – “Je ne veux pas”
Lors de cette audition en Belgique, Mehdi Nemmouche affirme que des auditions de membres de sa famille ont notamment été révélées dans la presse. “Si je n’accepte pas, vous ne pouvez pas me poser de questions”, répète-t-il encore. “Vous direz de ma part à la juge d’instruction que je ne veux pas réaliser cette audition”, dit-il.
“À Paris, il y a eu deux styles d’auditions, celles où j’ai répondu aux questions, celles que j’ai refusées”, précise encore Nemmouche. Il n’accepte pas les questions des enquêteurs, qui expliquent que l’enquête reprend depuis le début en Belgique. “Ce qu’il s’est passé en France, c’est en France. En Belgique, c’est une enquête qui reprend”, dit un enquêteur.
16h40 – Presse
Les enquêteurs belges précisent qu’ils sont obligés de poser leurs questions. Et affirment qu’ils respectent “le secret professionnel et le secret de l’instruction” et qu’ils ne parlent pas dans la presse. “Je ne reviendrai pas sur ma décision. Si le seul moyen de revenir en cellule, c’est de fermer ma bouche, je vais fermer ma bouche”, réplique l’accusé.
Les enquêteurs demandent des exemples concrets. “Pendant mes auditions, j’ai dit que je gardais le silence. Dans la presse, on a dit que je gardais le silence. On a vendu les procès-verbaux de mes auditions en France à la presse”, affirme Mehdi Nemmouche.
16h36 – Dernière audition
Place donc au visionnage de l’audition en Belgique. Mehdi Nemmouche apparaît rasé, avec une barbe de plusieurs jours. Il a un polo blanc avec un col bleu et une veste de training noir. Il apparaît souvent les yeux vers le vide, vers le sol. Les enquêteurs rappellent ses droits durant cette interrogatoire et demandent aux avocats de l’accusé de ne pas les interrompre.
Au début de l’audition, il ne parle même pas aux enquêteurs et acquiesce simplement de la tête. Les enquêteurs veulent ensuite lui poser des questions sur les faits du 24 mai 2014 et sur la préparation. “Je ne vais répondre à aucune question. Tant que mes déclarations seront diffusées dans la presse belge et française, je ne vais pas répondre. Je ne veux pas non plus assister aux prochaines auditions et j’exige de retourner en cellule”, répond directement Mehdi Nemmouche.
16h26 – Dernière audition
On va passer à la dernière audition de Mehdi Nemmouche, face aux enquêteurs belges. Elle dure près de vingt minutes, et a été menée le 29 juillet 2014. M. Moitroux, chef d’enquête belge, est présent à la cour d’assises belge pour faire des commentaires avant ce visionnage : “Après son arrivée en Belgique, Mehdi Nemmouche a été transféré au siège de la police judiciaire de Bruxelles”, explique-t-il. “Concernant le fait que Mehdi Nemmouche se serait vu refusé deux avocats lors de cette audition, ce n’est pas vrai. La règle au sein de la police judiciaire de Bruxelles dit qu’il n’y a qu’un avocat présent possible lors d’un tel interrogatoire. On a donc refusé au début, puis on a décidé de prendre contact avec la juge d’instruction pour que celle-ci prenne une décision vu le caractère spécial de l’enquête. Elle a alors décidé d’accepter deux avocats, juste pour cette interrogatoire”.
Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, qui se plaignait de cette règle avant cette réponse, rigole face aux explications de M. Moitroux.
16h21 – Dils
Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, réplique. Il parle… de l’affaire Patrick Dils, dans laquelle l’homme a été accusé à tort d’homicides volontaires sur deux garçons. Il fait le parallèle avec Mehdi Nemmouche, estimant que Patrick Dils s’était également montré taiseux pendant le procès.
L’avocat revient sur l’asthme. “On répète qu’il faut être, pour faire ce trajet entre le Musée juif et Molenbeek, un athlète international de MMA”, dit-il, devant les rires de certains avocats et du procureur fédéral. Il réaffirme encore, par la suite, que le procureur “a apporté une preuve de l’innocence de Mehdi Nemmouche”, sans rien en dire de plus.
Il cite encore d’autres erreurs judiciaires à la fin de son commentaire et traite d’autres avocats “d’inquisiteurs”. L’ambiance est tendue…
16h14 – Commentaires
Le procureur fédéral signale encore que Mehdi Nemmouche se “sent supérieur par rapport aux psychiatres”. Il pointe encore une déclaration de l’accusé : “Tu sors des vieux procès-verbaux. Tu me parles de ma grand-mère, tu t’attends à ce que je fonde en larmes”. “En prime, il ne s’est jamais retourné vers son avocat”, dit encore le procureur par rapport à l’ensemble des auditions.
Me Koning, avocat de la famille de Dominique Sabrier, signale pour sa part le fait qu’à “aucun instant, il n’exprime le moindre sentiment à l’égard des victimes, ce qui est une nouvelle fois la preuve d’un individu froid, narcissique…” “Quand on parle de sa santé, de lui, il est prolixe mais pas quand on parle des autres”, dit encore l’avocat
16h08 – Tel-Aviv et Ventolin
Après le visionnage de cette avant-dernière audition de Mehdi Nemmouche (la dernière en France), place aux commentaires. Le procureur fédéral pointe notamment le fait que Mehdi Nemmouche fait allusion à Tel-Aviv, visiblement pour rire face aux enquêteurs. Il s’arrête également sur l’épisode de la Ventolin : “Mehdi Nemmouche rigole devant les enquêteurs en affirmant que son puf de Ventolin est une arme de destruction massive”. Le procureur signale encore que Mehdi Nemmouche dit qu’il a de l’asthme depuis qu’il est “gosse” et qu’il est “très rare” qu’il fasse une crise d’asthme “légère”.
15h50 – Pas d’autre audition
Mehdi Nemmouche, dans sa chemise grise, ne répond que très rarement autre chose que “DAS” aux questions des enquêteurs. Il rigole face à la demande d’expertise psychologique à son encontre. “Il va faire quoi pendant 30 minutes si je lui réponds à chaque fois DAS ? Il va me donner une tache sur un papier et je vais devoir la décrire”, ironise-t-il.
Quand on lui demande s’il a quelque chose d’autre à ajouter, l’accusé affirme qu’il ne souhaite pas venir aux autres interrogatoires, et demande aux enquêteurs d’écrire “DAS” sur toutes les autres questions des enquêteurs. Il affirme qu’il ne se présentera pas aux autres auditions des enquêteurs français, dont une autre prévue le lendemain matin. “Jusqu’à la fin de ma garde à vue, je ne dis rien d’autre”, dit-il.
15h35 – Lecture
Les enquêteurs demandent à Mehdi Nemmouche de lire un texte reprenant les vidéos de revendication retrouvées sur son ordinateur à Molenbeek puis de réagir, comme cela avait déjà été demandé pour les auditions de sa tante et de sa grand-mère. Comme d’habitude, il répond “DAS”.
15h25 – Les questions s’enchaînent
Mais Mehdi Nemmouche ne répond toujours pas et conserve sa décision de faire valoir son droit au silence. Il est beaucoup moins prolixe que lors de l’audition précédente. Il met son genou sur la table, regarde à ses chaussures, ne regarde quasiment plus les enquêteurs… Les enquêteurs continuent de l’interroger sur ses intentions, sur son séjour en prison, sur une éventuelle peur envers une personne ou l’autre. “DAS”, “DAS”, “DAS”, répond-il encore.
15h17 – “DAS”
Toujours dans cette audition, réalisée le 3 juin 2014, Mehdi Nemmouche semble s’ennuyer, répond juste “DAS” sans parfois laisser terminer les questions. Les enquêteurs lui posent des questions sur les allégations portées à son encontre, sur sa fascination citée pour Mohamed Merah, sur le fait de savoir s’il a “le courage d’assumer (ses) actions”, sur la presse… Il répète “DAS” tout en s’énervant quelque peu si les enquêteurs insistent.
Dans le box des accusés, à la cour d’assises, l’accusé reste les yeux fixés vers le sol ou devant lui et ne regarde pas son audition.
15h08 – Asthme
Mehdi Nemmouche continue de sourire et de rigoler en répondant “DAS”. Les enquêteurs s’interrogent sur l’état de santé de Mehdi Nemmouche et lui demandent pourquoi il a de la Ventolin sur lui. Ce dernier finit par répondre qu’il a de l’asthme, ce que les enquêteurs contestent. “Vous savez mieux que moi que j’ai de l’asthme ?”, rigole-t-il, avant de se lancer dans des explications de plusieurs minutes. “La Ventolin, c’est sous prescription en France. Mais en Asie, on en trouve sans prescription. (…) J’en prends seulement quand je fais une crise. Et pour que j’ai une crise d’asthme, il faut que j’ai un fou rire”, dit-il.
14h58 – Auditions de Nemmouche
Nous allons désormais voir les dernières auditions de Mehdi Nemmouche en Belgique et en France. Lors de sa dernière audition en France, l’accusé continue d’exprimer son “droit au silence” et commence à répondre “DAS” aux enquêteurs.
14h51 – L’audience reprend
L’audience reprend. Un peu plus tard que d’habitude car les avocats des parties civiles se sont réunis pour discuter du timing estimé de leurs plaidoiries, la semaine prochaine. Cela risque en effet de prendre du temps, alors que la défense doit également estimer la durée de leur plaidoirie.
12h27 – Audience suspendue
L’audience est suspendue pour le temps de midi. Rajae Ayadel Alâm, une employée d’Eurolines, n’est pas venue comme témoin et son audition sera lue plus tard.
L’audience reprendre à 14h30 avec le visionnage des auditions de Mehdi Nemmouche en Belgique.
12h25 – “Pull bleu”
La témoin confie avoir vu l’homme sorti du Musée juif comme quelqu’un d’assez “athlétique, musclé”, avec un “pull bleu” et “un pantalon”. “Cela a été très vite”, confirme-t-elle. “J’ai été très choqué. Je voyais souvent certains employés du Musée même si je n’y passais pas souvent. J’avais vu le matin même le jeune employé qui ouvrait le musée, on s’était salué”, explique-t-elle.
Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, demande si le Musée juif était “très fréquenté” à l’époque. “C’était un musée très peu fréquenté. Ce n’était pas le British Museum ou les Beaux-Arts. Il y avait quand même des visiteurs”, dit-elle.
12h19 – Audition d’une autre témoin
On termine la matinée avec l’audition d’Estelle Arnette, autre témoin des faits, le 24 mai 2014. Elle explique que cinq ans après sa mémoire “est un peu confuse” et a donc ramené son audition de l’époque. Elle avait entendu des coups de feu depuis son appartement de la rue des Minimes. Elle a vu un individu “sortir normalement” du Musée juif, avec “un petit sac à dos sur l’épaule gauche et un autre sac plus long sur l’épaule droite”. Elle dit qu’il avait une casquette et des lunettes de soleil. “Je trouvais qu’il ressemblait à un employé de maintenance”, dit-elle.
Elle affirme que l’homme est parti en petites foulées vers la rue des chandeliers. “J’ai relu ma feuille d’audition, et à l’époque, j’avais dit que j’avais vu un taxi s’arrêter mais je ne m’en souviens pas”, dit-elle.
12h15 – Commentaire
Les questions sont terminées pour Hubert Eslampanah, on passe aux commentaires. Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, revient encore sur le handicap visuel de ce dernier témoin.
12h11 – “Quelques secondes”
Le témoin affirme toutefois qu’il n’a vu cette personne avec deux sacs “que quelques secondes”. “Il était serein puis il a commencé à courir”, rappelle-t-il. “Il est parti vers le Palais de justice. Je ne l’ai pas vu ensuite car je suis rentré dans le musée”, dit-il.
Le procureur demande des précisions sur les chaussures mais le témoin ne peut en donner, cinq ans plus tard.
Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, demande à Hubert Eslampanah à quelle distance il a vu la personne : “une quinzaine de mètres”. L’avocat demande au témoin de confirmer qu’il est astigmate et myope et lui demande s’il a bien vu certains détails à 20 mètres de distance. Le témoin confirme, l’avocat s’en étonne.
12h05 – Nouveau témoin
On passe à l’audition de Hubert Eslampanah, l’une des premières personnes dans le Musée juif pour secourir les victimes. Il était dans la rue des Minimes, près de la galerie collée au Musée juif quand il a entendu des coups de feu. Il explique avoir vu un homme courir dans la rue avec deux sacs avant de rentrer dans le couloir extérieur du Musée juif. Il y a vu les corps des victimes, à l’extérieur puis dans la salle d’accueil. “J’ai mis les mains sur l’homme à l’extérieur, car il bougeait encore, mais je n’ai pas communiqué avec lui”, dit-il.
Il affirme que l’homme qu’il a vu sortir avec une casquette, des lunettes et deux sacs, ainsi que des vêtements sombres. Dans son audition, il parlait d’un homme de type européen-maghrébin mélangé, le nez pointu, les cheveux légèrement crollés, avec une chemise bleue, une veste de type costume et un pantalon noir. “Il était habillé en foncé selon moi”, dit-il.
12h00 – Toute la nuit
Le procureur réplique en expliquant que si quelqu’un a été sur cet ordinateur à la place de Mehdi Nemmouche, “il a navigué toute la nuit”, vu que l’ordinateur est actif toute la nuit.
“Si c’est pas Mehdi Nemmouche, qui donc ? On va déposer des preuves scientifiques”, affirme encore Me Courtoy.
11h58 – Commentaires
Me Masset, avocat du Musée juif, affirme que “ce témoignage est important”, notamment sur celui d’Ahlem Saadi, qui “confirme qu’il est revenu à Molenbeek vers 16h00, avec ses sacs”.
Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, affirme que l’accusation “tente de faire dire aux témoins ce qu’ils veulent qu’on croit”, concernant l’histoire du wi-fi et de la réservation du billet de bus. “Cela veut dire que le 23 mai, la veille de l’attentat, quelqu’un est sur l’ordinateur de ‘Mehdi Nemmouche’ alors que lui n’a le code que le lendemain. (…) On a la preuve que quelqu’un est venu sur cet ordinateur”, clame-t-il.
Le conseil de l’accusé revient encore sur le fait qu’Ahlem Saadi a dit que Mehdi Nemmouche revenait de l’autre côté de la rue, par rapport à la situation du Musée juif. Ou encore que les deux témoins n’auraient pas vu Nacer Bendrer.
11h51 – “Dépannage”
Tarak Smirani affirme qu’il pensait que Mehdi Nemmouche “en avait marre de chercher du boulot”, et qu’il voulait du coup “rentrer chez sa famille en France. C’est ce que j’ai compris”, dit-il par rapport au départ de Mehdi Nemmouche en mai 2014.
Le propriétaire confirme encore qu’il n’a pas demandé de garantie locative et qu’il voulait juste aider : “C’était pour du dépannage. (…) On avait juste demandé 350 euros, et il nous les a donnés directement en cash”.
Les questions s’arrêtent ici pour les deux témoins, on va passer aux commentaires.
11h45 – Chambre et wi-fi
Le procureur demande si Mehdi Nemmouche lui a donné l’argent tout de suite pour la location de sa chambre. “Il m’a sorti juste 350 euros, le montant qu’il fallait”, explique le propriétaire. Le procureur revient sur le fait que Mehdi Nemmouche aurait dit le 22 avril qu’il allait voir “son père gravement malade en France” et demandé s’il pouvait louer une chambre pour le mois de mai. “Oui, il allait revenir selon moi. Il m’a payé ensuite 350 euros, à nouveau en cash”, explique le propriétaire.
Le procureur parle ensuite de la réservation du billet de bus, tentée le 24 mai 2014 dans le cabinet dentaire d’Ahlem Saadi, selon les témoins. Le procureur rappelle toutefois que Mehdi Nemmouche aurait demandé le wi-fi en même temps et qu’une première connexion au wi-fi se fait sur l’ordinateur de Mehdi Nemmouche le 23 mai : “Oui, la réservation s’est peut-être faite le 23 du coup”. Ahlem Saadi, elle, affirme que l’histoire du billet de bus daterait bien du 24 mais elle n’explique pas comment Mehdi Nemmouche a pu avoir le wi-fi.
La présidente demande si Mehdi Nemmouche aurait pu avoir le code wi-fi via un autre moyen : “Je sais qu’à un moment, mon mari avait le code affiché dans son bureau, scotché sur le bureau”. Mais le procureur s’interroge encore sur cette question de wi-fi et de réservation durant de longues minutes. Le procureur demande si Mehdi Nemmouche avait une carte de crédit : “Mehdi m’avait demandé que je paye le billet de bus par carte de crédit et il allait me rembourser”, affirme enfin Tarak Smirani.
11h33 – Jury
On passe aux questions du jury. Un juré demande si Mehdi Nemmouche recevait des personnes : “Non, mais on habitait à Watermael-Boitsfort, donc on n’était pas toujours là pour le voir”, répond Tarak Smirani.
Une autre jurée demande si Mehdi Nemmouche avait des bagages au moment de son arrivée dans l’appartement : “Je ne me souviens pas. Mais tout était meublé dans l’appartement et il y a dormi dès le premier jour”.
La présidente de la cour d’assises demande au propriétaire si Mehdi Nemmouche lui demandait où se trouvait l’un ou l’autre magasin. “Il sortait, il revenait. Il n’avait pas l’air perdu”, confirme Ahlem Saadi.
11h30 – Chaise roulante.
Ahlem Saadi explique qu’elle ne se souvient pas vraiment des sacs de l’époque. Elle avait confié lors de son audition que l’un des sacs avait la forme d’une banane comme s’il n’y avait rien dedans et que l’autre semblait plus rempli.
Tarak Smirani ajoute qu’il n’a rien remarqué par rapport au comportement de Mehdi Nemmouche. Il affirme également qu’il n’a pas vu “une chaise roulante”. Ahlem Saadi ajoute que c’est elle qui a montré la chaise roulante à la police, après le témoignage de son voisin. Les deux témoins confirment que Mehdi Nemmouche n’avait aucun problème physique et ne semblait pas avoir besoin d’une chaise roulante.
11h27 – Billets
Tarak Smirani confirme que Mehdi Nemmouche a fait un voyage en avril puis est revenu et a demandé s’il pouvait encore louer une chambre pour un mois, jusqu’à la veille des élections, en mai 2014. Le propriétaire confie que Mehdi Nemmouche est aussi venu à lui pour réserver des billets pour aller en France.
Il ne se souvient pas comment Mehdi Nemmouche était habillé la veille des élections. Sa femme affirme que la veille des élections, Mehdi Nemmouche avait deux sacs et marchait d’un pas rapide. “Il semblait avoir un costume comme s’il sortait d’un examen”, dit-elle. “Quand mon mari m’a dit que Mehdi lui avait demandé de réserver des billets, donc je pensais qu’il voulait vite aller chercher un bus, mais il est revenu plus tard”.
11h23 – Location
Tarak Smirani revient sur l’arrivée de Mehdi Nemmouche dans l’appartement le 31 mars. Il explique qu’il voulait seulement rester un mois “le temps de trouver un travail”. “Il m’avait dit que cela ne le dérangeait pas d’être avec une autre personne et de ne prendre qu’une chambre. Il a payé 350 euros en liquide. Il était poli, très correct, discret… Il est chouette”, explique-t-il. “On n’a pas eu de souci, il était propre”, ajoute sa compagne, qui travaillait à l’étage supérieur dans son cabinet dentaire. “Je le reconnaissais à ses pas. Je lui disais juste bonjour”.
11h19 – Le propriétaire
On passe aux auditions de Tarak Smirani, propriétaire des chambres louées par Mehdi Nemmouche à Molenbeek, et Ahlem Saadi, l’épouse du propriétaire. Tarak Smirani confirme qu’il a témoigné après l’arrestation de Mehdi Nemmouche à Marseille. “On ne connaissait que le nom de Mehdi, et je l’avais un peu reconnu”, explique sa compagne, qui a vu l’annonce de l’arrestation de Mehdi Nemmouche “sur Facebook”.
11h15 – Malka Hubert
Malka Hubert, secrétaire du président du Musée juif de Belgique à l’époque des faits, ne s’est pas présentée à la cour d’assises. La présidente lit donc sa seule audition, le 29 mai 2014. Elle a été interrogée sur Alexandre Strens et son arrivée au Musée juif. “C’était un garçon très respectueux, notamment par rapport à ma fonction. Je n’ai pas eu beaucoup de discussions avec lui mais j’ai appris via des membres du personnel qu’il comptait se marier avec une femme, mais j’ai aussi appris via d’autres membres qu’il était homosexuel. Je ne sais pas s’il avait dit cela pour brouiller les pistes”, dit-elle. “Actiris nous l’avait recommandé, c’est pour cela que nous l’avons engagé”.
Elle explique qu’Alexandre Strens était quelqu’un de très actif pour le musée et se demande “si ses paroles ont pu choqués l’une ou l’autre personne”. Malka Hubert a également donné des informations sur les autres employés du Musée juif.
Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, fait un commentaire et demande au jury de retenir qu’Alexandre Strens allait signer un contrat le 26 mai 2014 et le fait qu’une valise a été retrouvée dans sa chambre.
11h08 – Déjà la fin
Le témoin confirme que Mehdi Nemmouche lui a proposé de garder une chaise roulante et quelques DVD. La présidente s’il avait l’impression que Mehdi Nemmouche avait besoin d’une chaise roulante : “Je ne sais pas, je le calculais pas”.
Il ne dit pas grand-chose de plus et confirme qu’il n’a “pas peur”. Et… aucune autre question de la part du jury, des parties civiles et de la défense.
11h06 – Arnold Guwenda
On passe à l’audition d’Arnold Guwenda, il était le voisin de Mehdi Nemmouche dans le logement que l’accusé avait loué à Molenbeek. Il explique qu’il avait déjà une chambre dans ce logement avant que Mehdi Nemmouche arrive. “On a seulement parlé une ou deux fois, c’est tout”, dit-il. “La première fois, il m’avait dit que le propriétaire lui avait parlé de moi. Il m’avait demandé ce que je faisais. Je cherchais du boulot à l’époque, et il m’a dit que lui aussi. Je me rappelle plus dans quelle domaine. Déjà, moi, j’ai pas l’habitude de beaucoup parler. Même dans le quartier, je calcule pas beaucoup les gens. La deuxième fois, il m’avait demandé si je pouvais utiliser un seau dans la douche commune. Et il m’a parlé une dernière fois, pour que je l’aide à nouer une cravate”.
11h00 – Flot d’insultes
Me Courtoy fait également son commentaire. “Trouvez-vous normal qu’un accusateur public puisse dire tout et son contraire avec le même aplomb ?”, réplique-t-il. Il revient encore sur le fait que le disque dur avec les images des caméras de surveillance a été effacé. Et “concernant le CD-ROM, vous allez voir qu’on adapte encore une fois la vérité, et qu’on vous dire tout lors de la plaidoirie”, répète-t-il encore.
Face à ces propos, la présidente de la cour d’assises rappelle que le terme d’accusateur public renvoie à la Révolution et ne doit plus être prononcé. “Je traite le procureur d’accusateur public car je le vois bien avec une guillotine sous les bras“, relance encore Me Courtoy. Le procureur demande des excuses, et Me Courtoy réplique : “Vous pourrez les attendre jusqu’à la retraite”.
10h57 – Alerte
Le procureur fédéral revient sur le fameux bouton “d’alerte” qui était selon le témoin sous le bureau de l’accueil. Il explique que cela confirme que Dominique Sabrier essayait d’atteindre ce bouton mais que cela explique que l’alerte n’a pas été donnée.
Le procureur revient ensuite à la charge sur Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, et affirme qu’il répète “et ceteri, et cetera” parce que “cela permet d’éviter de donner plus d’explications”.
10h54 – Employés au musée
Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, demande combien de personnes travaillaient au Musée juif à l’époque des faits. “Je dirais une dizaine”, explique-t-il. Me Courtoy parle d’une quinzaine, le témoin confirme.
Les questions sont terminées. On va passer aux commentaires de l’audition.
10h53 – Questions sur le CD-ROM
On passe aux questions du jury à l’attention d’Olivier Hottois, conseiller scientifique du Musée juif. Un juré demande s’il y a eu une modification possible des données sur le CD-ROM : “Non, ce sont les vidéos originales des caméras de surveillance”, confirme-t-il. Il explique que les caméras datent de 2004, date de déménagement du musée dans la rue des minimes, et que les fichiers étaient très légers.
Le même juré s’interroge sur le boîtier d’alarme, afin de savoir si le bouton était “fonctionnel” au moment des faits : “Je ne sais pas du tout, je ne sais pas s’il y a eu des tests ou autre”.
10h48 – Trois boutons
L’homme confirme que l’alarme anti-intrusion du Musée juif n’était lancée que durant la nuit. Il explique également les boutons auxquels Dominique Sabrier, employée du Musée juif et victime de la fusillade, avait accès. Soit un bouton pour permettre l’ouverture de la porte, et un autre, “relié au 4e étage”, pour prévenir les personnes présentes à cet étage. “Mais il n’y avait personne à cet étage durant le week-end”, dit-il. Un troisième bouton “portable” était “sous la table”, pour “prévenir un service de sécurité ou la police, je ne me souviens plus”.
10h45 – Questions sur le musée
Olivier Hottois, conseiller scientifique pour le Musée juif, continue de répondre aux questions de la présidente de la cour d’assises. Celle-ci demande au témoin si la porte menant à la rue de la Samaritaine est parfois empruntée par des employés du Musée juif : “Non, elle était fermée”, explique-t-il.
Il explique qu’il ne se souvient plus avoir raconté qu’il avait vu “un écran blanc” sur l’écran montrant les cinq caméras de surveillance à l’accueil. Il ne se souvient plus s’il a pu voir cet “écran blanc” sur l’ordinateur de l’accueil avant les faits, vu qu’il n’a pu ensuite rentrer dans cette salle suite au travail de la police. “Je pense peut-être avoir vu ça via l’une des caméras de surveillance mais il faudrait vérifier ça”, répond-il.
10h38 – L’audience reprend
L’audience de la cour d’assises peut enfin reprendre. On ignore toujours pourquoi celle-ci a été suspendue.
10h01 – Suspension d’audience
Olivier Hottois confirme qu’il a regardé ces vidéos avec la police avant de les enregistrer sur une clé USB puis sur un CD-ROM. “Le serveur, je n’y ai plus eu accès pendant un an et demi ensuite. L’ordinateur a été saisi par les services de police, et nous a été rendus avec le disque dur vide”, confirme-t-il.
La présidente de la cour d’assises Laurence Massart demande si les images étaient bien gravées, s’il y a eu un éventuel problème ou une éventuelle manipulation par un policier. “Non, c’étaient bien les images que nous avions regardées”, explique-t-il.
L’audience est suspendue “d’urgence”, annonce la présidente. On n’en sait pas plus sur les causes de cette suspension.
9h58 – Vidéos
Il confirme qu’il y a cinq caméras de surveillance dans le musée et que ces caméras ne filment que quand il y a du mouvement. Les images sont enregistrées sur un disque dur dans un ordinateur au 4e étage du musée. Il a été appelé par la police en début de soirée, le 24 mai 2014, pour fournir ces images.
Il explique qu’il a dû monter au 4e étage via un escalier de secours, vu que la scène de crime était toujours en cours d’analyse par la police.
9h55 – Caméras de surveillance du musée
On passe désormais à l’audition d’Olivier Hottois, conseiller scientifique au Musée juif de Belgique. À l’époque, il s’occupait de transmettre les fichiers vidéos à la police en cas de problèmes de sécurité, explique-t-il.
9h52 – “Affabulatrice”
Me Courtoy réplique et revient sur les heures évoquées par la témoin, qu’il traite “d’affabulatrice”. “Maintenant, elle parle de 16h00 et on modifie le témoignage pour que cela paraisse bon”, clame-t-il. “À 16h15, il est devant son ordinateur, du coup maintenant on parle d’une rencontre à 16h00 et non 16h15”. L’avocat de Mehdi Nemmouche affirme encore que les caméras de surveillance n’ont rien montré dans ce coin-là, aux heures précisées par la témoin.
Il affirme encore que la témoin a “adapté” son témoignage pour que cela tienne “la version de l’accusation”, notamment concernant les gardes du roi qui n’ont rien vu, ce jour-là, à l’école Saint-Jean Berchmans. Il s’interroge également sur “la petite lumière”. “La caméra n’a pas fonctionné donc il n’y a pas de petite lumière, ce n’est pas possible”, affirme-t-il.
“Je l’aime bien ce témoignage-là finalement”, ironise-t-il. “Le but de ce témoignage, c’était de vous faire peur”.
9h44 – Commentaires
Les questions sont terminées, la témoin peut quitter la salle. On va passer aux commentaires de cette “courte” audition. Le procureur fédéral commence et demande que “chacun appréciera ce genre de commentaire”. “Aujourd’hui, elle nous a dit et elle a répété que la personne n’est pas rentrée dans l’école”, explique-t-il. “Cela va peut-être embêter la défense vu que le timing entre la fusillade du Musée juif et l’allumage de l’ordinateur à Molenbeek est très serré. (…) Par rapport à ce timing, il faut encore être très prudent. Cela dépend des souvenirs de chacun. (…) Mais cela ne change rien : aller jusqu’à cette école, cela rajoute 22 ou 25 mètres au parcours entre le Musée juif et Molenbeek”.
Il demande également de “faire attention à la presse”. “Le procès ne se fait pas dans la presse”, explique-t-il.
9h38 – Contradictions
Selon la première audition de la témoin, elle affirme que Mehdi Nemmouche est resté “cinq minutes” dans l’école. Me Courtoy, avocat de Mehdi Nemmouche, lui pose la question : “Non, non, il est resté quelques secondes. En tout cas, moins de cinq minutes. Je n’ai pas dit qu’il était rentré dans l’école et qu’il était resté plus que quelques minutes”.
Me Courtoy l’interroge encore sur une déclaration de Maria Marquez dans la presse : l’homme aux deux sacs auraient été “découragés” par “les gardes du roi” ? “Je vous assure que je n’ai rien dit de cela dans la presse”, clame-t-elle. “J’étais seule, il n’y avait personne d’autre. Je ne dis que la vérité ! C’était un monsieur calme, il n’était pas nerveux.”
9h34 – Précisions
Le procureur fédéral demande à la témoin de confirmer qu’elle a bien reconnu l’un des deux accusés. “Il me semble le reconnaître. Il n’avait pas de barbe à l’époque”, dit-elle, en pointant Mehdi Nemmouche.
Le procureur demande encore si les deux professeurs avec qui elle a fumé une cigarette devant l’école ont vu également la personne aux deux sacs. “Non”, explique-t-elle. Elle réaffirme encore qu’il était “plus de 16h00” au moment de la rencontre, face aux interrogations du procureur.
“La personne que vous avez vue n’est pas restée longtemps devant l’école ?”, demande-t-il encore. “Oui, cela a duré quelques secondes. Il a regardé et il est parti, et a continué son chemin”.
9h29 – “Vers 16h15”
La témoin affirme qu’elle a vu les images de vidéosurveillance à la télévision dès le soir-même mais ces images ont été diffusées deux jours plus tard. Mais elle confirme ne pas trop se souvenir “des dates”.
“Je suis formelle, ma rencontre avec le monsieur s’est déroulé vers 16h15”, dit-elle encore.
9h26 – “Il avait l’air calme”
Dans sa déclaration, Maria Marquez avait expliqué que l’homme avait une lumière au niveau de la lanière de son sac. Elle dit aujourd’hui ne plus s’en souvenir. Elle affirme également qu’elle n’a pas eu peur : “Il avait l’air calme”.
Elle a rendu cette déposition après que son fils a contacté la police. Elle a en effet parlé à son fils, le soir-même, du fait qu’elle avait vu un homme ressemblant à celui montré sur les images de vidéosurveillance au Musée juif. “Cela m’a choqué parce que j’ai regardé les images, et je me suis rendu compte que c’était monsieur”, dit-elle en montrant Mehdi Nemmouche.
9h22 – Un homme mystérieux
La témoin explique qu’elle était sortie de l’école Saint-Jean Berchmans en train de fumer avec deux professeurs, dans l’après-midi du 24 mai 2014. Elle est restée dehors pendant que les professeurs sont rentrés, pour pouvoir terminer sa cigarette. “J’ai vu un homme arriver qui est venu près de moi et m’a regardé avant de regarder ce qui se passait dans la cour d’école”, explique-t-elle. “Il avait des vêtements sombres, un sac à dos et un sac à la main, une casquette et voilà. Je ne me rappelle plus s’il avait des lunettes. Il me semble mais je ne m’en rappelle plus aujourd’hui”. Elle avait expliqué à l’époque qu’il était de type méditerranéen, avec le teint basané.
9h16 – L’audience reprend
Les deux accusés sont dans leur box et discutent avec leurs avocats. On commence ce mardi matin avec l’audition de Maria Dolores Marquez, une témoin qui affirme avoir vu Mehdi Nemmouche à la fancy fair de l’école Saint-Jean Berchmans juste après la fusillade du 24 mai 2014.
9h10 – L’audience va reprendre
Les avocats se mettent en place doucement. Cette journée s’annonce plus calme qu’à l’accoutumée malgré l’annonce de sept témoins à la barre ce mardi matin. Le visionnage des auditions de Mehdi Nemmouche devrait pour sa part durer près de deux heures (avant les commentaires des avocats, comme d’habitude).
Grégory Ienco, avec C.T.Q. et Belga – Photos : Belga