"Les sanctions européennes sur le diamant de Zimbabwe peut-être violées à Anvers"

Les sanctions européennes à propos du diamant zimbabwéen ont peut-être été enfreintes à Anvers, rapporte lundi l’ONG Global Witness. Trois appels d’offres, réalisés entre décembre 2013 et septembre 2014 par l’Antwerp World Diamond Centre (AWDC), l’Antwerp Diamond Tender Facility (ATF) et la SPRL First Element, auraient mis en vente des diamants zimbabwéens par l’entremise de l’entreprise chinoise Anjin. Ces diamants provenaient, selon Global Witness, de la mine de Marange, exclus par le passé du marché international car considérés comme des “diamants de sang”. En 2002, l’Union européenne a introduit, pour la première fois, des sanctions à l’encontre du Zimbabwe, en réponse à une escalade de la violence, de l’intimidation des personnes critiques du régime et de l’introduction d’une législation répressive. En 2008 et 2009, l’entreprise militaire Zimbabwe Defence Industries (ZDI) et l’entreprise Zimbabwe Mining Development Corporation (ZMDC) ont respectivement été ajoutées à la liste des sanctions de l’UE.
La plupart de ces sanctions ont été supprimées par l’Union en septembre 2013 après la tenue d’élections au Zimbabwe. Celles contre ZMDC ont ainsi été retirées, à la suite, selon Global Witness, d’un intense lobby belge en faveur de cette entreprise. Jusqu’à présent, des sanctions subsistent toutefois contre le président Mugabe, sa femme et la ZDI.
Quelques mois après la levée des sanctions, des appels d’offres ont été organisés à Anvers. Chacun contenait des diamants provenant d’un certain nombre d’entreprises de Marange dont, à chaque fois, l’entreprise chinoise Anjin. Celle-ci est, selon Global Witness, détenue à moitié par l’investisseur chinois AFECC, à 10% par ZMDC et à 40% par ZDI – via les entreprises Matt Bronze et Glass Finish.
Puisque ZDI, qui figure sur la liste des sanctions de l’UE, possède une si grande part d’Anjin, Global Witness estime que les sanctions européennes ont été enfreintes par la vente de ces diamants à Anvers. Les acheteurs seraient également fautifs.
AWDC souligne, dans une réaction à Global Witness, que toutes les sanctions de l’UE ont été strictement suivies et qu’il n’existe aucune preuve tangible de connexion entre Anjin et ZDI. Anjin n’a, elle, pas souhaité réagir aux accusations.
Global Witness craint que les revenus du commerce de diamant ne soient utilisés par l’armée zimbabwéenne pour maintenir la violence à l’encontre de la population civile.

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11 septembre 2017 - 02h55