Lutte contre la désinformation: Facebook, Twitter et Cie avancent leurs feuilles de route

Menacées par la Commission européenne de se voir imposer de nouvelles règles pour intensifier la lutte contre la désinformation en ligne, les principales plates-formes de médias sociaux (Google, Facebook, Mozilla et Twitter) lui ont présenté mardi des mesures d’auto-régulation en vue de la campagne pour les élections européennes de mai prochain. Ces mesures incluent des outils de transparence pour signaler le caractère politique de certaines publicités, des formations à la sécurité internet pour les groupes politiques du parlement européen et les autorités chargées de l’organisation des élections, et d’autres coopérations renforcées avec les vérificateurs de faits.

Les géants du net, ainsi que plusieurs plates-formes publicitaires européennes, ont également signé le code de bonnes pratiques par lesquelles elles s’engagent notamment à signaler si un contenu est publicitaire, à adopter une politique claire sur l’utilisation et l’identification des “bots” (programmés pour diffuser des messages automatiques), à ne pas accepter de rémunération de la part de comptes et de sites web qui présentent systématiquement des informations fausses, ni d’en faire la promotion.

Mais “ce code reste insuffisant dans sa formulation actuelle”, ont répété les représentants de la société civile, des médias journalistiques, des vérificateurs de faits et des experts académiques, conviés par la Commission européenne pour plancher sur la question, aux côtés des plates-formes et des publicitaires. Ils regrettent l’absence d’approche commune, d’engagements significatifs et d’indicateurs mesurables.

La Commission, de son côté, se réserve toujours le droit de formuler d’autres propositions, voire de légiférer. Mais avant d’en arriver là, elle souhaite laisser au secteur la possibilité de s’auto-réguler. La commissaire Mariya Gabriel, en charge de l’économie numérique, a notamment souligné l’engagement des signataires à travailler avec le réseau de vérificateurs de faits et de chercheurs que la Commission est en train de créer. “Ce n’est qu’un début, nous évaluerons la mise en œuvre des feuilles de route avant la fin de l’année, mais nous voulons avant les élections européennes des résultats visibles et mesurables”, a-t-elle commenté.

La Commission a commencé au début de l’année 2018 à intensifier sa campagne contre les fausses informations à la suite du scandale Cambridge Analytica, impliquant la collecte illégale des données des utilisateurs de Facebook lors de la campagne électorale du président américain, Donald Trump.

Dans la perspective des élections européennes de mai 2019, l’exécutif européen veut redoubler d’efforts, après l’ingérence présumée de la Russie dans le scrutin présidentiel américain de 2016 et le vote du Brexit en Grande-Bretagne la même année.

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16 octobre 2018 - 15h34