Nouvelles contre-indications pour un médicament épileptique durant la grossesse

L’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) a décrété de nouvelles contre-indications concernant l’utilisation du médicament valproate, prescrit pour traiter l’épilepsie et les troubles bipolaires. Les femmes enceintes courent en effet 40% de risques supplémentaires que leurs bébés naissent avec une déformation ou présentent des troubles du développement. “L’analyse de nouvelles données a permis d’identifier un risque accru d’autisme et une baisse de 10 points de Q.I. par rapport à la moyenne à cause de l’emploi du valproate”, expliquait mardi le professeur Wim Van Paesschen (KU Leuven) dans l’hebdomadaire Knack. Des médecins français ont établi, au début des années 80, un lien entre les déformations présentées par certains enfants à la naissance et la prise de valproate par leurs mères durant la grossesse. Le médicament était alors vendu en Belgique et en France sous la marque Depakine. D’autres complications ont également été mises au jour, aussi bien physiques que mentales, telles que des malformations spina bifida, des dysmorphies faciales, des troubles autistiques ou du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Il a cependant fallu attendre 2006 pour qu’une directive de l’Agence européenne des médicaments (AEM) sur le valproate voie le jour.
Dans l’Hexagone, un fonds d’aide aux victimes a été mis sur pied il y a quelques années. Depuis 2011, 6.016 victimes, 1.430 avortements et 143 décès ont été recensés après un traitement par valproate durant la grossesse, d’après les dernières données de l’association de parents française Apesac.
Une telle association a également vu le jour pour la Belgique et les Pays-Bas mais le nombre d’enfants belges concernés n’est pas connu. En effet, “l’AFMPS ne dispose de ces informations”, selon son porte-parole.
En 2017, la ministre de la Santé publique Maggie De Block (Open Vld) a élaboré une série de mesures afin de sensibiliser les femmes aux risques liés à ce traitement. Depuis décembre 2018, l’agence fédérale a ainsi donné comme instruction aux professionnels de la santé de ne pas prescrire de valproate aux jeunes filles et aux femmes “en âge de procréer, à moins que les autres traitements soient inefficaces ou que la patiente ne les supporte pas”.
“Depakine est sur le marché depuis 1984”, rappelle le professeur Van Paesschen. “Les femmes enceintes qui ne prennent pas de médicament contre l’épilepsie présentent un risque de 1 à 2% de développer des anomalies congénitales. Avec le valproate, ce risque grimpe à 5 à 10% en fonction du dosage. Nous savons cela depuis longtemps, c’est pourquoi nous avons restreint ses modalités d’administration”, conlut-il.

Partager l'article

01 janvier 2019 - 22h35