Une oeuvre d'art gigantesque dépoussiérée sous les yeux du public aux Pays-Bas

Deux restauratrices passent l’aspirateur dans le ciel, perchées sur une plate-forme à plus de dix mètres de hauteur. Puis suivent des coups d’éponge, de plumeau et de crayon sur la fresque cylindrique en format XXL. Petit à petit, les énormes nuages qui s’amoncèlent au-dessus de La Haye retrouvent leur couleur d’origine. Depuis le mois de juillet, le Panorama Mesdag, une gigantesque toile représentant la ville de La Haye, le port et la plage de Scheveningen, peinte au XIXe siècle par le Néerlandais Hendrik Willem Mesdag, est nettoyé et restauré, sous les yeux des visiteurs du musée haguenais où il est exposé.

Pièce unique du patrimoine, ce Panorama aux dimensions colossales -plus de 14 mètres de haut, 40 mètres de diamètre et 120 mètres de circonférence- est la plus ancienne fresque en trompe-l’oeil du monde conservée dans son lieu d’origine. Mais au fil des ans, la poussière et la suie se sont accumulées au-dessus de la mer du Nord peinte par l’artiste. Dans la boîte à outils de l’équipe de restaurateurs chargée de faire briller à nouveau l’horizon, des brosses, éponges, pinceaux et crayons de couleur.

Les visiteurs contemplent l’oeuvre à 360 degrés depuis une rotonde en bois placée au centre de la pièce et qui trône au sommet d’une dune bien réelle. L’illusion d’optique fait toujours son effet: “On se croit vraiment sur cette plage en 1880, c’est très impressionnant”, murmure un touriste chinois. Mais les deux restauratrices affairées à rendre ses couleurs au ciel de Mesdag volent rapidement la vedette. “Parfois, les gens nous font coucou”, sourit Mme Speldekamp, qui trouve amusant de travailler ainsi sous les yeux de l’assistance.

“Certains viennent spécialement au musée pour voir le nettoyage de l’oeuvre. Lorsque nous sommes absents ou en pause déjeuner, ils sont déçus de ne pas nous voir sur la plate-forme”, raconte celle qui était déjà de la partie il y a vingt ans, lors de la “mission sauvetage” du Panorama.

Pendant les heures d’ouverture du musée, les restaurateurs se fondent dans le décor de la station balnéaire du XIXe siècle, une situation aussi insolite qu’inévitable. “Le Panorama Mesdag est resté un musée privé et nous ne pouvons pas nous permettre de fermer pendant les trois mois que durent le nettoyage et la restauration”, explique Suzanne Veldink.

Entamés en juillet, les travaux devraient s’achever mi-septembre. D’ici là, de nouveaux détails se dévoileront chaque jour à Leonoor Speldekamp et à sa collègue Jorinde Koenen, dans le sillon de leurs traits de crayon.

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15 septembre 2017 - 09h42