Monace attend impatiemment le retour des touristes

Dans les vitrines de luxe près du casino, c’est le slalom des serpillières avant l’ouverture: l’heure du déconfinement progressif a sonné lundi à Monaco, où les coiffeurs sont pris d’assaut, mais les touristes risquent de se faire attendre encore un moment. “Ca fait plaisir, ça se remet en route”, salue un vendeur de prêt-à-porter, en attendant que le ménage soit fait. Il retrouve ses collègues après 49 jours de confinement et de chômage technique, rythmés par des “conf calls” et des formations quotidiennes sur internet.

Signe que la reprise reste graduelle, les difficultés d’accès à Monaco et ses embouteillages homériques ne sont pas encore de mise. Un salarié sur six est en télétravail, ce qui a permis à la place financière monégasque de ne pas rester en sommeil pendant le confinement.

A la gare, à l’heure habituelle de pointe, le silence est à peine troublé par les escalators charriant quelques salariés frontaliers français et italiens, assureur, femme de chambre, etc… Deux bénévoles de la Croix-Rouge distribuent des masques gratuits. Le parking est plein jusqu’au 14e sous-sol, mais ailleurs la jauge est passablement vide.

Le gouvernement de Monaco a levé le confinement une semaine plus tôt qu’en France pour des raisons “très pragmatiques”, ajoute M. Gamerdinger. La maladie Covid-19 n’a fait dans la principauté que quatre morts, dont un seul résident, et “le pic épidémique est passé: il n’y a aucun cas ou quasiment depuis 10 jours”. Prendre des décisions pour un territoire de 2km2, c’est aussi “beaucoup plus facile”, complète-t-il.

Chez Tita Coiffure, sur le Rocher, la première cliente refuse toute interview: “Ah, non! C’est mon moment détente, j’attends ça depuis deux mois”, s’écrie-t-elle. Carolina, la coiffeuse, lui tend le journal: “Tenez, personne ne l’a encore touché”.

Elle est venue le 1er mai tout nettoyer, espacer les fauteuils, anxieuse de voir comment ça allait se passer: “Est-ce que le masque va gêner les clients? On doit faire les coupes, des couleurs, on mouille un peu l’élastique…”. Carolina déborde de rendez-vous pour la semaine et a dû prévoir “des plages horaires plus larges pour avoir le temps de tout désinfecter entre chaque client”.

Chez le chocolatier centenaire de la Principauté, Lotfi Maktouf, le patron, solde les oeufs et les lapins de Pâques qu’il n’a pas pu vendre ni livrer pendant le confinement: “Le moral est bon, les gens en ont marre”, se félicite-t-il tandis qu’un ouvrier scelle une protection en plexiglas sur le comptoir avec du silicone. La partie salon de thé reste fermée.

Près du Palais, où le prince Albert II a guéri en 15 jours du Covid-19, le pessimisme pointe en revanche chez les commerçants qui ressortent leurs présentoirs de souvenirs, sacs, casquettes, T-shirts siglés “Monaco”.

“C’est le premier jour où on peut prendre l’air, il fait soleil… on va pas râler. Mais je suis un peu inquiet”, avoue Thierry Monnard. “On va essayer de survivre”, ajoute-t-il. Il a déjà un loyer trimestriel de retard, 11.000 euros.

“On va essayer de compter sur les Français qui viendront nous voir cet été”, reprend une employée voisine. “Mais il faut ouvrir, ça aère et il faut mettre en place le marquage au sol, les panneaux”.

Outre l’annulation du Grand Prix de F1 et de toutes les manifestations sportives et culturelles – sauf le meeting d’athlétisme Herculis qui se cherche encore une date éventuelle – les croisières et les cars de tourisme ne font plus escale jusqu’à nouvel ordre. Sans parler des vols internationaux, gelés.

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04 mai 2020 - 21h24